Protéger l’environnement, ça passe aussi par la philanthropie
Comment les entreprises peuvent-elles contribuer à résoudre la crise environnementale ? En reversant 1 % de leur chiffre d’affaires à des projets qui défendent la nature. C’est le pari de l’ONG 1 % pour la planète, et ça marche plutôt bien !
Les entreprises sauveront-elles la planète en consacrant 1 % de leur chiffre d’affaires à des projets environnementaux ? En tout cas, c’est un moyen simple d’y contribuer, estime Isabelle Susini, directrice de 1 % pour la planète France, l’ONG lancée en 2002 par Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia.
Entrepreneurs d’avenir – Vous avez assisté à la Fabrique d’avenir à Lyon début avril. Comment avez-vous fait avancer la cause du 1 % pour la planète à cette occasion ?
Isabelle Susini – J’essaie de saisir des occasions où des entreprises sont déjà sensibilisées à aux objectifs que nous défendons. Et la Fabrique d’avenir était une cible très favorable : pas besoin d’expliquer le 1 % pour la planète, tout le monde le connaît ! Mais les entrepreneurs ne savent pas toujours que la philanthropie est aussi un outil simple contre la crise environnementale.
Depuis la COP21 à Paris, qu’est-ce qui a changé pour le 1 % pour la planète ?
Beaucoup de choses ! À l’époque, nous comptions 80 membres, contre 260 aujourd’hui, un chiffre qui a doublé l’année dernière. L’équipe s’est étoffée puisque nous sommes deux salariées. Nous avons aussi un vrai site Internet : ça n’a l’air de rien, mais il contribue énormément à notre croissance. Surtout, nous avons constitué une gouvernance française, avec des administrateurs français, et nous organisons nos événements suivant un mode opératoire très français.
Quel genre d’événements ?
Les Rencontres associations & philanthropes, qui ont déjà connu trois éditions, en 2016, 2017 et 2018. Pendant deux jours, nous rassemblons 70 mécènes, des entrepreneurs, des fondations, des acteurs de la philanthropie environnementale. Au préalable nous présélectionnons 30 ou 40 projets environnementaux. Nous accompagnons les porteurs de projet et nous les formons au pitch comme des entrepreneurs, pour qu’ils soient prêts à les présenter aux mécènes. L’objectif, c’est de lever un maximum de fonds en un minimum de temps : moins les associations passent de temps à chercher de l’argent, plus elles sont efficaces sur le terrain.
Vous choisissez les projets selon quels critères ?
Nous en avons défini une dizaine, liés à l’efficacité de l’association dans le passé : sa capacité à engager le public, le caractère innovant du projet, ses résultats tangibles et mesurables, si le projet peut être répliqué, s’il s’adresse à un public réticent, si c’est du plaidoyer, s’il comporte un volet de résilience par rapport à l’adaptation au changement climatique… Mais une partie de la décision relève de l’intime conviction des jurés.
Quels projets avez-vous financés ?
Les thématiques sont variées : le sauvetage des océans, la santé et l’environnement, la protection des espèces sauvages… Nous avons financé Reporterre, le magazine de l’écologie, Graines de troc, qui échange des graines, Bloom contre la pêche électrique, Générations futures contre les pesticides… L’année dernière, nous leur avons versé plus de 400 000 €.
Ces dons sont versés pour une seule année ou vous proposez un soutien de long terme ?
Effectivement, pour certaines organisations, la continuité des financements est primordiale, mais les associations sont libres de postuler à nouveau, comme l’ont fait Bloom et Générations futures. Ceci dit, les financements levés pendant les Rencontres ne sont qu’une petite partie de l’iceberg, puisque les membres du 1 % se sont engagés à reverser 1 % de leur chiffre d’affaires, soit 5 millions d’euros en 2018. Ils sont libres de les distribuer comme ils l’entendent.
Quel objectif voudriez-vous avoir atteint en 2020 ?
Nous visons les 500 membres et 7 millions d’euros d’impact. Pour savoir si nous réussirons, rendez-vous aux prochaines Rencontres associations & philanthropes au mois d’octobre !
Vous êtes en Rhône-Alpes le 4 juin ? Venez rencontrer le 1 % pour la planète : une rencontre est organisée avec Kate Williams, CEO de 1 % for the Planet, Charles Kloboukoff, président de 1 % for the Planet France et fondateur de Léa Nature, Eric de Kermel, directeur du magazine Terre Sauvage, et Dominique Bourg, philosophe.
Rendez-vous mardi 4 juin à 18h30, à Talloires au bord du lac d’Annecy.
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Pascal de Rauglaudre