L’Association des Journalistes écrivains pour la nature et l’écologie : se battre pour informer

Entrepreneurs d’avenir : L’association des Journalistes écrivains pour la nature et l’écologie (JNE), fondée en 1969 par des journalistes sur la base d’une sensibilité aux problèmes d’environnement, regroupe aujourd’hui 200 professionnels de l’écriture ou de l’audiovisuel spécialisés dans l’écologie, l’écotourisme, la protection de la nature, le cadre de vie ou l’énergie. Qui sont-ils ? Comment travaillent-ils dans cet univers médiatique dominé par l’information spectacle ou les fake news ?

Christel Leca : Tous les types de médias nationaux, locaux et spécialisés sont représentés en son sein, depuis l’Agence France Presse jusqu’à Zones Humides Infos, en passant par Energie Plus, France Inter, le Figaro, la Gazette des communes, le Monde, RTL, etc. L’association se donne pour fonction de mettre en relation tous les acteurs de l’environnement, qu’il s’agisse d’organismes officiels, d’entreprises, de collectivités locales ou d’associations, mais aussi du grand public. Elle agit à travers l’organisation de débats, de rencontres, de conférences, de voyages d’étude, de son site web et de son annuaire. Ce dernier est conçu comme un outil à l’attention des attachés de presse, mentionnant les publications de chaque adhérent, regroupées en index, ainsi que leurs spécialités.

Comment la prise en compte des enjeux environnementaux ont-ils évolué depuis cinquante ans ?

Christel Leca : Avec des hauts et des bas. Alors que nos adhérents se battaient pour que ces sujets soient traités, puis atteignent les unes, ils doivent aujourd’hui expliquer à quel point les questions environnementales traversent l’ensemble des rubriques traditionnelles des magazines et journaux télévisés : économie, sport, culture, société… Mais aujourd’hui, avec la montée du climato-scepticisme, ce sont des émissions entières qui sont consacrées à nier l’urgence, ridiculiser les travaux des scientifiques du GIEC, faire croire que les technologies sauveront l’humanité, quand elles ne diffusent pas des informations fausses. On voit aussi des émissions spécialisées mises en difficulté, à l’instar de Vert de Rage ou la Terre au Carré que le service public de l’audiovisuel souhaite visiblement faire disparaître. On se retrouve presque dans la situation de nos confrères des années 1970 et 1980 : nous devons nous battre pour faire comprendre l’urgence climatique, défendre la bifurcation de l’économie vers plus de solidarité et de partage, moins de compétition et de prédation, attirer l’attention sur les pertes irrémédiables qu’entraîne l’exploitation du vivant.

Comment les entreprises peuvent-elles vous aider ?

Christel Leca : En faisant passer un message économique moins prédateur de ressources, plus circulaire, moins court-termiste, plus solidaire, comme le font les Entrepreneurs d’Avenir. En nous faisant connaître et en nous aidant à faire connaître des entreprises qui créent de la valeur pour le bien commun. Nous sommes toujours à la recherche de ses perles rares qui restaurent le vivant, qui fabriquent de l’utile, qui partagent le travail et la valeur, qui mettent en pratique sur le terrain une autre voie. Et nous avons besoin de moyens pour les mettre en lumière et aider nos confrères à trouver des sujets illustrant ces autres voies. Nous organisons ainsi des voyages aux quatre coins de France et sommes à l’écoute d’entreprises que nous pourrions découvrir et qui financeraient une partie de notre déplacement, par exemple. Et comme nous sommes « de la 9 », comme disent les conscrits, nous pourrions imaginer un jubilé commun, en 2029, à l’occasion de nos soixante ans et de vos vingt ans !

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Une interview réalisée par Coryne Nicq