La MedNum : des solutions contre l’exclusion numérique
L’épidémie du Covid-19 et les confinements ont mis au grand jour un phénomène peu connu des Français : l’exclusion numérique d’une partie de la population, y compris des chefs d’entreprise. Pour combler ce fossé, la MedNum, une coopérative fondée en 2017, propose plusieurs types de services.
En 2021 en France, plus de treize millions de personnes, soit un cinquième de la population française, sont considérées comme « éloignées du numérique ».
Ce fossé au sein de la population a éclaté au grand jour à la faveur de l’épidémie, quand l’ordinateur et le portable sont devenus les seuls moyens de garder un lien, de faire des courses, de continuer à faire l’école et à travailler.
« Pendant le premier confinement, les Français ont pris soudainement conscience que tout le monde n’était pas égal face au numérique », se souvient Caroline Span, co-directrice de la MedNum.
Cette coopérative (SCIC) fondée en 2017 a pour vocation de créer des outils pour faciliter l’inclusion numérique, structurer l’écosystème de la médiation numérique, et partager les bonnes pratiques entre ses nombreux acteurs. Aujourd’hui, elle rassemble 86 acteurs publics et privés : l’État, Simplon, la Fédération des centres sociaux, des régies de quartiers, des entreprises…
Seniors et collégiens
Contrairement aux idées reçues, l’exclusion numérique ne touche pas que les seniors : « Les collégiens, les lycéens, maîtrisent l’usage du smartphone, ils savent naviguer sur les réseaux sociaux, mais ils sont perdus quand ils doivent envoyer une dissertation par email ! »
Elle s’explique par plusieurs facteurs : manque d’équipement, manque de connexion, méconnaissance des usages. Or la dématérialisation des services publics ou de la relation client et de travail, peut vite rendre la vie plus difficile. « En se généralisant brutalement, le télétravail a révélé ce malaise : beaucoup faisaient des visioconférences pour la première fois, et tous n’étaient pas à l’aise », observe Caroline Span.
Les personnes peuvent aussi être plongées dans un cercle vicieux, avec le risque de perdre l’accès à leurs droits et de tomber dans la précarité.
Répondre aux besoins numériques du quotidien
La MedNum propose quatre services.
Solidarité numérique, tout d’abord, qui comprend deux dispositifs : un centre d’appel pour répondre aux besoins du quotidien (relations avec les administrations, cours sur Internet, école à la maison, etc.) et un site Internet avec des tutoriels.
Ce service a été décliné pour les TPE sous le nom de Clic&Connect. En effet, 2,5 millions de TPE sont peu familiarisées avec le numérique, ce qui peut avoir comme conséquence extrême la faillite si l’entreprise n’est plus compétitive et n’utilise pas le numérique comme relais de croissance. « Beaucoup d’entrepreneurs sont en difficulté, ils peuvent faire appel à nos professionnels qui sont formés pour les accompagner et trouver des solutions adaptées à leurs besoins. »
Autre service : l’Indice de fragilité numérique, un portail alimenté par les données d’acteurs publics (INSEE, ARCEP…) et privés, pour géolocaliser les zones d’exclusion numérique du territoire français. Il permet de mieux comprendre les publics, savoir où ils se situent pour ensuite déployer des dispositifs adaptés.
Enfin, un dernier outil, refugies.info, s’adresse aux personnes réfugiées pour faciliter leur intégration en France. Il recense toutes les démarches et dispositifs qui leur sont dédiés : cours de français, emplois, logements.
En 2020, la MedNum a aidé plus de 25000 personnes. Avec un chiffre d’affaires qui a bondi de +400 %, la coopérative est rentable. Elle va proposer de nouveaux services en 2021, et vise une levée de fonds à la fin de l’année. « Notre travail a un impact concret sur la vie des gens, et nos podcasts, diffusés sur le site de la MedNum, en apportent des témoignages très vivants. C’est bon pour le moral ! »
Toutes les activités de la Coopérative nationale des acteurs de la médiation numérique sont ici
Pascal de Rauglaudre