Nature urbaine a réussi sa première saison de maraîchage
Au cœur de l’été, Nature urbaine, la plus grande ferme urbaine du monde, a récolté une tonne de fruits et légumes par semaine, sur les toits du Palais des expositions à Paris. Un résultat encourageant pour contribuer à la résilience alimentaire de la ville.
Des fraises délicieuses et parfumées, des aubergines, des laitues, des herbes aromatiques, basilic, sauge, menthe poivrée : au mois d’août, Nature urbaine a récolté une tonne de fruits et légumes par semaine. Un très bon bilan pour la plus grande ferme urbaine suspendue du monde, inaugurée au printemps dernier sur les toits d’un pavillon flambant neuf du Palais des expositions de la Porte de Versailles
Ici, les fruits et légumes ne sortent pas de terre, le toit du pavillon ne supporterait pas de lourdes jardinières. Mais ils sont cultivés en hydroponie et en aéroponie : la première technique consiste à plonger les racines des végétaux dans un substrat irrigué en permanence par un mélange d’eau et de nutriments en circuit fermé pour recycler l’eau ; dans la seconde, ce même mélange est vaporisé sur les racines.
Concrètement, les fraisiers et les laitues sortent de colonnes de plastique couleur crème, creuses à l’intérieur : leurs racines s’y balancent doucement à l’intérieur. Les tomates anciennes, les aubergines et les blettes poussent sur d’étroits plateaux remplis de fibre de coco.
Un modèle de résilience alimentaire
Ce modèle d’agriculture n’a pas vocation à nourrir toute la ville, bien sûr, mais étendu à d’autres toits et petites parcelles de terrain, il pourrait satisfaire 5 à 10 % de sa consommation alimentaire. Il contribuerait ainsi à la résilience des grandes agglomérations du monde, où vit désormais la majeure partie de l’humanité. Et c’est ce qui a motivé le fondateur de Nature urbaine, Pascal Hardy, ingénieur et consultant en développement durable. Agripolis, son agence, a conçu les colonnes en aéroponie, qu’il a lui-même expérimentées sur le toit de son immeuble parisien, il y a quelques années.
Hydroponie et aéroponie n’émettent pas de gaz à effet de serre, et utilisent moins d’espace qu’une ferme intensive : 50 salades peuvent pousser dans une seule tour. Et comme les fruits et légumes sont récoltés sur place, quand ils sont vraiment mûrs, les variétés peuvent être sélectionnées pour leur saveur, et non leur résistance à la chaîne de transport et de stockage. La culture se fait sans ajout de pesticides ni de fongicides. Enfin, l’ensemble du processus est automatisé, surveillé et contrôlé par ordinateur.
Avantage supplémentaire : cet îlot de végétation au cœur de la ville aide aussi à atténuer certains effets du changement climatique en ville, comme les îlots de chaleur urbains, ces phénomènes d’élévation brutale de température en période forte chaleur.
Des carrés de culture en location
En attendant, la production est vendue aux voisins du site, qui peuvent commander des fruits et légumes en ligne, ainsi qu’au Perchoir, un bar restaurant branché qui jouxte le site, à quelques hôtels et à une entreprise de restauration collective. Nature urbaine met aussi en location 135 carrés de culture, des parcelles d’un mètre carré pour apprendre à cultiver ses légumes et aromates
Pour l’instant, Nature urbaine n’occupe qu’un tiers de l’espace disponible des 14 000 m2 de surface du toit. Mais elle devrait équiper l’ensemble du toit d’ici 2022, ce qui équivaudra à une surface de production de plus de 80 000 m2. Une très belle vitrine pour Agripolis qui reçoit déjà des demandes du monde entier, y compris des États-Unis.
Tout savoir sur Nature urbaine
Pascal de Rauglaudre