Sophie Bonnaure – SNC
Sophie Bonnaure est la déléguée générale de Solidarités Nouvelles face au Chômage qui repose sur la solidarité humaine. SNC constitué de 1200 bénévoles est complémentaire des dispositifs du service public de l’emploi.
Sophie Bonnaure est la déléguée générale de Solidarités Nouvelles face au Chômage qui repose sur la solidarité humaine. SNC constitué de 1 200 bénévoles est complémentaire des dispositifs du service public de l’emploi.
Les structures qui aident les chômeurs sont nombreuses : comment fonctionne Solidarités Nouvelles face au Chômage et quelles sont ses spécificités ?
Le credo de Solidarités Nouvelles face au Chômage, c’est qu’une personne en recherche d’emploi ne doit surtout pas rester seule. Nous mettons donc en place un accompagnement avec deux accompagnateurs bénévoles, si possible venant d’horizons différents, formés à nos méthodes d’écoute.
Un accompagnement ouvert à tous, personnalisé, sans limite de durée, gratuit, et pas du tout institutionnel. Les rencontres se font d’ailleurs souvent dans des cafés. La relation humaine est au cœur de cet accompagnement. Tisser du lien permet à la personne de reprendre confiance en elle.
Les accompagnateurs se retrouvent eux-mêmes par groupes de 12 pour une sorte de supervision collective de leurs accompagnements, à plusieurs on a plus d’idées… Ils mettent aussi en place des ateliers ou des visites pour que les personnes accompagnées d’une une même ville puissent se connaître.
Notre méthode de travail en réseau a prouvé son efficacité : 60% des personnes trouvent une solution positive à la fin de leur accompagnement.
Nous avons aussi la chance de pouvoir créer des emplois pour une partie des personnes accompagnées. Des CDD dans des associations partenaires pendant lesquels l’accompagnement continue. C’est plus qu’une chance en période de forte crise et de chômage galopant.
Quels sont vos liens avec Pôle Emploi ?
Notre association a signé une convention non financière avec Pôle Emploi pour donner un cadre à notre complémentarité. Nous ne travaillons pas à la même échelle, nous sommes sur du qualitatif (2 200 personnes accompagnées l’an dernier par nos 1 300 bénévoles). Des conseillers Pôle Emploi donnent parfois notre contact à des demandeurs d’emploi. Dans certaines villes, ils peuvent intervenir pour donner des informations aux accompagnateurs bénévoles. Solidarités Nouvelles face au Chômage participe aux comités de liaison organisés par Pôle Emploi au niveau national et départemental. Ces réunions ont pour objectif d’améliorer les pratiques de Pôle emploi, en faisant remonter le vécu des personnes au chômage.
Quel est le rôle d’un accompagnateur ? Quels sont les problèmes récurrents auxquels il doit faire face dans le cadre de l’aide à la recherche d’emploi ?
Les accompagnateurs, toujours par deux, soutiennent le demandeur d’emploi dans sa période de recherche, jusqu’à ce qu’il retrouve une situation stable. Les accompagnateurs ne font rien à la place de la personne, mais le seul fait de se voir régulièrement, à une fréquence adaptée à chaque chercheur d’emploi (en moyenne une heure et demie tous les quinze jours) pousse à avancer. Et surtout, au-delà de conseils ou d’idées trouvées ensemble, la personne retrouve en confiance en elle, se dit : je vaux quelque chose puisque deux personnes viennent me rencontrer alors qu’elles pourraient tout aussi bien aller au cinéma… Et ça ce n’est pas rien, car le chômage fait un travail de sape du moral très rapide et casse les relations familiales comme amicales.
Les accompagnateurs aident la personne à trouver en elle-même les ressources pour réaliser son projet professionnel et faire appel à son réseau.
Parfois, nous avons affaire à des personnes en grande difficulté psychologique. Là, il faut savoir expliquer à la personne que nous avons besoin de relais, et proposer momentanément un autre type d’accompagnement par d’autres structures. Les réunions mensuelles entre accompagnateurs et les formations sont bien utiles dans ces cas-là.
Parfois, notre accompagnement déborde du cadre de la recherche d’emploi sur des questions plus personnelles. Il faut savoir l’accepter, mais ramener la personne à notre sujet. Là c’est bien utile d’être deux à accompagner…
Vous créez aussi des emplois en partenariat avec des associations : pouvez-vous nous en expliquer le fonctionnement ?
Il n’y a pas assez d’emplois en France. Il faut donc en créer. Pour des personnes accompagnées par son réseau, Solidarités Nouvelles face au Chômage crée et finance des emplois solidaires au sein d’associations partenaires. Ces emplois sont à durée déterminée (un an en moyenne) et sont financés à hauteur du SMIC. L’association partenaire est l’employeur. L’accompagnement continue pendant cet emploi. 130 personnes accompagnées ont ainsi pu bénéficier d’un emploi solidaire l’an dernier. Grâce à notre réseau de 3 000 financeurs privés, particuliers et entreprises, ces personnes peuvent se reconstruire professionnellement et personnellement ; nous contribuons également au développement du secteur associatif. En ce sens, nous sommes des entrepreneurs de la solidarité.
Vous faites partie des Entrepreneurs d’avenir depuis juillet 2011 : qu’attendez-vous du réseau et comment comptez-vous vous y investir, dans la perspective du prochain Parlement des Entrepreneurs d’avenir en 2013 ?
A une époque où l’emploi se raréfie et se précarise, notre objectif est de développer nos actions et de les rendre encore plus efficace. Nous développons donc nos partenariats avec les entreprises, que ce soit directement pour les personnes en recherche d’emploi, pour renforcer nos groupes de bénévoles accompagnateurs ou pour trouver de nouveaux financements.
Notre expérience de l’accompagnement est riche, accompagner c’est écouter, et écouter c’est aussi manager. Je suis tout à fait ouverte à faire vivre cette idée avec les Entrepreneurs d’avenir qui auraient envie.
Entrepreneurs d’avenir nourrit une vision de l’économie où l’humain a la première place.
Mais s’il n’y a pas d’emploi, il n’y a pas de dignité possible. Il est indispensable de tout faire pour créer des emplois, j’espère que le Parlement 2013 sera l’occasion d’aborder ce sujet avec réalisme et surtout optimiste. Je m’y investirai avec grand plaisir, car pour réduire le chômage, il faut de la solidarité et des initiatives.