Quand le développement durable se met à la portée de tous
La Cité du développement durable, un projet collectif qui réunit 18 organisations très engagées dans les transitions écologiques, a pris ses quartiers dans le Jardin d’agronomie tropicale de Paris, en lisière du bois de Vincennes.
C’est un jardin planté d’espèces tropicales, bambous, arbres à latex, kakis, tout au fond du bois de Vincennes. Créé à la fin du 19e siècle, il a servi de jardin d’essai pour développer l’agriculture des colonies françaises d’Afrique et d’Asie, puis de site pour l’exposition coloniale de 1907.
Plus tard, il est devenu le Jardin d’agronomie tropicale de Paris René Dumont, siège du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).
Aujourd’hui ses six hectares accueillent la première Cité du Développement Durable en Ile-de-France, inaugurée en 2018. Cette cité se veut un lieu de partage et d’approfondissement scientifique, dédié aux thématiques du développement durable et de la coopération internationale.
Un collectif de 18 organisations
Elle a été portée sur les fonds baptismaux par 18 organisations, toutes représentatives de la diversité des acteurs engagés dans les transitions écologiques : départements de recherche universitaire, entreprises de l’ESS, bureaux d’études, ONG, fonds d’investissement agro-forestier, centre de communication sur l’environnement…
L’idée qui a présidé à sa création s’appuie sur un diagnostic partagé par ses fondateurs : les nouveaux accords et agendas internationaux (ODD des Nations-Unies, Accord de Paris, etc.) obligent à imaginer de nouveaux modes de développement, à la fois durables et équitables.
La Cité produira et diffusera les connaissances sur le développement durable, mais aussi partager les solutions innovantes. Elle espère ainsi influencer institutions et entreprises pour qu’elles adoptent les bonnes pratiques.
Deux exemples positifs parmi tant d’autres : la transformation des pratiques agricoles de la culture du cacao en Afrique de l’Ouest, qui pourrait disparaître d’ici 10 à 15 ans ; la restauration des mangroves pour contrôler les événements climatiques extrêmes et protéger les ressources en eau.
« Notre ambition, c’est d’échapper à l’idéologie du ‘il faut faire’, ‘il faut qu’on’ en repartant des savoir-faire, explique Anne Le Naëlou, de l’Institut d’études du développement de la Sorbonne (IEDES), présidente de la Cité du développement durable. La variété des partenariats permet d’engager la discussion sur les savoirs académiques ou professionnels. Ensemble nous améliorons les pratiques de chacun sur les questions de transition. »
Halte au travail en silo !
Message essentiel : il faut travailler ensemble car le développement durable ne fonctionne pas en silo. « Le scientifique ne peut pas travailler sans le praticien, l’un et l’autre se nourrissent mutuellement. C’est un des rares endroits où des acteurs publics et privés vont travailler ensemble. »
Véritable mini-campus, le site accueille aussi des futurs experts : une cinquantaine de doctorants, qui travaillent sur les transitions économiques, sociales et environnementales, et 200 étudiants en master qui viennent finir leur formation.
« La nature peut nous aider, mais pour le savoir, il faut de la recherche, poursuit Nicolas Métro, directeur général de Kinomé, et cofondateur de la Cité. Kinomé travaille déjà avec le CIRAD pour comprendre comment l’arbre va nous aider à mieux vivre, grâce à l’agroforesterie. »
La Cité du Développement durable participera à la semaine européenne du développement durable, du 30 mai au 5 juin prochains, avec une programmation consacrée à la diffusion des savoirs scientifiques et professionnels. Des experts seront présents pour expliquer le réchauffement climatique, et les solutions pour le freiner et s’adapter.
Enfin, la Cité accueille volontiers de nouveaux partenaires sur son site, qui contient aussi de la place pour de nouvelles constructions. Avis aux amateurs !
La Cité du développement durable
Pascal de Rauglaudre