Sycomore AM humanise l’investissement

Frédéric Ponchon, Associé Gérant chez Sycomore Asset Management, nous parle de leurs engagements, réflexions et actions pour faire grandir la finance à impact.

 

Entrepreneurs d’avenir : Humaniser l’investissement est l’un de vos engagements : comment atteindre cet objectif ?

Frédéric Pochon : Plus qu’un engagement ou un objectif parmi d’autres, c’est la mission que nous nous sommes fixés et que nous avons inscrite sous cette forme dans nos statuts : « Nous investissons pour développer une économie plus durable et inclusive et générer des impacts positifs pour l’ensemble de nos parties prenantes. Notre mission : humaniser l’investissement. » . Au cœur de notre stratégie, elle guide au quotidien nos pratiques et notre conduite vis-à-vis de toutes nos parties prenantes.

Notre principal levier réside dans nos stratégies d’investissement. Nous concentrons donc nos projets de développement sur des produits d’investissement à contribution positive sur la Société et l’Environnement et nous déployons des ressources significatives pour développer des outils de sélection de nos investissements alignés avec la recherche d’impacts positifs. Nous faisons d’importants efforts de transparence et d’allongement des horizons d’investissement pour respectivement rendre compte à nos clients des contributions des entreprises financées et permettre à celles-ci de réaliser sereinement les projets garantissant la durabilité de leurs activités à long-terme.

Sycomore AM est enfin très engagé dans la coconctruction avec les acteurs du public, comme du privé ou de la société civile d’une économie plus durable et inclusive via la Fondation Sycomore, via le partage de ses méthodologies et des actions de plaidoyer.

Sycomore AM est partenaire de la Fabrique de la Finance qui traitera cette année de la finance à impact. Comment Sycomore AM participe au déploiement de cette finance ?

Sycomore AM participe au déploiement de cette finance à impact selon quatre dimensions.

La première réside dans la sélection des investissements. En tant que gérants actifs, nous les dirigeons vers les entreprises qui apportent des solutions concrètes pour un monde plus équitable, plus sûr, plus sain pour tous. Nos nouveaux produits d’investissement recherchent toujours plus d’impact. Nous venons par exemple de lancer un fonds solidaire sur la thématique de l’emploi dont une partie est investie dans des entreprises de l’économie sociale et solidaire qui offrent des opportunités d’emploi à des personnes en marge du marché du travail traditionnel.

La deuxième dimension est celle de l’engagement actionnarial, qui recouvre le vote systématique aux assemblées générales et surtout un dialogue constructif dans le temps avec les entreprises qui nous permet de les accompagner activement en leur soumettant des axes d’amélioration de leurs pratiques.

La troisième dimension concerne la mesure des impacts. Nous allouons d’importantes ressources au développement d’outils et de méthodologies à la fois pour sélectionner nos investissements, mais aussi pour rendre compte de ces impacts et quantifier les progrès réalisés. Nous avons par exemple développé la NEC (Net Environmental Contribution), une métrique scientifique multi-impacts de la contribution des modèles économiques à la transition écologique et énergétique complètement transparente, aujourd’hui en open source et portée par le collectif collaboratif de la NEC Initiative.

Enfin, quatrième dimension, en plus de la contribution à notre fondation, nous partageons une partie des frais de gestion sur différents fonds avec des porteurs de projets à fort impact sociétal.

De plus, la partie non-cotée du fonds Sycomore Inclusive Jobs est investie via un FCPR dédié (Sycomore Impact Emploi by Inco) géré par INCO Ventures avec une gouvernance dans laquelle Sycomore AM est actif dans le comité d’investissement et a un droit de veto.

L’objectif de ce FCPR est la création d’emplois durables et de qualité pour les populations et les territoires sur lesquels les besoins sociaux sont les plus forts. Les structures ciblées sont des entreprises commerciales ou d’insertion, ou adaptées, ou embauchant des jeunes issus de Quartiers Prioritaires de la Ville, des associations, des coopératives…

Les entreprises que nous avons contribué à financer sont à ce stade (le fonds a été lancé en mai 2021) trois entreprises d’insertion par l’activité économique :

  • Groupe Archer (développement économique et solidaire du bassin de Romans et notamment relance de la chaussure Made In Romans)
  • Groupe ID’EES (transports, espaces verts, restauration collective, intérim)
  • Groupe La Varappe (performance énergétique, intérim dans la région PACA et Languedoc-Roussillon principalement).

Comment voyez-vous l’évolution de la finance au regard des enjeux urgents climatiques et sociaux à solutionner ?

Entre financiarisation, algorithmes et court-termisme…la finance s’est perdue en devenant une fin en soi, elle a accru les inégalités à des niveaux qui ne sont plus soutenables et épuise notre planète. Pourtant on ne peut pas s’en passer, il faut absolument aménager une tuyauterie qui permette de canaliser l’épargne phénoménale qu’une partie de l’humanité accumule à un moment où il faut investir comme jamais pour s’assurer d’un avenir vivable et désirable, pour toute l’humanité. La finance responsable s’est considérablement développée ces dernières années et les entreprises financées ont fait des progrès incontestable en termes de responsabilité et d’atténuation de leurs impacts néfastes. Mais l’urgence des enjeux et le risque systémique qu’ils représentent nécessitent d’accélérer plus radicalement la transformation de la finance dans la recherche d’impact positif, que ce soit dans le non coté ou le coté, via des actions ou des obligations. De plus en plus les citoyens sont conscients qu’avec leur épargne aussi ils peuvent être acteurs du changement. La finance doit répondre à ces attentes, c’est sa vraie raison d’être. Collectivement ses opérateurs  par leur agilité, leur efficacité, leur capacité d’innovation sont armés pour réussir. Il faut les convaincre largement pour agir maintenant et plus fort.

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