Dépollution de l’air aux JO de Paris 2024
Jérôme Giacomoni et Matthieu Gobbi ont lancé un projet de purification de l'air, le "Para-PM", qui sera utilisé au village des athlètes lors des Jeux olympiques de 2024 à Paris.
Après le premier envol de votre ballon aérien en 1994, le premier Ballon Air de Paris permettant de mesurer la qualité de l’air en temps réel en 2008, vous vous êtes lancé avec votre associé Matthieu Gobbi, dans un projet de purification de l’air : le Para-PM. Comment vous est venue l’idée et comment cet aspirateur de particules fonctionne-t-il ?
Jérôme GIACOMONI : A partir 2013, en collaboration avec le CNRS, nous décidons d’utiliser le ballon GENERALI installé dans le parc André Citroën à Paris comme plateforme pour emporter un instrument spécifique nommé LOAC. Celui-ci mesure les particules fines de 0 à 300 mètres, 365 jours par an, faisant du ballon un véritable laboratoire volant pour les mesurer. Nous avons également travaillé en parallèle sur l’électricité atmosphérique et découvert des effets particulièrement intéressants entre le ballon et les particules fines : le ballon à peine installé, nous avons constaté que son enveloppe blanche amassait des particules de suie et de carbone. S’en suivirent plusieurs années de recherche et d’expériences pour trouver un moyen d’utiliser ce phénomène pour capter et détruire la pollution : l’idée du Para-PM était née.
C’est pourquoi en 2020, nous avons décidé de répondre à un appel d’offres de la SOLIDEO pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Cet appel d’offres portait sur un dispositif permettant d’assainir l’air extérieur du village olympique situé dans une des villes les plus polluées de France, à Saint Denis, en raison du trafic intense à proximité.
Nous avons remporté le concours pour la Place des Athlètes et travaillons intensément depuis sur un prototype du Para-PM. Utilisant les effets de l’électrostatique et de la mécanique des fluides, il collecte jusqu’à 95% de toutes les classes de PM, des plus petites (10 nanomètres aux plus grosses 10 micromètres) avec à la fois un très haut débit d’air purifié et une faible consommation électrique.
Cette technologie sera utilisée aux JO 2024 pour le village des athlètes. Peut-on envisager à plus long terme qu’elle puisse participer à la dépollution de villes entières ?
Tout est une question de la topologie de la ville et du nombre de Para-PM que nous pourrions mettre en fonctionnement, cela rappelle l’exercice de la baignoire qui se vide : sachant qu’en permanence est créé des particules fines par le transport, l’industrie ou le chauffage, sachant qu’une partie est évacuée et/ou apportée par le vent, combien faudrait-il de Para-PM pour avaler plus vite les particules fines que celles qui sont créées ou apportées ? En tout cas, cela fonctionne dans les espaces semi fermés car peu de création ou de perturbations dues aux vents (cours d’écoles, métro, entrepôts, parkings…).
Il y a un double enjeu au développement de cette innovation : la santé des populations mais également le réchauffement climatique. Quelles sont les prochaines étapes du projet et son ambition à moyen terme ?
L’enjeu santé est majeur car le Para-Pm élimine 95 % des PM dont, bien sûr, virus, pollens et bactéries. Pour le réchauffement climatique, c’est plus compliqué car disjoints même si les PM ont des effets sur le climat en recouvrant la neige et diminuant son effet réfléchissant. Nous sommes entrain de travailler sur 3 sites pilotes pour démontrer les bénéfices de notre technologie.