RÉSEAU ETRE – Des formations aux métiers de mains

Entrepreneurs d’avenir : Chaque année, en France, 100 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme. En parallèle, dans les 30 prochaines années presque 1 million d’emplois vont être créés dans la transition écologique. Un double défi pour les écoles ETRE qui fleurissent sur le territoire français depuis 2019. Frédérick, pourriez-vous nous en dire plus sur la mission et le fonctionnement des écoles ETRE ? A quoi ces écoles forment-elles précisément et à qui sont-elles destinées ?

Frédérick Mathis : La mission des écoles ETRE est de sensibiliser et former les jeunes de 16-25 ans en décrochage scolaire sur les métiers manuels de la Transition Ecologique.

Nous avons plusieurs objectifs à travers cette mission :
– Rendre les jeunes les plus éloignés de l’emploi acteurs de la Transition Ecologique
– Revaloriser les métiers manuels
– Faire en sorte que la Transition Ecologique ne soit pas empêchée par la difficulté à recruter des salariés aux compétences adaptées

Nous formons aux métiers dits “verts” et “verdissants”.
Les métiers verts étant les métiers qui, de par leur nature, contribuent directement à la préservation de l’environnement.
Les métiers verdissants étant les métiers qui font évoluer leurs pratiques et leurs compétences pour y intégrer les enjeux environnementaux.

Chaque école s’adapte aux besoins de son territoire, et a donc ses spécificités.

Concrètement, nous formons aux secteurs suivants :
– Énergies renouvelables
– Protection de l’environnement
– Métiers de l’eau
– Mobilité douce
– Alimentation durable
– Habitat durable
– Métiers du bois
– Recyclage et réemploi
– Animation et médiation nature

Les formations s’articulent autour de 3 types de programmes, qui peuvent durer de quelques semaines à plusieurs mois.

Les objectifs de ces programmes sont multiples :
– La remobilisation : faire découvrir aux jeunes un panel de métiers de la transition écologique, et les aider à acquérir les savoir-être de base.
– La pré-qualification : accompagner chaque jeune dans la définition de son projet professionnel
– La qualification : préparer un diplôme

Nous prônons une pédagogie active à travers l’apprentissage par le faire, un accompagnement individualisé, et la mixité des publics.
Nos écoles sont généralement situées dans des tiers lieux. Chaque école reste à taille humaine, avec de petits groupes de jeunes, afin d’assurer un taux d’encadrement important.

Nous accueillons à 80% des 16-25 ans peu ou pas diplômés, et 20% de profils plus âgés ou diplômés.
Nos formations s’adressent à des personnes en perte de repères, qui ont parfois des phobies scolaires ou des situations sociales complexes. Notre objectif est de leur redonner confiance et de leur faire découvrir un métier qui pourrait leur plaire, afin d’éviter un potentiel décrochage en formation qualifiante.

Le développement des écoles du réseau ETRE depuis sa création est assez impressionnant. Les besoins des territoires sont forts et les attentes des jeunes en constante évolution. Comment sont financées les structures du réseau ?

Les écoles de la transition écologique bénéficient du soutien des collectivités territoriales partenaires, notamment des régions qui ont la formation professionnelle dans leur champ de compétences. Une autre partie est financée par du mécénat privé, et une dernière partie par l’autofinancement via des commandes réalisées pour des clients.

Pourriez-vous nous faire un retour d’expérience sur le parcours des premiers jeunes à avoir bénéficié d’une formation au sein de votre réseau ? Les résultats correspondent-ils à vos attentes initiales ? Quels emplois exercent-ils après leurs sorties ?

Voici différents retours d’expérience :

Tom, a décroché en 6e, il n’a pas le brevet. Il a fait une remobilisation puis une préqualification à ETRE Paris, avant de suivre la formation Mécanicien vélo à Solicycle. Il est aujourd’hui réparateur de vélos à Vélogik (l’entreprise qui répare les vélibs)

Sarah, qui a décroché en 3e et qui a fait une préqualification à ETRE Paris, s’est orientée vers la formation Menuisière en économie circulaire de notre partenaire extramuros.

Ilan est entré en formation après une rupture avec le système scolaire il y a 6 ans. Ilan a découvert pendant la préqualification de ETRE son attrait pour le compostage. Aujourd’hui, il suit une formation d’animateur guide composteur chez Moulinot.

Et enfin Élodie. Aujourd’hui, elle a intégré un dispositif de mentorat POWAO qui va l’aider sur son projet qui est de créer une boutique en ligne dans l’écologie et le bien-être. Son témoignage : ” L’école ETRE m’a apporté les bases dont j’avais besoin. Un cadre, de la confiance en soi, de la bienveillance. J’ai appris énormément de choses sur la transition écologique mais ce que j’en retiens c’est qu’il faut ETRE avant tout.”

En 2021, nous avons enregistré 69 % de sorties positives :
– 22% ont intégré un emploi
– 28% entrent en formation qualifiante
– 19% suivent un apprentissage

Il y a 89% de sorties dynamiques, via :
– formations courtes non-qualifiantes
– services civiques
– stages en lien avec le projet professionnel

2 jeunes sur 3 accueilli.e.s poursuivent une vie professionnelle dans la transition écologique grâce à une formation ou un emploi dans un métier vert ou verdissant. Les résultats de ces formations sont très positifs. Nous sommes convaincus de l’importance de ce type d’approche pour aider les jeunes dans leur quête de sens.

Quelles sont vos projections pour les années à venir ? De nouvelles écoles vont-elles être créées et souhaitez-vous étendre vos formations à d’autres domaines ?

Aujourd’hui, 11 écoles sont présentes sur le territoire.
D’ici mai 2023, 10 nouvelles écoles vont voir le jour.
Notre objectif à terme est d’avoir mailler tout le territoire français, en ayant 1 école par département. Notre fil rouge est la transition écologique. Notre objectif est donc de former à tous les domaines de ce secteur.

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