Etre responsable, c’est rentable !
Pionnier de l’économie circulaire, le groupe Serge Ferrari a développé de nouveaux procédés de recyclage dès les années 90, qui en font le leader français des membranes composites.
Serge Ferrari est lauréat des trophées du leader responsable.
À partir de 1997-1998, il s’est lancé dans le recyclage de bâches. « Nous avons pris très tôt conscience de l’importance du recyclage, parce que l’impact de nos activités se situe très en amont, au niveau de l’utilisation des matières premières et de la fabrication, explique Romain Ferrari, pdg du groupe Serge Ferrari. Et il n’existait pas de recette miracle, à part le recyclage, qui permet de remettre des matières premières sur le marché. »
Faute de solution immédiatement disponible sur le marché, le groupe Serge Ferrari a dû innover. Il a développé son propre procédé, validé par un premier brevet en 1997, et monté une usine de recyclage pilote, qui n’a été inaugurée que dix ans plus tard, en 2008. « C’est très long ! Il est très difficile de démarrer une usine avec un procédé nouveau comme celui que nous avons développé.
Les innovations de rupture sont toujours plus chères et pas immédiatement rentables, poursuit Romain Ferrari. Mais l’avantage c’est qu’aujourd’hui nous avons un temps d’avance par rapport à nos concurrents et cette activité de recyclage nous différencie franchement sur les marchés. Nous n’avons pas attendu 2010 pour nous intéresser à l’économie circulaire ! » Aujourd’hui l’usine tourne très bien et l’entreprise est rentable.
Corriger les défaillances de marché
Mais il reste du chemin pour convaincre toujours plus de consommateurs de choisir des produits responsables. Dans cette optique, Romain Ferrari a créé la Fondation 2019 pour, explique-t-il, « corriger les défaillances de marché ». « Quand vous créez une performance, en proposant un produit de qualité, utile, sans impact pour l’environnement et que sa valeur n’est pas reconnue sur le marché, il y a défaillance : le marché échoue à calculer l’optimum entre le bien-être, l’utilité et le coût consenti. »
Parmi les solutions possibles, la Fondation 2019 travaille sur des instruments économiques. Par exemple la TVA circulaire, qui consiste à diminuer la TVA actuelle sur les produits à plus faible impact environnemental. « Bien sûr, la réduction de cette TVA entraîne un manque à gagner pour les pouvoirs publics, mais elle pourrait être compensée par moins de dépenses publiques, démontre Romain Ferrari. Car les offres responsables engendrent moins d’externalités négatives, et donc moins de coûts à assumer par la collectivité. Cette TVA se justifie donc sans grever les comptes publics. »
La fondation travaille aussi sur d’autres outils qui visent à redonner de la marge au producteur pour qu’il produise de façon responsable, et du pouvoir d’achat au consommateur pour qu’il se tourne vers des offres responsables. Une autre façon, selon Romain Ferrari, de corriger les défaillances du marché.
SERGE FERRARI
Texte Pascal de Rauglaudre