Tu seras un manager responsable, mon fils !
La RSE est une approche transdisciplinaire qui est encore trop souvent transmise de manière partielle. Il faut donc revoir de fond en comble son enseignement, et c’est tout l’intérêt du nouveau livre de Sandrine L’Herminier que de proposer de nouvelles pistes qui vont dans ce sens.
La RSE est une approche transdisciplinaire qui est encore trop souvent transmise de manière partielle. Il faut donc revoir de fond en comble son enseignement, et c’est tout l’intérêt du nouveau livre de Sandrine L’Herminier (Tu seras un manager responsable, mon fils ! Intégrer la RSE dans l’enseignement supérieur, Ed. Yves Michel, 2015) que de proposer de nouvelles pistes qui vont dans ce sens.
Chaque jour en apporte la preuve : les managers doivent faire face à de nouveaux défis sans cesse plus nombreux, ceux de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE). Or leur formation actuelle les y prépare de façon très insuffisante. C’est du moins le constat que tire Sandrine L’Herminier de ses vingt années d’expérience de terrain en tant que consultante RSE et journaliste.
Leurs enseignants, coincés dans un système de transmission des connaissances très vertical et hiérarchisé, juge-t-elle, sont eux-mêmes très mal préparés vis-à-vis de la circulation horizontale de l’information, caractéristique de la nouvelle économie. Dès lors, comment peuvent-ils inciter les futurs managers à mieux s’ouvrir aux enjeux de la responsabilité globale ? Car l’économie de demain exige de passer « d’une éducation de transmission des connaissances à une éducation de transformation », selon les mots de l’auteur : étudiants et enseignants ne doivent plus se contenter de consommer les connaissances, mais être en mesure de les produire.
À travers une collection d’interviews, Sandrine L’Herminier esquisse donc plusieurs voies pour décloisonner l’enseignement actuel de la RSE et le rendre plus efficace. Inspirée par les travaux d’Emmanuel Raufflet, spécialiste du développement durable à HEC Montréal, elle préconise par exemple l’introduction d’études de cas autour de dilemmes éthiques, le fameux « dark side of business », pour équilibrer la vision insuffisamment nuancée de l’entreprise véhiculée par les écoles de management. Une façon pour les étudiants de développer leur sensibilité aux enjeux éthiques.
Autre initiative novatrice : créer un TOEFL du développement durable, sur le modèle du TOEFL (Test of English as a foreign language) qui évalue la maîtrise de la langue anglaise par les étudiants, d’après une idée de Jean-Christophe Carteron, directeur RSE de Kedge, la business school de Bordeaux et de Marseille. Ce « Sustainability Literacy Test » garantirait un socle de connaissances commun sur la RSE et les thématiques environnementales. 260 universités du monde entier l’utilisent déjà, et il pourrait être inclus dans les critères d’embauche des entreprises.
Plus utopique mais aussi enthousiasmant : des cours sur la Paix économique. L’Ecole de management de Grenoble en propose depuis peu, en faisant intervenir des experts d’horizons très variés, ethnologues, psychiatres, philosophes, etc. Les étudiants y sont sensibilisés à la logique du don et du partage, via des stratégies de coopération, pour apprendre à décoder le langage guerrier de l’entreprise.
Et pourquoi ne pas créer un « Youth Board », un comité de jeunes à l’intérieur de l’entreprise ? Cela permettrait de mieux les associer à la vision stratégique de l’entreprise, tout en apportant à son fonctionnement souplesse et ouverture à la diversité.
Autant d’idées neuves et passionnantes, présentées de façon brillante par Sandrine L’Herminier, qui mériteraient bien plus qu’un examen attentif de la part des responsables français de l’enseignement supérieur.
Tu seras un manager responsable, mon fils ! Intégrer la RSE dans l’enseignement supérieur
Ed. Yves Michel, 2015
Dominique Pialot et Pascal de Rauglaudre