Quand investir se conjugue au féminin
Business angel n’est plus un métier réservé aux hommes : les belles performances de Femmes Business Angels sont là pour le prouver, comme l’explique Agnès Fourcade, sa présidente.
C’est un réseau unique en France et le premier d’Europe dans son genre. Femmes Business Angels (FBA) réunit 150 femmes qui participent activement au développement des entreprises. La mission de ce réseau fondé en 2004 par Béatrice Jauffrineau : évangéliser les femmes sur l’investissement, explique Agnès Fourcade, sa présidente depuis dix ans. FBA sera présente au Parlement du Féminin le 18 décembre prochain.
Entrepreneurs d’avenir – À quoi ressemble une femme business angels ?
Agnès Fourcade – Elle a 50 ans environ, elle est diplômée de l’enseignement supérieur, elle peut être cadre supérieure, entrepreneuse qui a vendu son entreprise, avocate, experte comptable, ingénieure ou financière. Elle vient d’une grande entreprise mais a envie de découvrir l’univers des PME. Elle est aussi super bookée, parce qu’elle doit gérer sa carrière tout en élevant ses enfants.
Quels types de projets financez-vous ?
Les startups que nous finançons peuvent être fondées par des hommes aussi bien que par des femmes ou des équipes mixtes. Mais nous avons défini deux critères de sélection : l’innovation, qu’elle soit technologique, dans les services ou dans la méthode ; l’ambition et le fort potentiel de développement et donc de création d’emplois. Nous étudions les dossiers avec une grande exigence, et nos investissements restent minoritaires : pas question de prendre le pouvoir dans les entreprises.
Au bout de 13 ans d’existence, quel bilan dressez-vous de Femmes Business Angels ?
En toute modestie, il est plutôt bon ! Au premier semestre de 2017, nous avons investi 1,3 millions d’euros et nous devrions finir l’année autour de 1,8-2 millions d’euros. Aujourd’hui, notre portefeuille comprend 150 investissements dans 70 startups pour près de 5 millions d’euros. L’année dernière nous avons même fêté plusieurs entrées en bourse. De plus, de tous les réseaux de la galaxie France Angels, FBA est celui qui connaît la plus belle progression. Nous sommes en quelque sorte la licorne des business angels ! C’est normal : les femmes sont encore rares dans ce secteur, elles constituent donc un gros vivier d’investisseurs potentiels.
Justement, d’après les statistiques, les femmes ne représentent que 7 % des business angels. À votre avis, pourquoi sont-elles si peu nombreuses ?
Elles imaginent que c’est une activité réservée aux hommes retraités qui ont de l’argent, comme si cette activité leur était interdite. Mais c’est un stéréotype idiot ! Encore aujourd’hui, dans les réseaux mixtes, il y a très peu de femmes, entre 2 et 5 %. Avec FBA, nous voulons apporter la preuve que les femmes ont autant de compétences que les hommes pour accompagner le développement des entreprises.
Observez-vous un profil d’investissement différent entre femmes et hommes ?
Globalement, les femmes sont sur les mêmes projets que les hommes. Ceci dit, elles sont plus sensibles à ce qui est utile à la société. Elles ne sont pas contre de belles plus-values, mais elles préfèrent aider des entreprises dont la société a besoin, autour des enfants, de l’éducation, de la santé, de l’écologie, etc. Les projets qui touchent à ces questions sont mieux financés chez nous qu’ailleurs. Cela vous étonnera, mais la cosmétologie, la mode et les sujets superficiels attirent beaucoup moins les femmes que l’intelligence artificielle et la robotique !
Femmes Business Angels
Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre