L’Utopie, mode d’emploi

Parce que les solutions d’aujourd’hui lui semblent insuffisantes, voire contre-productives, Sandrine Roudaut invente une autre façon de parvenir à l’utopie.


Après une douzaine d’années passées à « conjuguer le soutenable et le désirable » pour le compte de grandes marques, Sandrine Roudaut est parvenue à ce terrible constat : les solutions actuelles en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE) et développement durable (DD), sont clairement impuissantes à changer les comportements, ceux de ses clients et plus généralement ceux de la société dans son entier.

Tous les grands concepts agités depuis plus d’une décennie, la « troisième révolution industrielle », le « green business », la consommation et les achats responsables, les indicateurs, normes, bonus, écolabels et autres écotaxes, ne sont que des illusions. Pire : « Ils donnent l’impression de reprendre la main, mais ils nous endorment », écrit Sandrine Roudaut. Et même s’ils peuvent avoir leur utilité, leur impact est beaucoup trop faible par rapport aux défis à relever.

Le hic, c’est qu’à force d’ergoter sur les termes, d’échafauder des référentiels compliqués, d’inventer sans cesse de nouveaux concepts et de se trouver des gourous en veux-tu en voilà, on a fini par oublier l’urgence des défis à relever, et surtout l’invention, pourtant exaltante, d’un nouveau monde.

Dans le cadre de son activité de conseil en développement durable, au sein du cabinet Alternité qu’elle a fondé, Sandrine Roudaut a mené une patiente enquête sur « les freins à la modification des comportements pour mieux contrer l’inaction ». Elle a analysé tous les outils existants de la RSE et du DD pour apporter des réponses à de multiples questions : qu’est-ce qui nous freine ? Qu’est-ce qui nous empêche de changer ? Comment surmonter nos résistances ? Pourquoi l’outillage actuel de la RSE et du DD est-il insuffisant ? Et plus largement, qu’attend l’individu aujourd’hui ? Comment la société évolue-t-elle ? Dans quelle mesure les révolutions technologiques favorisent-elles l’avènement d’un monde désirable ?

« L’expérimentation radicale »

Au bout de dix-huit mois de recherches, elle livre ses résultats « avec confiance et enthousiasme » dans son tout nouveau livre, L’utopie mode d’emploi. Modifier les comportements pour un monde soutenable et désirable. Après avoir identifié les principaux freins au changement (le rapport au temps et l’obsession du court-termisme, la culpabilité, les croyances culturelles, le sentiment d’impuissance, le divorce d’avec la nature), elle imagine à quoi ressemblerait ce qu’elle appelle « l’expérimentation radicale », et qui serait à la fois une posture, une vision et un mode d’action : « C’est une façon de penser résistante et créative, portée par un idéalisme transformateur, avec une démarche d’expérimentation continue. L’expérimentation radicale permet d’accepter l’imperfection, elle libère l’imaginaire et l’audace. »

En définitive, elle propose rien de moins que de s’affranchir de la RSE, du DD et de la consommation responsable pour passer à « la société du lien », caractérisée par l’union inédite du numérique, du soutenable et du collaboratif. Et à l’appui de sa démonstration, elle élabore des scénarios « pour nous transformer » : un design empathique « au service de l’homme, passeur de techniques et garant d’une éthique » et la communication co-engageante « pour polliniser tous les publics ».

Ce livre est destiné à tous ceux qui se sentiraient découragés devant l’ampleur de la tâche, pour leur redonner l’envie de se battre et inventer un monde meilleur.


L’utopie mode d’emploi. Modifier les comportements pour un monde soutenable et désirable
Sandrine Roudaut, Editions La Mer Salée, 2014


Dominique Pialot & Pascal de Rauglaudre

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