« Le végétal est sorti gagnant de l’année 2020 »
Comme toute l’économie, la filière végétale a été bien secouée en 2020. Mais les Français ont aussi exprimé un besoin vital de se reconnecter à la nature, ce qui bénéficie aux professionnels des végétaux, se rassure Mikaël Mercier, Président de Val’hor, l’organisation interprofessionnelle de la filière.
Comment les professionnels des végétaux ont-ils fait face aux tumultes de 2020 ? Les explications de Mikaël Mercier, président de Val’hor, l’organisation interprofessionnelle de la filière, qui réunit 52 000 entreprises en France et emploie 170 000 personnes, dans tous les métiers du végétal : producteurs (horticulteurs, pépiniéristes, semenciers), distributeurs (grossistes, jardineries, fleuristes), paysagistes-concepteurs et entrepreneurs du paysage.
Entrepreneurs d’avenir – Quel bilan de l’année 2020 tirez-vous pour les entreprises de la filière végétale ?
Mikaël Mercier – C’est un bilan contrasté. Pendant le premier confinement, les distributeurs, fleuristes et jardineries, ont fermé, faute de débouchés. C’était le pire scénario qui pouvait arriver. Les végétaux sont des produits vivants non transformables, il a donc fallu jeter les fleurs coupées et les produits horticoles, pour un montant équivalent à 60 millions d’euros. La partie événementielle de nos métiers, mariages, salons, congrès, décoration de salles, est tombée à l’eau, tout comme le fleurissement des grands hôtels, soit 20 % du chiffre d’affaires des fleuristes. Si le deuxième confinement a été moins difficile, c’est grâce au Click & Collect que les distributeurs ont développé. Mais la baisse est restée forte puisque ça n’a généré que 25 à 30 % du chiffre d’affaires.
Tous les métiers du végétal ont-ils été frappés à égalité ?
Pas tout à fait. Lorsque les jardineries ont rouvert, les clients sont revenus en masse, et elles ont attiré de nouveaux consommateurs. Les gens ont souffert de la fermeture des parcs et jardins, ils avaient un vrai besoin de nature. La demande s’est aussi maintenue à un niveau élevé pour les métiers du paysage, qui font de l’entretien de jardins chez les particuliers et répondent à des marchés pour les collectivités et les grands aménageurs, malgré quelques retards dus à l’installation de nouvelles équipes municipales.
Quelles mesures ont été prises pour aider la filière ?
Nous avons eu droit aux mêmes aides transversales que les autres secteurs d’activité : chômage partiel, prêts garantis par l’État, décalage des charges, fonds de solidarité. La filière a aussi obtenu 25 millions d’euros du ministère de l’Agriculture pour compenser les destructions du printemps et soutenir les producteurs. Cette aide sera versée au printemps prochain.
Les végétaux peuvent-ils être considérés comme des produits de première nécessité ?
C’est tout l’objet du travail que nous menons. Les plantes ne sont pas considérées comme indispensables, à l’exception de ce qui se mange : les plants potagers, les arbres fruitiers, les petits fruits étaient autorisés à la vente. Mais nous voulons faire reconnaître le caractère essentiel de nos produits et de nos activités, car les plantes font du bien au moral, elles contribuent à l’activité physique et au bien-être mental, elles répondent à un besoin puissant de nature. Nous travaillons donc en ce sens avec les Autorités.
Comment envisagez-vous l’année 2021 ?
D’une certaine façon, le végétal est sorti gagnant de l’année 2020. Les gens aspirent à se reconnecter à la nature, à cultiver un bout de potager. Les résultats des élections municipales ont reflété ces tendances, avec une surenchère entre les équipes municipales pour planter plus d’arbres en ville. Les paysagistes concepteurs ont plein de solutions pour ‘déminéraliser’ la ville, et améliorer le mieux-vivre en ville. Nous travaillons avec les collectivités, qui ont toutes à cœur de végétaliser la ville, à l’instar d’Angers, de Nantes, de Niort, de Nice. De ce point de vue, nous sommes plutôt optimistes.
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Pascal de Rauglaudre
Crédit photo S. Barthelemy