On est Prêt : transformer l’éco-anxiété en moteur d’action collective

Entrepreneurs d’avenir : On est Prêt se décrit comme un mouvement de mobilisation citoyenne qui sensibilise et cherche à promouvoir le passage à l’action. Quelle est la ligne de conduite de votre mouvement, et quelles sont les dynamiques qui en émergent depuis son lancement en 2018 ?

Magali Payen : Depuis 2018, notre ligne de conduite repose sur une conviction forte : pour faire face à l’ampleur des crises, il ne suffit pas d’informer. Il faut créer les conditions psychologiques du passage à l’action. On s’appuie sur des études en sociologie et en psychologie cognitive afin de redonner aux citoyen·nes un sentiment d’empowerment fort, transformer l’éco-anxiété en énergie collective. En 2018-2019, nous avons participé à la montée en conscience autour des enjeux Climat en mobilisant autour de notre première campagne climat (130 influenceurs) et de l’Affaire du Siècle, ce qui coïncidait avec l’émergence de Greta Thunberg et Fridays for Future.  A ce moment-là, il y a eu une véritable victoire culturelle pour le climat. Puis, nous avons élargi à la biodiversité (6ème extinction de masse) et aux pollutions éternelles (plastiques, pesticides et autres xénobiotiques). À chaque étape, nous avons vu émerger des prises de conscience successives dans l’opinion publique. Notre démarche vise à alerter les citoyen·nes en amplifiant la voix des scientifiques, des lanceurs et lanceuses d’alerte, et en s’appuyant sur des récits porteurs d’espoir et de solutions. Pour cela, nous misons sur l’action collective et la création de ponts entre des mondes qui ne se parlent pas assez : experts, artistes, influenceur·ses, acteur·rices de terrain. Car répondre aux enjeux du XXIe siècle exige une intelligence collective et une capacité à anticiper les crises et les solutions de manière systémique. Face aux anxiétés plurielles, nous défendons ce qui permet encore de faire société : la démocratie, la justice sociale et le respect du vivant. Avec une volonté claire : rassembler autour de valeurs hautes, et non cliver.

Vous avez lancé en 2023 le programme d’accompagnement « Tu flippes ? » qui cherche à transformer l’éco-anxiété en actions collectives. Comment ce dernier fonctionne-t-il, et quels en sont les principaux objectifs ?

Lancée en mai 2023 avec le soutien de l’ADEME et de l’Office français de la biodiversité, cette campagne a pour but d’aider celles et ceux qui ressentent ces émotions intenses pour les transformer en actions concrètes et positives.

75 % des Français.es ressentent de l’anxiété liée à l’environnement (baromètre Fondation Santé Environnement) .

Avec le parcours Tu flippes ?, nous voulons aider les citoyen.nes à comprendre que ces émotions sont normales et tisser une communauté de soutien où ils/elles peuvent partager leurs ressentis et ils/elles peuvent trouver des solutions ensemble.

A tous les éco-conscient.e.s qui se sentent parfois impuissant.e.s ou dépassé.e.s, on a ce qu’il vous faut : vous pouvez répondre à quelques questions pour définir votre niveau d’éco-anxiété et de ses symptômes et savoir où vous en êtes en es sur le thermomètre de l’éco-anxiété. Vous pouvez aussi nous rejoindre sur  communauté sur Discord: partagez ce que vous ressentez face à l’urgence écologique et comment vous faites  pour tenir le coup. Chaque témoignage montre que nous sommes nombreux.ses à vouloir un avenir meilleur.

Alors prêt.e à transformer vos peurs en une force immense ? Rejoignez le parcours Tu flippes ? dès maintenant !

On est Prêt & makesense s’allient pour t’offrir des espaces de parole

Mais ce n’est pas tout. Parce que la prise en compte de l’éco-anxiété, et plus largement des anxiétés (liées aux guerres, à l’économie, la polarisation de la société…) est déjà  un enjeu de santé publique, makesense et On est Prêt se sont associés pour lancer Balance ton flip.

Si vous voulez passer de la sidération à l’action et de la solitude au collectif, si vous voulez (re)prendre votre juste place dans le monde : venez échanger sur vos anxiétés dans des  groupes de parole en digital et en physique, partager vos émotions et trouver, via la méditation, toutes les ressources nécessaires pour affronter vos peurs.

• Notre objectif ? Permettre à 720 jeunes de participer à des ateliers-groupes de paroles en 2025
• Comment ? En organisant 2 ateliers par mois : 1 physique et 1 digital (sur zoom) soit 24 sur l’année
• En combien de temps ? Chaque atelier à une durée de 1h30 ou 2h pour partager et méditer
• Et ça coûte ? Rien ! Le dispositif est gratuit et ouvert à tous.tes

Balance ton flip est ouvert à tous les jeunes (et même les moins jeunes, il n’y a pas de barrières à l’entrée) de la France entière, en présentiel et en ligne, pour permettre aussi de toucher les personnes éloignées des grandes villes ou dans l’impossibilité de se déplacer.

Alors si vous aussi, vous en avez marre d’avoir l’impression de ne rien pouvoir faire face à l’inaction des dirigeants et à  vos angoisses qui montent, rejoignez le dispositif  Balance ton flip !

Vous avez lancé, en collaboration avec d’autres acteurs issus de la société civile et économiques, le projet « Tous Exposés », qui propose une synthèse des connaissances scientifiques sur les pesticides chimiques et dresse un état des lieux des risques associés. Quelle est votre mission, et quelles sont vos ambitions à travers ce nouveau projet ?

Avec “Tous Exposés”, on alerte sur une réalité : l’exposition généralisée aux pesticides concerne tout le monde. Le choix de ce hashtag est stratégique : il permet de rassembler sans opposer, en mettant sur un même plan citoyen·nes, riverain·es et agriculteurs. On est Prêt a joué un rôle de détonateur médiatique, en créant une vidéo fédératrice qui a fait exploser la mobilisation : plus de 500 000 vues, des partages par Pierre Niney, Shaka Ponk, plus de 95 000 visites sur la plateforme, presque 10 000 mails envoyés au ministre, et plus de 40 reprises presse. Une réunion est prévue le 1er avril avec le Dr Nguyen pour faire le point. Ce n’est pas encore gagné, mais on ne lâche rien.

Alors que le monde politique semble se détourner de la question de la crise écologique, qu’est-ce qui vous donne espoir pour l’avenir ?

Déjà, l’annonce de l’inéligibilité de Marine Le Pen, ça met un peu de baume au cœur ! (rires). Ce qui se passe aux États-Unis avec Trump fait peur, mais peut provoquer une prise de conscience salutaire ici. Plus sérieusement, ce qui me donne espoir, c’est de voir émerger une génération — et bien au-delà — qui développe une vision systémique, intersectionnelle, plus fine des interdépendances. De plus en plus de personnes comprennent la complexité du vivant et des enjeux, et se mettent en mouvement avec une capacité d’organisation collective nouvelle. Et ça tombe bien, car l’intelligence collective, c’est l’enjeu du XXIe siècle.