Les dessous de l’alimentation bio

L’agriculture biologique est plus que jamais soumise à de fortes pressions économiques et politiques. Saura-t-elle y faire face ? Réponse dans le livre de Claude Gruffat, Président de Biocoop, plaidoyer en faveur d’une agriculture bio pérenne et éthique.


L’agriculture biologique connaît un succès fulgurant en France. D’après les derniers chiffres de l’Agence Bio, sortis au début du mois d’août, les surfaces agricoles bio ont augmenté de 16 % en un an, ce qui représente près de 5,7 % de la surface agricole utile du pays. Un chiffre que le nouveau ministre de l’agriculture veut faire passer à 8 % d’ici 2021.

Ce succès ne manquera pas d’être discuté au cours des prochains États généraux de l’alimentation, qui doivent se tenir à l’automne. Et le règlement bio européen qui doit prochainement être révisé, fait déjà l’objet d’âpres débats : beaucoup craignent que les normes exigeantes du label bio soient revues à la baisse, sous la pression des lobbys agro-industriels.
Bref, la bio est plus que jamais au cœur de l’actualité, et dans ce contexte, le dernier livre de Claude Gruffat, président du réseau Biocoop depuis 2004, Les dessous de l’alimentation bio, arrive au bon moment pour éclairer les consommateurs.
La bio, projet politique
Pionnier de l’agriculture biologique en France, Claude Gruffat commence par situer la croissance de la bio dans une perspective historique. Il rappelle que « la bio » (il prend soin de distinguer LA bio DU bio, la première désignant à ses yeux un projet politique qui donne une réelle chance aux agriculteurs et aux consommateurs, le second signifiant la production et la distribution de masse, dont les méthodes ne se distinguent pas des systèmes conventionnels) est née d’un mouvement de résistance citoyenne dans les années 1960.
Puis il pose la question fondamentale : de l’agriculture bio ou de l’agriculture conventionnelle, laquelle des deux dispose du meilleur potentiel pour nourrir un pays, et a fortiori la planète, dans les décennies à venir ?
Pointant les impasses de l’agriculture conventionnelle, shootée aux subventions, Claude Gruffat démontre avec force chiffres et arguments comment la bio demeure à ce jour la meilleure solution pour faire face aux prochaines crises alimentaires qui s’annoncent, et atteindre l’auto-suffisance alimentaire d’une planète surpeuplée.
La résistance passe par la coopérative
Projet sociétal cohérent, la bio présente en outre d’incontestables avantages en matière de protection de l’environnement et de respect des droits humains. En rapprochant le consommateur du producteur, elle s’efforce d’être la plus vertueuse possible, écrit-il. En comparaison, le bio subit la pression des circuits conventionnels de distribution, ce qui à terme menace la qualité des produits qui en sont issus et la crédibilité de toute la filière bio.
Pour Claude Gruffat, la coopérative demeure un excellent outil de résistance à l’accaparement du bio par les industriels : « Le développement du système coopératif lui seul peut garantir la pérennité des valeurs sociétales portées par la bio et accompagner la transition nécessaire pour changer de modèle agricole. »
Dans le « Manifeste pour la Bio, la seule agriculture soutenable », qui sert de conclusion à l’ouvrage, Claude Gruffat appelle tous les consommateurs à se mobiliser pour protéger et diffuser la bio « à valeur sociétale » : « Seule la bio engagée, cohérente dans ses valeurs et dans la durée peut être la garante d’un bio éthique et écolo. »

Les dessous de l’alimentation bio, de Claude Gruffat, préface de Marie-Monique Robin, Éditions La Mer salée, 2017, 190 p.





Texte Pascal de Rauglaudre

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