L’Orchestre du Nouveau Monde : La musique au service d’un monde meilleur

Etienne Jarrier, chef d’orchestre et cofondateur de l’Orchestre du Nouveau Monde, nous parle de ce projet mêlant musique classique et militantisme social et climatique. Il nous partage son parcours, la composition de l’orchestre et l’impact de son art libéré des conventions.

 

Entrepreneurs d’avenir : Etienne, vous êtes cofondateur et chef de l’Orchestre du Nouveau Monde, premier orchestre français engagé pour la justice sociale et climatique. Quel est votre parcours, et comment vous est venue l’idée de former cet ensemble philarmonique ? Comment est composé l’orchestre ?

Etienne Jarrier : Je n’étais pas destiné à devenir chef d’orchestre. Mes parents n’étaient pas musiciens et je n’ai pas suivi la voie traditionnelle pour. Après dix ans de clarinette au conservatoire, je me suis dépêché de sortir de ce parcours conventionnel. Je voulais monter des projets, et l’un d’eux a pris la forme d’un ensemble philarmonique fondé autour d’une bande d’amis, qui aiment se retrouver pour faire de la musique spontanée, et surtout partagent le même socle de valeurs. C’est tout naturellement devenu un orchestre militant, profondément hors-cadre.

Car notre ensemble sort des lignes rectilignes des partitions. Aujourd’hui, la musique classique est contenue dans un carcan. Chaque concert est un musée : le cadre immobile d’un morceau, avec sa lumière fixe et sa petite étiquette. Nous, nous amusons de ces codes, les outrepassons en mélangeant les cadres et les œuvres, en redéfinissant la structure d’une symphonie, les entrées et les placements des musiciens. En bref, sortir du protocolaire pour que tout le monde puisse apprécier la musique classique, sans avoir besoin d’un quelconque bagage éducationnel. Il n’est plus question de venir écouter telle pièce ou tel compositeur, mais de venir écouter l’Orchestre du Nouveau Monde.

Et d’ailleurs, tout comme son public, les musiciens de l’ONM sont divers, issus de tous les milieux, de toutes les musiques aussi. Il y a des professionnels qui deviendront solistes ou de grands professeurs, mais aussi des passionnés qui refusent de faire carrière de leur instrument. L’Orchestre du Nouveau Monde est cette osmose, cette union d’individus pluriels autour d’un même idéal.

 

Vous dites vouloir faire le lien, à travers vos performances, entre musique et politique : quels sont les points d’accroche de ces deux mondes et quel est l’objectif de cet alliage ?

La politique est avant tout une affaire d’affect, et non de technicité et de pragmatisme. Ce sont les idées qui nous convainquent, pas les détails. La musique a exactement le même souci : elle se construit autour de l’efficacité, de la clarté mais vise une certaine connexion à l’intime. L’orchestre symphonique crée justement ce lien extrêmement pur car déconnecté, à l’origine, de toute forme de discours. Et c’est justement ce qui nous permets d’y accoler notre discours sociétal, actuel et
mobilisateur.

Dépourvue de langage, la musique est universelle, c’est une sensation brute. Mais actuellement, la musique classique est réduite à des interprètes qui s’approprient des oeuvres. Seulement, leur grille de lecture est toujours fondée autour du style de jeu. Nous sommes convaincus que la musique classique est une matière brute à moduler. On veut en faire notre interprétation propre, autour d’enjeux sujets qui nous concernent directement. Nous voulons reconnecter la musique classique au monde d’aujourd’hui.

 

Au-delà de vos concerts, vous menez avec l’Orchestre diverses actions de sensibilisation et de militantisme. Pourquoi avoir choisi la musique classique comme moyen d’action, et qu’en est-il de son efficacité ?

La musique est un super moyen d’action car elle porte, en plus de son bagage culturel et symbolique, des propos plus subtils que de simples mots. Si pendant les législatives, nous étions arrivés devant le siège du Rassemblement National avec seulement des slogans et des bannières, nous n’aurions jamais atteint la même finesse de discours. En jouant « Maréchal, les voilà ! » du résistant Julien Clément, nous sommes parvenus à amener du sensible, de l’humour, de la mise en perspective, un questionnement sur la répétition de l’Histoire. Seul l’art permet ça.

Nous nous positionnons en tant qu’artistes, pas en simples militants. On ne produit pas de discours fini, on préfère interroger, pousser à la réflexion. Nous sommes convaincus que c’est bien plus efficace que d’asséner des réponses. Nous faisons confiance à notre public, aux personnes qui nous écoutent. Nous leur donnons des clés, pas des manuels.

 

Avec votre création originale « Fracas », l’Orchestre performera le samedi 15 mars prochain à l’occasion de la session de clôture de l’Université de la terre, événement dont le thème central sera « Nature = Futur. » Quelle est la résonnance de votre projet avec cet événement, et quel est le message que vous souhaitez faire passer à travers cette performance à l’UNESCO ?

Le thème « Nature = Futur » pose la question d’être en capacité d’imaginer demain quand on est aujourd’hui. L’art rend plausible un futur connecté à la Nature. Notre création « Fracas » illustre ce chemin du présent vers l’avenir. C’est le spectacle d’un monde moribond, vérolé, soudainement transformé par un rapport de force en une mer calme, apaisée. Du chaos au cosmos. Nous sommes très heureux de clôturer ces deux jours de débats et d’intenses réflexions par une invitation à la rêverie, à l’espoir. Une page blanche à écrire ensemble.

 

L’Orchestre du Nouveau Monde est un projet soutenu par le fonds de dotation de l’Université de la terre, qui accompagne des projets variés cherchant à améliorer notre compréhension des enjeux de la transition écologique et à encourager le passage à l’action.

Retrouvez-les à l’Université de la terre les 14 & 15 mars 2025
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