Olivier Riom, pour des achats publics responsables
Olivier Riom, 42 ans, est le PDG de l’entreprise de BTP Volutique à Nantes. Vice-président du groupement d’employeurs pour l’insertion GEIQ BTP44, il a mis l’accès à l’emploi au cœur de sa stratégie RSE.
Pourriez-vous présenter brièvement Volutique ?
Volutique est une entreprise d’agencements d’intérieurs – plafonds, cloisons, menuiseries intérieures et revêtements – qui réalise chaque année 10M€ de chiffre d’affaires. Ces dernières années, la croissance a été au rendez-vous : lorsqu‘en 2005 j’ai racheté l’entreprise, elle n’employait qu’une cinquantaine de salariés alors qu’aujourd’hui je travaille avec 120 collaborateurs.
Insertion des personnes éloignées du marché de l’emploi : imposition ou choix délibéré ?
Je suis persuadé qu’il existe une véritable responsabilité sociétale des entreprises, même si elle se concrétise différemment dans chaque secteur. Les métiers du bâtiment sont particulièrement adaptés pour aider les personnes éloignées de l’emploi à remettre le pied à l’étrier. Depuis que je suis aux commandes de Volutique, j’ai pu mettre en pratique mes principes et ai tout de suite formé 12 tuteurs pour qu’ils encadrent des salariés en insertion. Mais attention, chez nous, à la différence de la plupart des structures d’insertion, les salariés ne font pas que passer. Notre objectif est bien de transformer leurs emplois en CDI au sein de l’entreprise.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’engagement des collectivités territoriales dans la question de l’insertion professionnelle ?
A Nantes, la clause d’insertion, qui exige qu’un certain nombre d’heures de chantier soit faites par des salariés en insertion, est appliquée depuis 2004 dans les appels d’offre de la collectivité. Mais il ne suffit pas de respecter des quotas d’heures pour affirmer qu’on travaille à rapprocher les personnes de l’emploi. Les marchés publics peuvent être un véritable levier pour un changement structurel des entreprises. Ce que je souhaite, c’est que les acheteurs publics favorisent les entreprises appliquant de véritables politiques RSE et qui ont inscrit durablement l’insertion dans leur stratégie. Car ainsi elles pérennisent des emplois au sein d’un territoire alors que d’autres se limitent à sous-traiter des montants d’heures à des structures d’insertion.
Votre groupe de travail au sein du CJD et d’Entrepreneurs d’avenir est consacré à cette problématique. Où en êtes-vous ?
Nous avons déjà réuni autour d’une même table les acheteurs publics, en l’occurrence Nantes Métropole, et dix chefs d’entreprise travaillant sur les marchés publics de la région, tous secteurs confondus. Au départ, chacun campait sur ses a priori : les acheteurs nous expliquaient leur difficulté de choisir objectivement l’entreprise la mieux disante; quant à nous, nous reprochions à la collectivité de rechercher toujours les prix les plus bas. Mais nous avons progressivement appris à nous écouter et nous comprendre, et aujourd’hui, nous travaillons à l’élaboration d’un document commun qui sera rendu public prochainement.