Le management responsable dans le groupe Onet
Comment le groupe marseillais, qui emploie près de 60 000 personnes dont une majorité d’ouvriers, s’efforce à un management responsable.
58 000 salariés, un chiffre d’affaires de 1,421 Mds€ en 2012, 400 implantations essentiellement en France mais aussi dans 10 autres pays… Le groupe marseillais Onet, dont l’actionnariat est toujours familial, est le leader français de la propreté et s’est également développé dans la logistique et les services dédiés aux zones aéroportuaires. A côté d’Onet Propreté, Onet logistique et Onet Airport Services, le groupe comprend aussi Onet Technologies, spécialisé dans les services au nucléaire, Onet Sécurité et Onet Accueil. Un sacré chemin parcouru depuis les débuts de la maison Format dans la manutention sur les docks en 1860 puis une première diversification dans la propreté des chemins de fer avec l’arrivée du train dans la capitale phocéenne…
En dehors des 1 200 cadres et 4 200 ETAM, le gros des effectifs est composé d’ouvriers, avec une proportion significative de salariés très peu qualifiés, y compris des personnes illettrées et/ou éloignées de l’emploi. Dans ce contexte, quelles formes peut prendre un « management responsable », une ambition que s’est fixée le groupe en participant dès 2007 à la création du Réseau des Managers Responsables (RMR) à l’initiative de Kedge business school ?
Un pionnier de la réinsertion sociale
« Notre politique de développement responsable, entamée dès 2002, a d’abord consisté à structurer des actions que nous menions déjà auparavant, telles que la formation ou le recrutement de personnes éloignées de l’emploi », témoigne Laurence Acerbo, directrice Qualité et Développement durable. L’insertion sociale, notamment via la lutte contre l’illettrisme, est en effet l’un des piliers du management responsable au sein du groupe Onet, initié bien avant l’apparition de ces clauses dans les marchés publics.
Pour autant, « jusqu’à ce que nous participions à la fondation du Réseau des Managers Responsables (RMR) à l’initiative de Kedge business school, avec qui nous avions des relations historiques en tant qu’entreprise marseillaise, nous n’avions pas de réflexion spécifique sur les managers », reconnaît Laurence Acerbo.
L’appartenance à RMR permet à Onet d’échanger avec d’autres entreprises intéressées par le sujet, dont certaines (par exemple EDF ou La Poste) sont à la fois ses clients et ses fournisseurs, et de rencontrer d’autres parties prenantes, telles que des ONG, etc. Avec les autres adhérents de RMR, Onet a participé à la rédaction d’un premier guide « Manager et responsable », et planche actuellement sur un deuxième, plus complet et proposant plus d’outils.
De nouveaux outils de recrutement et d’évaluation
« Via RMR, nous avons commencé à travailler à l’élaboration d’outils en interne pour un management responsable au niveau du recrutement et de l’évaluation, avec l’ajout de critères extra-financiers », poursuit Laurence Acerbo. Taux d’accidentologie ou intégration des travailleurs handicapés sont notamment pris en compte. En revanche, l’indexation d’une part de la rémunération variable des managers sur ces critères extra-financiers n’est pas encore d’actualité.
Au travers de son management, le groupe vise avant tout la fidélisation du personnel, la mobilité interne et la valorisation des parcours professionnels et de la formation. Une filière de formation comprenant trois niveaux, de la maîtrise aux directeurs d’agence en passant par les chefs de service a d’ailleurs été mise en place, avec des modules adaptés aux enjeux stratégiques du groupe.
Par ailleurs, précise Laurence Acerbo, « cette politique RSE nous permet bien souvent d’anticiper la réglementation, d’accompagner nos clients dans leur propre démarche responsable et de nous différencier sur le plan concurrentiel. » Les clients qui externalisent les services assurés par Onet le font aussi pour se débarrasser des problèmes sociaux potentiellement liés à ces populations… Dès lors, un climat social serein est un atout indéniable.
Maintenir le cap RSE pour demeurer la référence dans ses métiers
Il ne faut pas toutefois s’attendre à des résultats immédiats : qu’il s’agisse de la lutte contre l’illettrisme ou des formations en matière de prévention des accidents ou des risques routiers, par ailleurs très coûteuses, le retour sur investissement se fait souvent attendre. D’autant plus, d’ailleurs, que les taux de cotisations liés à l’accidentologie sont décalés de 4 ans…
Mais pour Laurence Acerbo « le plus compliqué reste d’aligner les objectifs sociaux et sociétaux et les contraintes économiques. Malgré les critères RSE dans les appels d’offres, au niveau local les acheteurs voient surtout le prix. Nous devons donc continuer d’avoir une approche responsable tout en conservant des prix serrés. »
La politique du groupe n’en est que plus volontariste, et le cap fermement fixé par la présidente de la holding Elisabeth Coquet-Reinier, descendante du fondateur Hyppolite Format, et sa fille Emilie de Lombares, directrice déléguée aux finances et à la stratégie. La RSE, appliquée notamment au management, est au cœur des enjeux du plan stratégique lancé en 2010 « Osons Onet ensemble » comme du prochain, sur le point de voir le jour : être la référence dans ses métiers.