Hugo Biolley : les défis du plus jeune maire de France
Découvrez l'interview d'Hugo Biolley, élu à 18 ans maire de Vinzieux, commune ardéchoise de 452 habitants. Il partage ses motivations, ses projets, et comment il gère les défis en tant que maire - et étudiant !
Entrepreneurs d’avenir : Hugo Biolley, vous avez été élu en 2020 maire de Vinzieux, commune Ardéchoise de 452 habitants. Vous aviez alors 18 ans, cela fait de vous le plus jeune maire de France. Quelles ont été les motivations ou les expériences déterminantes dans votre décision d’entrer en politique ?
Hugo Biolley : Se présenter à des municipales, c’est prendre un engagement et des responsabilités importantes. Ainsi, l’idée est arrivée progressivement dans ma tête avant que je commence à monter une équipe. J’ai souhaité, alors que je n’étais encore que lycéen, faire un certain nombre de stages pour découvrir la vie active. En réalité, j’ai toujours voulu me rendre utile et sortir du contexte scolaire. J’ai pu ainsi découvrir le fonctionnement d’une Mairie, me rendre compte à quel point on se rendait utile en s’occupant à la fois de problèmes du quotidien et en montant des projets et une vision de long terme. C’est cette somme d’envies et d’expériences qui m’a mis le pied à l’étrier.
Quels sont vos principaux objectifs à court et à long terme en tant que maire ? Pouvez-vous citer un de vos projets phares que vous avez initiés en tant que maire ?
Une Mairie, ce sont de nombreux sujets que l’on traite en même temps et qui vont de la gestion quotidienne aux projets de long terme. Je suis particulièrement attaché à administrer efficacement la commune et étant le plus réactif et raisonné possible dans cette gestion des problématiques du quotidien (voirie, voisinage, entretien…). Mais au-delà de cette gestion, je travaille avec toute mon équipe sur l’aménagement du bourg d’une part et sur la vie, le dynamisme et l’interconnaissance dans le village d’autre part. Si je devais ne retenir qu’un projet parmi petits et gros investissements, ce serait la création d’un bar à vin / bar de village. La municipalité a acquis et rénové un bien immobilier en centre-bourg pour permettre l’installation d’un commerce… 50 ans après la fermeture du dernier établissement ! Ce type de projet change totalement la face d’un village.
En quoi votre jeunesse a-t-elle influencé votre approche de la gouvernance locale et les décisions prises pour votre commune ?
C’est une question que je me pose finalement très peu. En effet, je ne sais pas en quoi ma jeunesse m’influence car je ne me considère pas comme un jeune Maire mais comme un élu qui doit donner le meilleur de soi-même pour l’intérêt général. Ainsi, je passe mon temps à travailler mes dossiers, à prendre des avis divers dans un Conseil municipal construit pour être le plus représentatif possible, et parfois à trancher. Mais jamais je ne me pose la question de l’âge au milieu de ce processus.
En tant que jeune maire, comment gérez-vous les éventuelles réticences ou scepticisme des habitants ou des collègues plus expérimentés ?
Des réticences, il y en a eu. En effet, quand je suis arrivé dans ma fonction, tout le monde se demandait ce qu’il pouvait se passer. Aujourd’hui, à force de travail et de projets, je crois que j’ai pu me faire ma place et montrer (peut-être plus qu’un autre) que j’avais la passion, la motivation et les compétences pour administrer une commune. Il m’arrive encore de rencontrer quelques personnes qui ne me prennent pas au sérieux, j’ai l’exemple d’un prestataire qui est venu nous vendre quelque chose et qui n’avait pas compris que j’étais le Maire à la fin de notre heure d’entretien. Mais ces temps sont rares. J’ai commencé en me disant que le Maire devait mieux maîtriser les dossiers que quiconque en Conseil municipal, et je travaille en conséquence.
Vous avez participé au Parlement des Jeunes 2023, dont la session finale se tenait au Conseil Economique Social et Environnemental le 14 décembre dernier. Que vous a apporté cette expérience ?
Être élu, c’est prendre le risque d’avoir la tête dans le guidon, guidé par un flot de projets et problématiques à un rythme soutenu. Cette journée du 14 décembre fut pour moi une de ces respirations où je peux faire un pas de côté et rencontrer de beaux profils, de beaux projets, mais aussi me forger une vision sur de nouveaux sujets.