ECOVEGETAL : Silence ça pousse sur nos toits et parkings

Pierre Georgel, le fondateur d’ECOVEGETAL, nous partage son parcours, depuis ses débuts jusqu'à devenir un acteur majeur de la végétalisation. Avec cinq sites en France et 130 employés, l'approche innovante d'ECOVEGETAL favorise le cycle naturel de l'eau, le développement de la biodiversité et prolonge la durée de vie des infrastructures.

 

Entrepreneurs d’avenir : Dans un premier temps, pourriez-vous nous décrire les observations qui vous ont conduites à créer ECOVEGETAL, ainsi que vos activités ?

Pierre Georgel : C’est un cheminement de vie qui m’a conduit à créer ECOVEGETAL. Lorsque j’étais plus jeune, mon père a acheté le terrain du voisin avec un toit en tôles ondulées que je voyais depuis ma chambre et que je ne trouvais pas beau. J’ai pris l’initiative de le végétaliser avec les 2000 francs que j’avais gagnés lors d’un stage en horticulture. J’ai mis un feutre sur les tôles ondulées en fibres ciment, puis j’ai implanté 104 plantes alpines dans un substrat retenu par des rondins que j’ai coupé dans la forêt. Malheureusement, au bout de 6 mois, il ne restait que 34 plantes. J’ai tout de même continué d’apprendre à travers mes observations.

Par la suite, j’ai entrepris des études à l’École du Paysage de Versailles tout en poursuivant des projets, comme la végétalisation des toitures du groupe Cora en Belgique.

En 1984, je réalise mon premier parking végétalisé à Angers, qui existe toujours. J’ai ensuite créé la première dalle alvéolaire, suivi de la dalle pré engazonnée.

En 1998, l’une des toitures végétalisées que j’avais faite installer s’est envolée. L’entreprise par laquelle je suis passée pour le tapis cultivé m’avait pourtant assuré l’auto-lestage du dispositif. Je me suis alors associé avec Francis Pelletier agriculteur, et nous avons créé ECOVEGETAL afin d’assurer la production et la qualité de nos services de A à Z.

Depuis sa création, ECOVEGETAL a deux métiers principaux : les parkings perméables et les toitures végétalisées. Malgré des débuts difficiles, car la demande n’était pas encore présente sur le marché, nous avons aujourd’hui 5 sites en France et 130 salariés. Chez ECOVEGETAL, nous produisons nos substrats et nous pré cultivons nos dalles. Ces dernières années, nous avons étendu nos activités aux sols drainants pour le secteur équestre. L’enjeu majeur de nos métiers est la gestion de l’eau à la parcelle.

Quels sont les avantages écologiques et environnementaux de la végétalisation des toitures et des parkings ? En quoi cette pratique contribue-t-elle à la pérennité du bâtiment ?

Pendant longtemps, nous avons cherché à nous débarrasser de l’eau à toute vitesse. Etanchéifier les toits, imperméabiliser les sols, installer des gouttières … Ces dispositifs font qu’aujourd’hui une goutte d’eau qui tombe à Paris atterrit dans la Manche en à peine 48h. L’eau a longtemps été perçue comme un ennemi de la construction, ce qui nous a poussé à la chasser des villes. Notre approche chez ECOVEGETAL est de favoriser le cycle naturel de l’eau. Nos dispositifs permettent de gérer les eaux pluviales à la parcelle en totalité : soit en la stockant (ce qui permet de rafraîchir l’air à travers l’évaporation et l’évapotranspiration), soit en favorisant son infiltration pour réalimenter les nappes phréatiques et donc réinstaurer un cycle naturel de l’eau.

Les toitures végétalisées ont de nombreux avantages :

  • Doubler ou tripler la durée de vie d’une toiture en améliorant son étanchéité ;
  • Conserver la chaleur quand il fait froid ;
  • Développer la biodiversité et la nature en ville ;
  • Favoriser le déplacement de certaines espèces ;
  • Capter les bruits ;
  • Capter les poussières ;
  • Nettoyer certaines pollutions de l’air (comme les hydrocarbures relargués par les avions qui sont dégradés par les microorganismes du substrat) ;

Les parkings végétalisés perméables permettent une épuration naturelle de l’eau, avec 69 des polluants organiques ou métaux lourds qui sont retenus et dégradés, le captage des métaux lourds par le substrat évite leur lessivage jusque dans les nappes phréatiques. Un parking perméable permet d’éviter l’installation et l’entretien d’un séparateur d’hydrocarbures servant à traiter les huiles de surfaces.

Pouvez-vous nous parler des défis spécifiques liés à la végétalisation (contraintes techniques et/ou réglementaires) ?

D’un point de vue réglementaire il y a énormément de choses qui vont dans le bon sens.

Avec des confrères nous avons créé l’Association des Toitures et Façades Végétales qui s’est associée à la Chambre Syndicale Française de l’Etanchéité en 2002 pour créer les règles professionnelles de la végétalisation.

Notre défi principal est la pérennité. Nos parkings sont garantis 50 ans et nos toitures 20 ans si nous faisons l’entretien.

Pour la gestion des eaux pluviales, l’évolution de nos algorithmes nous permet d’avoir des valeurs de plus en plus précises sur nos installations, ce qui nous laisse penser que nous allons être en mesure d’augmenter les volumes d’eau gérés grâce à des calculs hydrologiques précis sur l’eau retenue, l’eau infiltrée et l’eau évaporée (suivant les substrats et les conditions du projet).

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de projets réalisés par ECOVEGETAL qui ont eu un impact significatif sur l’environnement local ou sur la qualité de vie des usagers ?

Pour la biodiversité, nous avons élaboré un projet de végétalisation sur les toits du centre commercial The Village à Villefontaine de plus de 20 000 M2, à côté de Lyon. Avec seulement 15 à 20 cm de substrat, nous avons observé le développement de beaucoup de plantes locales qui se sont installées par semis. On observe, en termes de faune, des oiseaux qui viennent s’installer et nidifier sur ces toits. De plus, le parking du centre est lui aussi végétalisé, ce qui nous a valu des bons retours de la part des clients.

Nous avons également développé un toit avec un potager urbain pour l’institut culinaire Le Cordon Bleu à Paris. Depuis 10 ans, on cultive ce potager et on met à disposition des légumes pour les étudiants. La surface est de 1000 m2, et 30 cm de substrat. Nous avons travaillé longuement sur le développement du substrat en faisant des tests gustatifs avec des chefs cuisinier, jusqu’à obtenir les goûts les plus satisfaisants. Les bacs permettent de retenir environ 50 litres d’eau au mètre carré et donc de diminuer les besoins en irrigation par deux. Le substrat est réalimenté par remontée capillaire.

Comme dernier exemple, les ombrières photovoltaïques se développent sur les parkings des centres commerciaux. Nous pouvons associer à ces dernières, des systèmes perméables minéraux permettant d’infiltrer l’eau des allées et celle qui tombe sur les ombrières, et c’est très efficace.

Quelles sont vos aspirations pour l’entreprise à moyen et long terme ? Y a-t-il des domaines d’expansion ou d’innovation que vous envisagez ?

Notre défi principal est de développer le plus possible les toitures et les parkings végétalisés. L’imperméabilisation des sols se poursuit, et nous nous attachons à lutter contre ce phénomène pour rendre nos villes plus perméables, laissant la place à l’eau de suivre son cycle naturel.

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