Saint-Gobain : Accélérer la transition vers une construction plus verte et circulaire

Maïté Ketterer, Directrice économie circulaire chez Saint-Gobain France, présente la stratégie du groupe pour atteindre zéro émission nette d'ici 2050, en innovant et en s'engageant pleinement pour une construction durable et circulaire.

 

Entrepreneurs d’avenir : Maïté, vous êtes Directrice économie circulaire chez Saint-Gobain France, fleuron industriel international qui conçoit, produit et distribue des matériaux et services pour les marchés de l’habitat et de l’industrie. Nous savons que le secteur de la construction produit 40% des volumes mondiaux de déchets et qu’il est responsable de près de 40 % du carbone rejeté dans l’atmosphère. Le groupe s’est cependant donné un objectif zéro émission nette à l’horizon 2050 : quel est votre plan d’action ?

Maïté Ketterer : La démarche RSE du Groupe recouvre le double engagement de minimiser notre empreinte (carbone et prélèvement de matières premières) et de maximiser l’impact positif à travers trois types de solutions : « bas carbone », engagées en faveur de l’économie circulaire et réduisant les émissions de gaz à effet de serre chez nos clients.

Pour atteindre ces objectifs, le Groupe investit dans son innovation et sa recherche et développement. En 2024, Saint-Gobain a dépensé 600 millions d’euros en investissements et en recherche et développement notamment au service de la décarbonation.

Le Groupe est bien engagé sur sa feuille de route d’atteindre zéro émission nette de carbone d’ici. En 2023, les émissions de CO2 de « scope » 1 et 2 (émissions générées directement par nos sites et émissions indirectes liées à l’énergie) ont diminué de – 34 % versus 2017 (en valeur absolue).

On agit à toutes les étapes : nous modifions la conception de nos produits et les formulations, nous optimisons nos process industriels et notre mix énergétique (conversions d’usines à l’électricité, conventions d’achat d’énergie renouvelable), nous développons des filières de recyclage en boucle fermée pour fabriquer des produits bas carbone, nous commercialisons des solutions permettant de réduire les émissions de carbone des bâtiments au cours de leur vie…

En France, nous avons récemment lancé de grandes premières qui font de Saint-Gobain la référence en construction durable.

A titre d’exemple, nous avons annoncé en 2022 la première production bas carbone de verre plat (scopes 1 et 2) qui a ouvert la voie au lancement du premier verre bas carbone au monde avec 64% de contenu recyclé, Oraé®. Il faut savoir qu’une tonne de verre recyclé permet de préserver 1,2 tonne de matières premières et de diminuer les émissions de 700 kg de CO2 (scopes 1, 2 et 3).

Le Groupe a également été le premier industriel à produire et à commercialiser une plaque de plâtre conçue à partir de plus de 50 % de plâtre recyclé.

Nous avons aussi noué des partenariats avec la Ville de Paris ou l’AP-HP pour recycler en boucle fermée les matériaux issus de chantiers de déconstruction directement dans nos usines françaises pour fabriquer de nouveaux vitrages, systèmes d’isolation ou plaques de plâtre.

 

Saint-Gobain s’engage fortement en faveur de l’économie circulaire. Pensez-vous que la pratique de l’économie circulaire soit une piste de solution suffisante pour faire face à la montée des tensions relatives à l’approvisionnement en matières premières ? Et bien que cette pratique soit encore trop marginale, comment peut-on espérer surmonter les obstacles qui freinent son déploiement ?

La pratique de l’économie circulaire est en tout cas une partie essentielle de la construction durable. Et elle ne repose pas seulement sur les fabricants de matériaux : elle concerne non seulement les pratiques des producteurs mais aussi les comportements des autres acteurs de la chaine de valeur. Côté production, nous préconisons une approche locale qui tienne compte des ressources naturelles et limite les impacts en termes de transports. Nous prônons également l’éco-conception : concevoir des solutions avec moins de matières tout en préservant leur performance, et qui permette une déconstruction facilitée.

En France, les démarches de circularité s’accélèrent avec les réglementations telles que le tri des déchets sur chantiers ou les filières à « responsabilité élargie du producteur » (REP).

 

L’enjeu pour accélérer le déploiement de la circularité dans la construction relève surtout de la coordination des acteurs entre eux et de la formation : comment trier ses déchets sur un chantier par exemple ? Comment faire connaitre les filières de recyclage et de réemploi ?

