Dites à l’Avenir que nous arrivons

Comment rendre nos esprits plus mobiles pour faire en sorte que demain soit tout simplement mieux : le dernier livre de Mathieu Baudin, directeur de l’Institut des Futurs Souhaitables, est un cri d’espoir bourré d’énergie positive.

 

Comment se débarrasser des oripeaux du monde ancien, qui s’achève sous nos yeux, pour mieux revêtir ceux du monde qui doit advenir ? Dans son dernier ouvrage, « Dites à l’avenir que nous arrivons », Mathieu Baudin, à la fois historien, prospectiviste et directeur de l’Institut des Futurs souhaitables, offre un mode d’emploi.

Bourré d’énergie positive, ce livre prend le contre-pied des marchands de dystopies, collapsologues et autres effondristes. Non, la fin du monde n’est pas proche, seulement celle de l’ancien monde, marqué par l’obsolescence et la croissance infinie. Non, l’inéluctable n’est pas certain : il ne dépend que de nous de ne pas nous laisser entraîner dans le chaos.

Comme il l’écrit en introduction, « l’âge de pierre ne s’est pas arrêté faute de pierres, ni celui de la marine à voile par manque de vent. » Une façon de souligner que la créativité est une ressource illimitée à portée de main pour qui a le désir de l’utiliser. Avec ce livre, Mathieu Baudin veut insuffler à ses lecteurs la volonté nécessaire pour bâtir ce monde nouveau.

Une école de la réinvention

Fort de son expérience à la tête de l’Institut des futurs souhaitables (IFs en raccourci, en hommage au célèbre poème de Rudyard Kipling), Mathieu Baudin décrypte avec un art consommé de la formule la métamorphose des membres de l’IFs en porteurs d’innovation, qui chaque jour imaginent et construisent « ces morceaux d’autres futurs qu’ils inventent ».

L’IFs, véritable « école de la réinvention » qui s’est donné pour mission « d’ouvrir les futurs pour libérer le présent », a développé des activités inédites dont l’une des plus disruptantes est la Lab Session, « alchimie mêlant attitude, format, diversité, manière de faire et esthétique ». Au cours de cette formation en prospective, une quinzaine de jours étalés sur six mois, une vingtaine d’étudiants redécouvrent le désir d’action en explorant l’espace-temps d’une génération, entre aujourd’hui et 2040. Cette date est à la fois suffisamment lointaine pour imaginer un futur différent, et suffisamment proche pour qu’ils aient l’espoir de la vivre.

Uchronies du futur

À la fin du livre, Mathieu Baudin se livre au jeu de l’uchronie, qui consiste à modifier une variable pour imaginer des trajectoires totalement divergentes. Mais là où certains auteurs ont écrit des uchronies du passé, par exemple ce qui se serait passé si Adolf Hitler avait réussi l’école des Beaux-Arts de Vienne, lui s’adonne à un autre type d’uchronie, celle du futur : il se projette dans 20 ou 30 ans et tente de se remémorer les étapes qu’il a traversées pour y arriver. Une façon « d’éclairer le présent à la lumière de ce qui pourrait être ».

Examinant les grands défis auxquels l’humanité sera confrontée dans les années à venir (effondrement de la biodiversité, insécurité alimentaire, changement climatique, transition énergétique, illibéralisme, crises sanitaires), Mathieu Baudin nous exhorte à changer de regard, à rendre nos esprits plus mobiles pour faire en sorte que demain soit tout simplement mieux.

 

Dites à l’Avenir que nous arrivons, de Mathieu Baudin, Éditions Alisio, 2020, 192 pages. Préface de Joël de Rosnay, postface de Patrick Viveret.

À commander ici

 

Pascal de Rauglaudre

 

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