Laure Clerget, championne de l’économie circulaire dans l’Aube

Nous découvrons dans cet article les engagements de cette entrepreneure d'avenir à travers ARTEMISE (Société auboise de traitements de sources lumineuses) et sa start-up MAAT Data (application mobile de géolocalisation de points de collecte des déchets).

 

ARTEMISE (Aube Recyclage et Traitement d’Eléments Mercuriels Issus de Sources d’Eclairage) est une société auboise dont l’activité principale est la collecte et le traitement de sources lumineuses. Vous êtes le leader en France du recyclage des tubes néon et lampes à économies d’énergie. Comment pilotez-vous vos engagements sociétaux et écologiques ?

Laure CLERGET : Nous sommes effectivement leader français en matière de recyclage des tubes néon. Au sujet de nos engagements environnementaux, nous sommes une installation classée pour la protection de l’environnement, puisque nous traitons plus de 2500 tonnes de déchets dangereux annuellement. En effet, les tubes et les lampes contiennent du mercure qui est un métaux lourd dangereux pour l’homme et pour l’environnement. C’est pourquoi nous sommes soumis à des contraintes de traitement de ces déchets.

Pour assurer nos engagements environnementaux, nous sommes également certifiés « Weeelabex ». C’est un standard européen qui récompense les meilleures techniques disponibles en traitement de déchets électriques et électroniques.

Notre usine est unique en France et en Europe puisque nous avons développé un site avec un haut niveau de protection des opérateurs, les salariés ne travaillant pas en présence des machines et matériaux dangereux. De plus, nous avons séparé tout le processus industriel derrière un mur en parpaing qui protègent davantage nos opérateurs des vapeurs de mercure qui se dégagent lors du broyage des tubes et des lampes. À chaque poste de travail nous avons une sonde d’analyse du mercure, qui nous permet de mesurer en continu le taux de présence de celui-ci. Cela nous permet d’être certain qu’il n’y ait pas de dépassement de la valeur limite d’exposition.

Je suis très engagée à l’échelle locale puisque je préside le Club d’Ecologie Industrielle de l’Aube. C’est une association qui réunit une trentaine d’industriels aubois et qui a pour vocation que les déchets des uns soient des ressources ou des éléments de production pour les autres.

En effet, ces rebuts peuvent en économie circulaire servir à une autre unité de production à l’échelle du territoire. Comme exemple récent, il existe à Troyes un site Michelin qui produit du noir de carbone en rebuts. Grâce au Club d’Ecologie Industrielle de l’Aube, ce noir de carbone a pu servir à un fabricant de bacs à douche qui en avait besoin pour les colorer. C’est un parfait exemple de réutilisation et réemploi de déchets à une échelle territoriale.

Au niveau de l’entreprise, nous avons de de forts engagements RSE comme l’inclusion et l’insertion professionnelle. Nous travaillons énormément en immersion avec l’aide de Pôle Emploi. Nous intégrons dans les lignes de tri des personnes très éloignées de l’emploi en organisant 4 à 5 immersions d’une durée d’une à deux semaines par an. Cela nous permet tester leurs capacités à travailler sur les lignes de tri et avec nos équipes, et potentiellement de pouvoir leur proposer un emploi pérenne par la suite (CDD ou CDI).

Vous êtes directrice d’usine, comment amener les femmes à diriger des entreprises industrielles qui sont encore trop peu nombreuses ?

Par les formations dans les écoles de commerce et les écoles d’ingénieurs. Il faut dépasser certains dogmes et biais psychologiques qui empêchent l’accès à cet univers. Pour moi, l’industrie, c’est de l’humain avant tout. En tant que directrice d’usine, je suis accompagnée sur le site d’un responsable technique et d’un responsable de production pour manager les aspects plus techniques.

Vous avez également lancé une start-up MAAT DATA orientée BtoC, en quoi consiste-t-elle et quelles sont les prochaines étapes ?

Effectivement, c’est important que l’on en parle au niveau d’Entrepreneurs d’avenir, car c’est une entreprise à impact. L’objectif est de changer le regard que les Français ont sur leurs déchets. Nous voulons créer une application mobile grand public et gratuite qui recensera tous les points de collecte et donc les lieux de dépose pour tous les déchets, les lieux de réemploi et de réutilisation.

En effet, nous sommes partis de l’étude de CITEO en nous rendant compte que le consommateur ne connait pas tous les points de collecte. Nous voulons donc sensibiliser mais également communiquer l’information sur les déchetteries, sur ce qu’on peut mettre dans les sacs jaunes ou non, sur les points de collecte grâce à l’intelligence artificielle que nous avons développée.

Comment ça marche ? L’utilisateur prend en photo l’objet ou le déchet (canapé, frigo, piles, batterie…) dont il souhaite se séparer via l’application mobile. L’intelligence artificielle utilisée par MAAT DATA se charge de reconnaître l’objet en question et d’indiquer les lieux de dépose ou de réemploi autour de lui.

C’est une application que nous voulons ludique, sous forme de jeu. Nous pourrons cumuler des points qui seront convertibles dans des surfaces de vente en bon de réduction. Nous allons d’ailleurs la tester auprès d’un grand groupe de distribution à l’échelle de 150 magasins en Île-de-France et dans l’Aube.

Par la suite, il y aura nécessité de développer aussi une application pour les professionnels. L’ambition donc à plus long terme sera de développer dans un second temps un « MAAT DATA pro ». Mais l’application que nous allons lancer à l’échelle nationale en septembre 2022 est pour le consommateur, en lien avec les surfaces de vente et avec des magasins comme Boulanger et toutes les grands JSA qui existent.

 

MAAT DATA

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