Laurent Boillot : Hennessy s’engage pour une viticulture soutenable et vivante

Depuis 260 ans, Hennessy crée des cognacs d'exception en Charente. Laurent Boillot, son directeur général, souligne l'engagement de la Maison pour une viticulture durable, la régénération des écosystèmes et la transition énergétique.

 

Entrepreneurs d’avenir : Pourriez-vous nous donner quelques informations essentielles pour comprendre la Maison Hennessy, son marché et son ancrage territorial dans la région de Cognac, son attachement aux sujets environnementaux ?

Laurent Boillot : Depuis près de 260 ans maintenant, Hennessy crée des cognacs d’exception qui sont appréciés dans le monde entier. Nous sommes la première Maison de spiritueux dans le monde, nous sommes présents dans 150 pays et le cœur de notre entreprise est à Cognac. Nous travaillons au plus près de la filière, avec nos 1600 viticulteurs partenaires qui exploitent 33000 hectares de vignes.

Chez Hennessy, la vigne, la terre et les personnes qui la cultivent de génération en génération sont au cœur de notre activité. D’où le fait que nous avons pris très tôt des engagements en matière de développement durable. Hennessy a créé son département de développement durable juste après le Sommet de Rio en 1992. Et en 1998, Hennessy a été la première Maison de Vins et Spiritueux au monde à être certifiée ISO 14001. Aujourd’hui, nous avons un siège au comité de direction dédié au développement durable et piloté par Nathalie Meurer.

 

Hennessy a des engagements forts en faveur notamment de la régénération des forêts, des sols et de la gestion de l’eau. Paysages vivants est votre mantra. Pourriez-vous nous évoquer ce que cela représente et votre ambition en matière de régénération ?

Quand j’ai pris mes fonctions chez Hennessy, j’avais cette intuition que les arbres pourraient jouer un rôle beaucoup plus important qu’ils n’en jouaient jusqu’ici. L’arbre apporte des solutions puissantes.  Quelqu’un de bien avisé a ensuite utilisé l’expression « désert de vignes » pour parler des vignobles cognaçais. Une étendue de vignes sans arbres, sans haie. Cette expression, « désert de vignes », m’a beaucoup marqué. Où étaient passés l’arbre et la forêt ?  

Mon projet pour l’AOC Cognac tient en deux mots : Living Landscapes, les Paysages vivants.  « Living Landscapes », c’est l’idée que nous pouvons dessiner des paysages arborés, résistants, vivants, qui feront encore la renommée de nos cognacs dans 300 ans.  

En Charente, nous avons le projet « 1000 Palisses » pour planter 1000 km de haies en 10 ans. En France, nous avons un partenariat avec l’ONF autour de la gestion durable de la forêt de la Braconne. Et dans le monde, avec Reforest’action et des ONG locales, nous visons à régénérer 50 000 hectares d’écosystèmes forestiers.

 

Nous aurons le grand plaisir de vous recevoir à l’Université de la terre le 15 mars 2025 à l’Unesco pour témoigner du lien symbiotique entre “Eaux et forêts » Que porterez-vous comme message à ce propos ?

Les arbres possèdent un pouvoir incroyable : apporter la pluie à toute vie sur terre.

Depuis plusieurs années, des scientifiques comme Antonio Nobre et Anastassia Makarieva, travaillent sur un phénomène hydrologique peu connu : les pompes biotiques. Ce mécanisme également connu sous le nom de « rivières volantes » aide à créer de puissants courants d’air humide au-dessus des forêts. Les forêts absorbent les eaux souterraines et pompent chaque jour des milliards de tonnes de vapeur d’eau dans de vastes « rivières volantes ». La vapeur d’eau libérée par les arbres entraîne les vents. Ces vents traversent les continents et apportent la pluie dans des régions éloignées.

Les forêts sont donc des faiseurs de pluie. Sans elles, il n’y a pas de pluie, et sans pluie, rien ne vit. C’est un grand projet pour le monde. Et une source d’inspiration pour nous pour comprendre comment ce phénomène de « pompe biotique » pourrait être appliqué à la région de la Charente.

 

Le cœur névralgique de votre Maison se situe sur le territoire de Cognac, où vous êtes très engagés. Vous travaillez notamment avec de nombreux viticulteurs de la région que vous accompagnez vers la transition et la décarbonation de leurs activités. En quoi cet ancrage local est-il important pour la Maison Hennessy et comment tirez-vous l’ensemble de vos partenaires vers la transition énergétique et des pratiques agricoles vertueuses ?

Sur tous ces sujets de transformation de nos paysages et de nos pratiques agricoles, nous avons un vrai enjeu d’embarquer nos 1600 partenaires viticulteurs. Sur les 33000 hectares qui nous approvisionnent en eaux-de-vie, Hennessy ne possède que 180 hectares de vignes dont l’essentiel se trouve sur notre domaine viticole, La Bataille. C’est là que nous repensons nos modèles viticoles, que nous prenons des risques, que nous expérimentons des pratiques agroécologiques, plus respectueuses du vivant et de la biodiversité dans le vignoble.

Notre enjeu est de passer de la parcelle au territoire. A l’échelle du territoire, nous avons travaillé avec toutes les parties prenantes de la viticulture à la nouvelle Certification Environnementale Cognac qui vise à renforcer des pratiques viticoles durables.

 

Vous déclariez récemment « Hennessy et Martell, c’est comme Fédérer et Nadal au tennis », expliquant qu’au-delà de vos rivalités avec les autres géants du cognac, vous œuvrez « ensemble quand il s’agit du bien commun ». Comment se traduisent ces actions et quels sont vos prochains défis communs ?

Avec les Maisons de cognacs et les parties prenantes de la viticulture, nous partageons un bien commun exceptionnel : le terroir cognaçais qui nous a tant donné et qui a fait le succès de nos cognacs.  Ce bien commun est aujourd’hui menacé, notamment par le changement climatique qui bouleverse nos écosystèmes naturels et nos systèmes de production.  

C’est une urgence qui doit nous faire passer du collectif à la coalition. Même si les Maisons de Cognac sont concurrentes dans leurs marchés, pour la première fois, elles s’engagent pour le bien commun, notamment en encourageant les viticulteurs à souscrire à la nouvelle Certification Environnementale Cognac.

« Living Landscapes » va bien au-delà de nos seuls vignobles. En plantant des haies, des arbres, en créant des couloirs écologiques, c’est toute la région qui devient plus vertueuse. Notre projet est de faire de notre région cognaçaise la plus belle et la plus durable. 

 

Retrouvez Laurent Boillot à l’Université de la terre les 14 & 15 mars 2025

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