Sailcoop : Apprécier le trajet autant que la destination à bord de leurs voiliers !
Utiliser le vent, énergie inépuisable et gratuite, pour offrir une alternative décarbonée aux modes de transport polluants, là est l’ambition de cette coopérative, qui vous emmène déjà en Corse ou encore aux Antilles.
Entrepreneurs d’avenir : Sailcoop permet de ralentir et offre le temps de la découverte… Quelle est la genèse et le concept ?
Maxime de Rostolan : En 2007, je traversais l’Atlantique sur un vieux gréement de 10 mètres après 2 ans de tour du Monde, voyant dans cette aventure la meilleure manière de boucler un voyage parfait qui m’avait emmené à la rencontre des problématiques de l’eau.
Expérience inoubliable, elle me titillait depuis, lorsque je voyais dans les ports ces centaines de voiliers dormir une partie de l’année. En 2021, je lance sur les réseaux l’idée d’optimiser leur usage en organisant des flottilles pour emmener des passagers aux Antilles, à New-York et au Brésil.
En quelques jours, des milliers de personnes ont manifesté leur intérêt et l’histoire ne s’est plus arrêtée !
Constitués en coopérative, nous avons défini 3 axes de développement : la longue distance, comme la Martinique où nous avons emmené l’année dernière 4 passagers dans une traversée de 30 jours, sur notre premier voilier, un monocoque très confortable de 50 pieds et 10 couchettes. La moyenne distance, en l’occurrence la Corse pour l’instant, sur des bateaux du même type, pour une navigation de 15 à 24h. Et dès l’année prochaine la courte distance, sur une navette à voile innovante (légère, rapide, capable d’embarquer 80 passagers), pour relier le continent aux îles côtières comme Porquerolles, les Glénans, Groix,…
Vous ouvrez un nouvel âge d’or du vent et de la voile, pouvez-vous nous en dire plus sur l’état actuel du marché ?
Oublié depuis quelques temps, le transport à la voile a refait son apparition récemment sur le secteur du fret de marchandises, avec des entreprises comme TOWT, Grain de Sail, Neoline ou encore Windcoop, qui développent de gros navires qui seront bientôt mis à l’eau. En parallèle, l’entreprise Iliens a été la première à proposer des liaisons entre Belle-Île et Quiberon, et a embarqué 18 000 passagers lors de sa seconde saison, sur un catamaran de 55 places.
Vous naviguez vers le monde de demain pour que « se déplacer à la voile devienne logique », quelle est votre offre et quels sont vos horizons d’ici 2030 ?
Alors que l’avenir du pétrole s’assombrit et que les promesses de l’hydrogène semblent encore loin, nous crions ‘Vive le vent’ et souhaitons déployer une proposition de bon sens pour dessiner l’avenir du transport maritime.
Sur les courtes distances, en lieu et place des vedettes à moteur, nous espérons voir apparaître des voiliers-navettes rapides, modernes, à motorisation d’appoint électrique, et nous avons pour cela créé un consortium avec le cabinet d’architectes naval VPLP et le chantier de construction DayOne afin de faire construire une première navette côtière à voile, d’une capacité de 80 passagers, le “Sailcoop 61”.
Pour proposer une alternative aux ferrys, pour des traversées de un à quelques jours, nous misons pour l’instant sur les voiliers de propriétaires existants qui nous en confient la gestion, s’affranchissant ainsi des charges et missions d’entretien que nous assurons. Nous réfléchissons en parallèle à la conception de voiliers à grande capacité (30 à 100 passagers) adaptés à ce type de distance et proposerons sans doute quelques pistes en 2024.
Enfin, pour les voyages au long-cours, que nous opérons aujourd’hui sur des monocoques classiques, nous espérons pouvoir lancer un projet de construction d’un navire de près de 100 m de long qui pourra embarquer 400 à 600 personnes et conjuguer rapidité, confort et autonomie énergétique complète, y compris pour les activités à bord. Notre rêve serait que l’esprit de compétition qui agite les nations dans le domaine de la voile s’émancipe de la vitesse, et des bateaux aussi chers que fragiles des courses autour du monde, pour s’intéresser à ce défi qu’est le transport de passagers d’un continent à l’autre !
Vous avez créé la possibilité de devenir sociétaire pour vous permettre d’acheter vos vaisseaux, vous développez également l’économie d’usage, où en êtes-vous de votre modèle économique ?
En quelques mois, nous avons rassemblé plus de 1400 sociétaires et levé grâce à eux 700k€. Ce qui nous a permis d’assurer une saison-test en 2022, avec Belle Aventure, puis de quadrupler nos traversées en 2023 avec un second bateau et des équipages doublés : après chaque rotation, les 2 Capitaines prennent un repos et laissent la place à un autre binôme, ce qui nous permet d’offrir en saison haute un départ par jour pour relier Saint-Raphaël à Calvi.
Au tarif plein de 240€ la traversée*, l’aventure est recommandée par 100% des passagers, qui ont pour 80% d’entre eux vu des dauphins, pour 50% des baleines, et qui à 75% n’avaient jamais dormi sur un voilier.
Ce que nous proposons est bien plus, en réalité, qu’un transport ! C’est une expérience rare, qui caresse notre rapport au temps et offre une capsule d’émerveillement.
* incluant les repas bios-végétariens préparés par un chef, l’équipement de sécurité, l’assurance. 10% de tarif réduit pour l’aller-retour, pour les groupes, les enfants (de 4 à 12 ans), les étudiants. Possibilité d’embarquer 2 vélos par bateau (30€/vélo)
Comment peut-on vous aider ?
Il y a plein de manières de s’engager, mais en termes d’implication croissante : partager l’info dans vos réseaux, devenir sociétaire (dès 10€), vous pré-inscrire à notre campagne de financement participatif “changement d’échelle” qui débutera le 15 juin, réserver vos prochaines vacances avec nous, en Corse ou aux Antilles, convaincre votre comité d’entreprise de proposer nos billets dans son catalogue ou un propriétaire de voilier (minimum 10 couchettes) de nous le confier en exploitation une grande partie de l’année, ou même, si vous en avez la possibilité acheter un voilier et nous le confier 😉 (compter 250k€ d’investissement).