Zéro déchet alimentaire : c’est l’engagement de Phénix

10 millions de tonnes : c’est le poids du gaspillage alimentaire annuel en France ! La startup Phénix élimine ce gaspillage en systématisant la distribution ou la valorisation des invendus alimentaires. Décryptage.

 

10 millions de tonnes, c’est le poids du gaspillage alimentaire en France. Chaque année, une quantité astronomique de produits alimentaires encore prêts à consommer finissent souvent à la poubelle, incinérés ou mis en décharge.

« Ce système marche sur la tête ! déplore Jean Moreau, qui a cofondé en 2013 Phénix, une entreprise de l’économie circulaire, après quelques années passées dans la banque Merrill Lynch. Il s’agit de remettre une dose de bon sens, en proposant tous les invendus encore consommables aux associations caritatives, Secours catholique, Secours populaire, Banque alimentaire. »

Comment professionnaliser et systématiser le don alimentaire pour le rendre plus efficace ? Le projet initial de Phénix s’appuyait sur un système à deux dimensions : l’une, digitale avec une plateforme numérique, sorte de Tinder de l’invendu, qui met en relation magasins et associations partenaires ; l’autre, logistique, avec un service de tri dans les magasins, de transport et de livraison des invendus.

Accompagner la grande distribution vers le zéro déchet

Depuis, Phénix a évolué vers une solution plus large, où les produits en dates courtes sont également proposés à la vente en rayon directement aux consommateurs, avec des réductions et des promotions. « C’est un système en quatre briques : le consommateur ; l’association caritative ; la filière animale (centres équestres, zoos, porcheries, SPA…) ; la valorisation énergétique avec un prestataire, pour faire du compost, de la méthanisation, du biogaz. Tout ça pour amener nos clients vers le zéro déchet alimentaire et le zéro gaspillage ».

La clé du succès de Phénix repose sur la création de valeur pour ses clients, sur les plans économique et environnemental. Les supermarchés revendent à moindre coût les produits en fin de vie aux consommateurs, ce qui est bon pour leur chiffre d’affaires. Sinon ils les donnent aux associations et peuvent défiscaliser 60 % de la valeur du produit. Dans tous les cas ils économisent les coûts de destruction.

« Une palette de briques de lait périmé, c’est une perte sèche de 1000 € pour un supermarché. Il faut y ajouter le coût de la destruction, 200 € la tonne (location de la benne, collecte par camions poubelles, taxes Grenelle II, incinération ou enfouissement). Nous transformons ce centre de coûts en source de revenus. Nous nous rémunérons avec une commission au succès : si on n’arrive pas à créer de la valeur chez notre client, on ne touche rien. Si ça marche, on prend une commission suivant la valeur des produits auxquels nous avons donné une seconde vie. »

Une alternative crédible et solidaire

En cinq ans, Phénix a ainsi généré un chiffre d’affaires de dix millions d’euros et créé une centaine d’emplois en CDI. Ses partenaires associatifs ont distribué plus de 40 millions de repas, soit 100 000 par jour, l’équivalent de 50 tonnes de déchets alimentaires évités. Le projet a essaimé dans une vingtaine de villes en France, ainsi qu’au Portugal et en Espagne.

À l’horizon 2020, Phénix espère devenir une alternative crédible et solidaire aux géants du traitement des déchets, Suez, Veolia et Paprec, en imposant un nouveau standard dans la gestion des déchets. « Nous voulons occuper suffisamment d’espace pour créer un nouveau réflexe de valorisation et faire de la gestion intelligente des déchets la norme. Les déchets ne sont pas une charge, mais une matière première, ils sont l’or vert de demain. C’est un retour au bon sens de nos grands-parents, qui savaient recycler tout ce qui pouvait l’être ! ».

 

Phénix
Twitter : @phenixfr @Jean_MOREAU_

 

Pascal de Rauglaudre

 

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