Le « maker movement » émerge en France
Le premier rassemblement de « makers » à Saint-Malo en octobre a remporté un succès prometteur.
FabShop, à l’origine de la manifestation, voit dans ce succès un signe de la vitalité du « maker movement » dans l’Hexagone. « C’est difficile de traduire « maker » en Français, reconnaît-il. Pour moi, ce sont des bricoleurs savants, connectés à une communauté par Internet. »
Depuis quelques années déjà, les États-Unis organisent deux « Maker Faire » à San Francisco et New-York, mais aussi 70 « Mini Maker Faire » sous licence. Pionnier français du mouvement, Bertier Luyt a participé à sa première « Maker Faire » à New York en 2011. La même année, il déposait auprès de la Chambre de Commerce de Saint-Malo un dossier pour la création de sa société, FabShop, qui devait remporter le coup de cœur du jury.
Les FabClubs, cousins privés des FabLabs universitaires
Le modèle de l’entreprise repose sur trois activités : la création d’objets technologiques et design, la distribution de tous les outils nécessaires à une plateforme de prototypage (notamment des imprimantes 3D et des logiciels) et l’ouverture de « makerspaces ».
Baptisés Fabclubs et fonctionnant sur abonnements, ces ateliers se distinguent de leurs cousins publics les FabLabs, nés dans le giron d’université, à l’instar du premier d’entre eux qui a vu le jour au MIT en 2000. D’autres ateliers peuvent être vendus clés en main, comme celui installé au sein du Beeotop, le lieu que Generali réserve aux acteurs de l’innovation sociétale. L’équipement y sera exploité par le ReparLab, un mix de « Repair Café » et de « FabLab », pour réparer ou upcycler entre particuliers. La start-up vise 60 ouvertures dans les 5 prochaines années, à commencer par un premier FabClub à Paris, un projet candidat à l’appel à projets lancé par la ministre de l’industrie numérique Fleur Pellerin.
Les imprimantes 3D, accélérateurs du mouvement
« Le “maker movement“ a remplacé le “do it yourself“ des années d’après-crise, observe Bertier Luyt. On ne fait plus seulement soi-même, mais avec les autres. » La démocratisation des imprimantes 3D a beaucoup fait pour la médiatisation du mouvement. Depuis 2009 et le passage dans le domaine public de nombreux brevets de fabrication en 3D, elles connaissent une expansion sans précédent. Naguère hors de portée des particuliers, elles se sont beaucoup démocratisées et permettent désormais à tout un chacun de fabriquer de petits objets de son invention, ou des pièces détachées permettant de réparer des appareils sinon voués à la déchetterie. Mais le « maker movement » va bien au-delà, et se caractérise par le recours à Internet et aux réseaux sociaux pour partager sources de documentation et tutoriels au sein de communautés.
Bientôt une Maker Faire à Paris
Fort de ce premier succès, Bertier Luyt compte bien renouveler l’expérience l’année prochaine, à Saint-Malo mais aussi dans d’autres villes, et organiser la première « vraie » Maker Faire française à Paris lors de la prochaine édition de Futur en Seine en juin 2014. Les appels à projets « FabLabs » ou encore « Quartiers numériques » devraient contribuer à l’essor du « maker movement » en France.