Kering : Le luxe durable comme moteur de transformation

Marie-Claire Daveu, Directrice du Développement durable de Kering, dévoile la stratégie du groupe pour allier luxe et responsabilité environnementale, avec des actions concrètes visant une transition durable et innovante.

 

Entrepreneurs d’avenir : Marie-Claire Daveu, vous êtes depuis 2012 Directrice du Développement durable et des affaires institutionnelles de Kering, groupe de Luxe mondial qui regroupe un ensemble de Maisons emblématiques (Gucci, Saint Laurent, Balenciaga). Dans l’univers du Luxe, Kering est souvent cité comme exemplaire dans sa démarche RSE et dans ses objectifs de transitions. Quelle est votre stratégie générale et comment travaillez-vous avec les différentes Maisons afin de la mettre en œuvre ?

Chez Kering, nous considérons que luxe et développement durable ne font qu’un. C’est une conviction ancrée dans notre ADN. Le PDG du groupe, François-Henri Pinault, a toujours affirmé que la responsabilité environnementale était indissociable d’un modèle de croissance durable.

Nous suivons actuellement une feuille de route à horizon 2025 constituée de trois piliers : environnement, social et innovation durable.

Notre approche est pragmatique : nous concentrons nos actions en priorité là où nos impacts sont les plus importants et nous nous fixons volontairement des objectifs ambitieux.

Concernant nos Maisons, nous les accompagnons chacune au travers d’une coopération quotidienne, avec des outils, des workshops, des calendriers de mise en œuvre, mais aussi des programmes d’approvisionnement plus durable.

Globalement, dans le Groupe, nous sommes concentrés sur des actions concrètes, sur le terrain.

 

Kering s’est notamment engagé à réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble de sa chaîne de valeur d’ici à 2050. Quels sont les dispositifs que vous prévoyez de mettre en place à court et moyen terme pour atteindre cet objectif ambitieux ?

Pour atteindre cette réduction en valeur absolue, nous avons défini trois axes d’action.

D’abord, optimiser la production pour que chaque produit trouve son public, réduisant ainsi les surplus. Cela implique une amélioration continue de la qualité, mais aussi une relation client enrichie de nouvelles expériences : les espaces physiques doivent être aussi des lieux d’interaction et d’innovation.

Nous misons ensuite sur l’utilisation de matières premières issues de l’agriculture régénératrice. Au travers de notre Fonds Régénératif pour la Nature, nous avons pris l’engagement de transformer 5 millions d’hectares d’agriculture conventionnelle en agriculture régénératrice pour les quatre matières premières clés que sont le coton, comme le cuir, la laine ou et le cachemire. Cela va de pair avec l’innovation dans les matériaux circulaires, par exemple en utilisant 100 % de nylon ou de cachemire recyclé.

Enfin, nous avons lancé des initiatives pour explorer de nouveaux modèles économiques. Par exemple, nous avons investi dans des projets collaboratifs pour tester et apprendre. En tant qu’entreprise de dimension internationale, cela nous permet aussi de nous adapter aux spécificités culturelles et aux attentes locales, qui varient énormément d’un marché à l’autre.

 

Kering a développé un Compte de Résultat Environnemental (EP&L), un outil permettant de mesurer et quantifier les impacts environnementaux de ses activités. Comment cet outil fonctionne-t-il et pourquoi et comment souhaitez-vous le partager avec d’autres entreprises ?

Nous avons créé le Compte de Résultat Environnemental – Environmental Profit and Loss account ou EP&L en anglais – il y a maintenant plus de 10 ans.

Cet outil pionnier nous permet de mesurer et de quantifier les impacts environnementaux de nos activités sur l’ensemble de notre chaîne d’approvisionnement, depuis l’origine des matières premières jusqu’à la fin de vie des produits. Grâce à l’EP&L, nous pouvons identifier les programmes prioritaires à mettre en œuvre et nous fixer des objectifs. Entre 2015 et 2021, nous avons ainsi réduit de 40 % notre empreinte environnementale globale, avec quatre ans d’avance.

Dès le départ, nous avons placé la méthodologie de notre EP&L en open source, et aujourd’hui, de nombreuses entreprises, de secteurs très divers, l’ont adaptée et déployée.

Pour nous, commencer à pouvoir mesurer ses impacts est le point de départ de toute stratégie développement durable crédible et robuste.

 

Vous interviendrez à l’Université de la terre le vendredi 14 mars, à l’UNESCO, dans le cadre d’une session dédiée à la transition climatique. Quelles voies ambitieuses et déterminantes devons-nous emprunter pour limiter le réchauffement de la planète ? Dix ans après les Accords de Paris, où en sommes-nous vraiment ?

La prise de conscience environnementale a eu lieu, le constat et les données alarmantes des scientifiques sont désormais globalement partagés et connus de tous – jusqu’au grand public. Pour les entreprises, la mobilisation contre le changement climatique est devenue une obligation tangible et la préservation de la biodiversité une nécessité business. Même s’il reste encore beaucoup à faire, il est important de saluer les avancées qui ont déjà été accomplies par beaucoup d’entreprises.

Pour le Luxe, comme pour tous les secteurs, il s’agit maintenant d’accélérer la mise en œuvre et la mise à plus grande échelle des actions et des innovations – et jouer collectif. Nous ne pourrons pas résoudre seuls les enjeux de notre siècle !

Innover, collaborer, transformer nos modèles économiques : ces impératifs dépassent les choix stratégiques pour devenir des engagements indispensables à la pérennité de nos entreprises et à la protection de la planète.

 

Retrouvez Marie-Claire Daveu à l’Université de la terre les 14 & 15 mars 2025

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