Les nouvelles particules élémentaires de l’entreprise
Cabinet conseil d’un genre radicalement nouveau, The Boson Project veut redonner de l’agilité et de la fluidité aux entreprises grâce aux idées neuves de la génération Y.
Lancé début 2013, The Boson Project (TBP) est un cabinet conseil atypique, plus précisément un « laboratoire de développement du capital humain », selon les mots d’Emmanuelle Duez, sa fondatrice. Cette serial entrepreneure, qui a déjà fondé WoMen’Up, une association de référence sur les problématiques de diversité hommes-femmes, se perçoit comme une porte-parole de la fameuse génération Y, qu’elle connaît d’autant mieux qu’elle en fait partie.
Son idée consiste à « expérimenter des solutions ultra-innovantes visant à créer de la valeur et des valeurs en misant sur les individus. Avec une ambition : anticiper les tendances de fond et fabriquer le futur. » Concrètement, TBP utilise la jeunesse comme levier de transformation des entreprises, et s’appuie sur une conviction forte : cette génération place la quête de sens au cœur de ses préoccupations, elle refuse le fatalisme et désire associer bien-être et bien-vivre. Porteuse d’une vision différente de l’entreprise, elle n’a aucun état d’âme à quitter son premier poste si elle n’est pas satisfaite. Fille du numérique, elle est transparente, transversale, interconnectée, rapide, fluide.
Mais en entrant dans les entreprises, elle se heurte à des organisations lourdes, inertes, processées, hiérarchisées, jusqu’à en devenir contre-productives. « Nous assistons à la collision de deux mondes qui ne sont pas bâtis sur les mêmes fondations, explique Emmanuelle Duez. Dans le monde des générations précédentes, le gros mange le petit, mais dans celui de la génération Y, régi par l’agilité et la fluidité, l’agile mange l’inerte. Au lieu d’y voir un simple problème de RH, nous préférons nous pencher sur les solutions de transformation des modèles managériaux et stratégiques : il s’agit de transformer les mammouths en gazelles. »
Ses clients ? De sacrés mammouths, justement : la SNCF, EDF, Capgemini Consulting ou encore le Ministère du budget. Ces institutions ont du mal à générer de l’innovation sur commande, leurs parts de marché sont grignotées par la concurrence, et la question de l’attraction et de la rétention des talents s’y pose avec acuité : elles assistent à des vagues de départs sans explication, et dans les entretiens d’embauche des interrogations inédites surgissent. « Elles ont alors le choix entre deux attitudes : le dos rond, qui consiste à attendre patiemment la prochaine génération, mais c’est un leurre ; ou bien la reconnaissance que quelque chose de plus profond est en marche, rien de moins que 2015 qui rentre dans l’entreprise et montre qu’elle n’est pas en adéquation avec le mode de fonctionnement d’aujourd’hui. »
Emmanuelle Duez en est convaincue, ces entreprises sont menacées : si elles ne réussissent pas leur métamorphose, elles disparaîtront, dans un horizon d’une cinquantaine d’années. « Elles ne peuvent pas survivre avec un capital humain qui s’appauvrit au fil des années. L’avenir est aux entreprises plus agiles, avec des hiérarchies moins pyramidales, des formes de molécules plutôt que de triangles, qui remettent le capital humain au cœur de leur développement. »
Plutôt que de faire du conseil traditionnel, The Boson Project, qui a une approche très militante de sa mission, pratique une sorte d’évangélisation : « Le problème n’est pas la jeunesse, mais bien les entreprises elles-mêmes : elles doivent se transformer dans leur culture et leur structure. La nouvelle génération est bourrée d’idées pour réussir cette mutation, mais nous devons apporter la preuve qu’elle est capable de mettre sur la table d’autres manières de fonctionner de manière pérenne, solide et viable dans un monde ultra-concurrentiel. »
Au fait, pourquoi The Boson Project ? Parce que les collaborateurs sont comme les particules élémentaires de l’entreprise, ses « bosons » : elle ne peut rien faire sans eux.
THE BOSON PROJECT
Dominique Pialot et Pascal de Rauglaudre