L’espoir philanthropique

L’espoir philanthropique de Sandrine L’HERMINIER, préfacé par Philippe VAYSSETTES.

L’essentiel du livre…

On le sait, la culture philanthropique est encore peu développée en France. Alors que la crise s’aiguise, que les inégalités progressent et que la peur de l’autre se développe, la philanthropie connaît chez nous un nouvel élan. Si le « marché de la générosité » reste une niche, la philanthropie pose néanmoins des questions de fond qui font aujourd’hui débat dans la société.

Quels sont le rôle et la place de l’aide privée (mécénat) par rapport à l’aide publique (l’Etat) ?
La philanthropie pourrait-elle être un levier/un moteur pour réhabiliter la richesse en France ? Comment valoriser, développer les vertus du don (don de temps, don en nature don matériel)?
Est-il possible de créer une culture « positive » philanthropique en incitant par exemple les patrons philanthropes à communiquer sur leurs projets, leurs actions, leurs convictions ?

Philanthropie, un tableau général

Si en France la philanthropie a longtemps occupé une place marginale, les raisons en sont bien connues : rôle de la religion, poids de l’Etat, conception de l’intérêt général, réglementation et fiscalité, pour ne citer que les principales raisons. On estime en effet qu’il y a 75 000 fondations aux Etats-Unis, contre 3 000 environ en France !

Depuis une petite dizaine d’années toutefois, la progression de la philanthropie en France est forte : +100% en 9 ans, avec des dépenses essentiellement consacrées à la santé et l’action sociale.

C’est que la notion d’intérêt général elle-même évolue. Si, en France notamment, l’Etat s’est présenté comme seul garant de l’intérêt général, l’initiative privée intervient de plus en plus souvent aux côtés de l’Etat, en relais et support. Répandu en Grande Bretagne (social impact bond), le phénomène touche de plus en plus la France.

Dans le même temps, la richesse, ou l’extrême richesse, progresse mais est de plus en plus mal perçue par l’opinion.
Les chiffres sont clairs : les 10% les plus riches détiennent en France environ 50% du patrimoine total, alors que les 50% les moins riches en détiennent moins de 10%. En 8 ans, le club des 0,01% les plus riches a doublé ses revenus. Si certaines grandes fortunes investissent, dans l’outil de production – créateur de richesse – ou dépensent dans la philanthropie – créateur de sens et de lien social, la tendance reste encore marginale en France ou du moins peu connu du grand public.
On estime que la philanthropie pèse un peu plus de 2% du Pib aux Etats-Unis, et dix fois moins en France !

La philanthropie pourrait contribuer à élargir les contours de la richesse en France en valorisant d’autres formes de richesses plus immatérielles (spirituelle, culturelle, humaine). Peut-être faudrait-il ajouter au mérite individuel, l’utilité sociale et incitant les patrons, traders, sportifs de haut niveau, consultants de haut vol, etc. à s’engager en recyclant une partie de leur richesse au profit de bien commun.

Les donateurs, rencontres et motivations

Pour mieux connaître les donateurs, rien de mieux qu’une série de rencontres. Jean-Baptiste Descroix Vernier, fondateur de Rentabiliweb, montre comment son parcours personnel le conduisait inévitablement en fait à la philanthropie. Juliette Timsit Feeney ferme la Fondation Fact, conçue dés l’origine comme une fondation consomptible, mais poursuivra autrement ses activités philanthropiques. Marc Odendall, ancien banquier d’affaires, a créé sa Fondation et œuvre à la professionnalisation du secteur. François Dufourcq, banquier et entrepreneur, consacre ses dons aux financements de petites structures. Jacqueline Delia Bremond, épouse du créateur de Pierre et vacances, témoigne de sa volonté de faire mieux connaître les actions philanthropiques. D’autres rencontres avec des donateurs montrent que si tous ne sont pas infiniment riches, ils ont en commun la foi dans leurs actions. D’ailleurs, ils disent souvent qu’ils ne pourraient pas agir autrement, leur philanthropie étant une évidence.
Au-delà de ces rencontres, comment expliquer la générosité des uns et aussi l’absence de générosité des autres ? Car plus de la moitié des Français ne donne jamais.
Le don demeure, au fond, un geste mystérieux. A la lumière des réflexions de sociologues tels qu’Alain Caillé, il prend toute sa complexité.

L’avenir de la philanthropie

Dans ce contexte, assurer la continuité de l’expansion philanthropique passe nécessairement par une série de mesures : limiter la fragmentation du secteur, assurer un développement à l’international, améliorer gouvernance et évaluation, faire évoluer certaines dispositions telles que la réserve héréditaire, etc….
En guise de conclusion : 10 propositions pour la philanthropie énoncées par l’ouvrage, dont notamment créer une culture de la philanthropie en France. Un objectif qui passera par l’éducation à la générosité dès le plus jeune âge comme en témoigne la dernière interview : « L’école pour les philanthropes en culotte courte » !

Sandrine L’Herminier est experte RSE et philanthropie, après plus de 20 ans de carrière comme journaliste.
Philippe Vayssettes est Président du Directoire de Neuflize OBC.

Dossier sur www.lignes-de-reperes.com


Sandrine L’Herminier, experte du réseau Entrepreneurs d’avenir

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