Pour engager le mouvement vers la circularité, Saint-Gobain développe des partenariats avec des maîtres d’ouvrage pour partager les bonnes pratiques et concevoir des cahiers des charges précis pour garantir l’arrivée jusqu’à nos usines de matériaux aptes à être recyclés.

 

Saint-Gobain est aujourd’hui présent dans 79 pays, et le groupe dit vouloir se positionner comme un leader mondial de la construction durable. Quelles sont les initiatives concrètes que vous déployez à travers le monde ? Peut-on concilier mondialité et durabilité ?

Il est tout à fait possible de concilier mondialité et circularité : il convient de déployer des projets adaptés à chaque territoire car chacun d’entre eux a ses ressources et enjeux spécifiques. C’est là la force de Saint-Gobain : notre organisation décentralisée permet à chaque direction de pays d’être au plus proche du marché et garantit une forte capacité de réactivité, d’adaptabilité et de connaissance du terrain.
Saint-Gobain vient d’annoncer le lancement au Royaume-Uni d’une plaque de plâtre fabriquée à partir de 100% de gypse recyclé, une première mondiale pour le Groupe.

Une piste que nous suivons de près et qui est très prometteuse est celle des wasterials, des matériaux fabriqués à partir de déchets.

Pour Weber, notre activité de colle carrelage et enduits de façade, présente dans plus de 60 pays avec 200 sites de production, notre objectif à horizon 2030 est de remplacer 60% des ciments par de matériaux non-conventionnels comme les cendres de palmiers, à l’instar de ce que nous faisons en Thaïlande.

En ce qui concerne la décarbonation de nos process industriels, nous avons réalisé des avancées majeures, notamment pour nos usines de plaques de plâtre : en 2023 nous avons lancé en Norvège la première usine hydroélectrique au monde et nous allons en inaugurer cette année une deuxième au Canada ; en Inde, notre usine située dans l’Andhra Pradesh, fonctionne entièrement avec de la biomasse d’écorces de riz.

 

Vous vous êtes engagés dans une démarche de prévention et de gestion des déchets. Quels sont exactement vos objectifs en termes de réduction des déchets, et quel est votre plan d’action pour les atteindre ?

Nos objectifs pour diminuer les déchets sont clairs : réduire nos déchets non valorisés de production de 80 % en 2030 par rapport à 2017.

Mais nous ne nous arrêtons pas là, nous veillons également à préserver les ressources naturelles, notamment l’eau. Nous avons pris l’engagement de réduire de 50 % les prélèvements d’eaux industrielles d’ici 2030 vs 2017 et zéro rejet en zone à très haut stress hydrique.

Pour réduire nos déchets nous travaillons sur la performance de nos usines, en réduisant au maximum les déchets de production ; nous faisons par ailleurs en sorte de réintroduire les déchets de production directement en entrée de ligne, et lorsque cela n’est pas possible, nous trouvons des voies de valorisation telles que l’utilisation de nos déchets par d’autres industries en remplacement de matières premières vierges.

Pour l’eau, nous comptons 42 sites avec zéro rejet d’eau, sur les 108 présents dans une zone à risque hydrique extrêmement élevé.

 

Saint-Gobain accompagne le développement de l’Université de la terre depuis plusieurs éditions. Qu’attendez-vous d’un grand rassemblement comme celui-là les 14 et 15 mars prochains ?

Nous sommes ravis d’être partenaire majeur de l’édition des 20 ans de l’Université de la terre à la Maison de l’UNESCO. Cet événement est une occasion unique de sensibiliser le public aux enjeux cruciaux du secteur de la construction, qui a un impact direct sur notre planète et qui porte aussi en lui des solutions efficaces et pérennes et s’inscrivent dans la thématique « Nature = Futur ».

Pour Saint-Gobain, il est essentiel de participer à des débats et échanges avec des acteurs de divers horizons. Nous souhaitons être un moteur de changement et rassembler différents acteurs dans une approche écosystémique. À cet égard, la sensibilisation à l’économie circulaire est primordiale, car elle permet de repenser nos méthodes de construction et de valoriser les ressources de manière responsable. Notre objectif est de faire évoluer rapidement et durablement le monde de la construction et du bâtiment, en embarquant l’ensemble de la chaîne de valeur, pour trouver les meilleures solutions. Ensemble, nous pouvons contribuer à faire de notre monde une maison commune plus belle et plus durable.

 

Retrouvez Maïté Ketterer à l’Université de la terre les 14 & 15 mars 2025
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