Gilles Cibert – Hôtel la Pérouse

Gilles Cibert gère La Pérouse à Nantes, l’hôtel le plus écologique de France dans la catégorie des 3 étoiles


Gilles Cibert gère La Pérouse à Nantes, l’hôtel le plus écologique de France dans la catégorie des 3 étoiles


En prenant la gestion de l’hôtel La Pérouse en 2003, Gilles Cibert veut donner plus que des gages de bon accueil et de confort hôtelier aux clients, il souhaite réduire l’empreinte écologique du lieu, tout en restant économiquement viable. En 2007, le bâtiment est éco labellisé,et en 2009, accompagné par l’ONG Natural Step, l’hôtel intègre les enjeux du développement durable dans sa stratégie.

En 2011, vous avez participé à l’expérimentation nationale sur l’affichage des performances environnementales, initié par le Grenelle de l’Environnement. Sur quels critères avez-vous été jugé et quelles sont les actions qui vous ont permis de décrocher la note la plus élevée (4,2/5) parmi les 50 hôtels évalués ?

Nous avons fait réaliser une évaluation de nos impacts par le cabinet Evéa Tourisme sur l’ensemble des postes impactant pour l’environnement, selon un cahier des charges défini dans le cadre de l’expérimentation. Bien que n’ayant pas un bâtiment construit selon des normes HQE, nous avons eu la surprise d’arriver en tête des hôtels les moins impactants. Cette performance s’explique par une analyse méthodique des impacts avec recherche de solutions compatibles, innovantes et aussi par la conception architecturale du bâtiment qui optimise l’espace disponible de façon très efficace (pas de mètres carrés inutiles d’où un excellent rapport Énergie consommée / m²).

En tant que président du Club hôtelier de Nantes, vous lancez le mouvement du « Fairbooking : pour un mode de réservation malin et responsable » : www.fairbooking.fr.
Après l’enjeu environnemental, vous vous engagez dans le volet social du développement durable ?

C’est indissociable et ce qui me motive, c’est d’essayer d’agir à mon niveau pour contribuer à mettre l’économie au service de l’homme. Pour moi, le concept de Développement durable est source d’innovation et d’inspiration car cela nous oblige à porter un regard nouveau sur quelque chose que l’on pense connaître par cœur.

Une étude récente d’In Extenso Deloitte a montré qu’entre 2008 et 2012, les commissions versées par les hôtels aux centrales de réservation en ligne avaient progressé de +30% quand le chiffre d’affaires de l’hôtellerie avait augmenté de 4%. Les Centrales de réservation en ligne sont des outils formidables mais elles profitent de leur position dominante pour imposer des conditions outrancières et déséquilibrées (entre 12 et 30% de commission). L’ambition de FairBooking est de les amener sur le terrain du raisonnable et de remettre en avant l’intérêt du contact direct entre un client et un hôtelier. Le principe est simple : récompenser les clients ayant adhéré au programme FairBooking, d’un bonus d’une valeur de 5 à 10% du prix de la chambre à condition qu’il passe par la réservation en direct. Ce bonus est prélevé sur le montant de la commission qui aurait été versée à un intermédiaire ; l’exemple des AMAP a été pour nous très inspirant.

En 2013, alors que Nantes est élue Capitale verte de l’Europe pour un an et que de nombreux colloques sur le DD sont organisés en ville, pouvez-vous démontrer après dix ans d’activité, que plus une entreprise est responsable, plus elle est économiquement performante ?

J’aimerais pouvoir le démontrer. Mais nous avons à faire face à une situation concurrentielle très particulière à Nantes : hausse de la capacité d’accueil de +47% en 8 ans, ce qui a pour effet de faire baisser les prix du marché de façon brutale et nous place comme ville la moins chère des 20 premières villes de France. Cela dit le Développement durable nous aide à trouver des pistes pour adapter nos coûts de structure à la situation économique et nous aide à garder la tête hors de l’eau peut-être mieux que d’autres. Par exemple, l’achat des céréales de petit déjeuner par sacs de 25kg en bio fait économiser 30% par rapport aux boîtes de 1kg de céréales non bio ! Plutôt que de subir, nous cherchons aussi, par nos actions collectives, à contribuer à l’attractivité du territoire. Ces actions sont le FairBooking, l’étiquetage environnemental, les circuits courts alimentaires, l’innovation durable Linge hôtelier ainsi que le Passeport Vert du Programme des Nations Unies pour L’Environnement que nous avons proposé à la CCI et au Conseil Général de Loire Atlantique et qui va nous permettre de prolonger l’effet Capitale Verte jusqu’en 2015.

Enfin, le 3ème Parlement national des Entrepreneurs d’avenir aura lieu les 5 et 6 novembre prochain au CESE, à Paris. Quels sujets souhaiteriez-vous y voir traités ?

J’ai participé aux deux premiers parlements des Entrepreneurs d’avenir et cela a été chaque fois un moment intense de rencontres et d’espérance ; un lieu pour recharger les batteries du changement et de l’audace. Faites nous rencontrer ceux qui font bouger les lignes, ceux que la crise fait rebondir. Dans des domaines aussi variés que l’éducation, l’économie locale, la mutualisation des moyens, comment mieux travailler entre acteurs privés et publics, y a-t-il un niveau de profit maximum acceptable en RSE ? Y a-t-il une juste rémunération du capital ? Qu’est-ce qu’une échelle de salaire socialement équitable ? Pourrions-nous réfléchir à des repères, des bornes ?

Hôtel la Pérouse

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