Des fraisiers au-dessus de nos têtes
Produire des fruits et légumes et du lien social sur les toits de Paris : comment Peas&Love, une nouvelle startup de l’agriculture urbaine, veut réconcilier les Parisiens avec le rythme des saisons.
En 2018, les légumes partent à l’assaut des toits de Paris !
Si vous n’y croyez pas, rendez-vous à l’hôtel Yooma, quai de Grenelle, au cœur du Front de Seine. Sur son toit, 250 bacs de terre attendent les premiers semis.
Ce projet, c’est celui de Jean-Patrick Scheepers, le fondateur de Peas&Love, une startup spécialisée dans l’agriculture urbaine. Après avoir conquis les Bruxellois depuis 3 ans, il s’attaque cette année au marché parisien.
« Avec Peas&Love, nous ne voulons pas seulement nourrir les Parisiens, c’est le côté Peas [pois en anglais], explique-t-il. Nous voulons aussi recréer du lien social en les reconnectant à la nature, c’est le côté Love. Se rapprocher de la nature, c’est bon pour le corps en se nourrissant plus sainement, et aussi pour l’âme en redécouvrant ses rythmes. »
Le principe est celui des fermes potagères. Les habitants du quartier qui veulent s’investir louent une parcelle individuelle de 3 mètres carrés environ pour 38 € par mois. Ils récoltent les légumes, et ils participent aux décisions et aux activités organisées autour du potager urbain : ateliers de cuisine, sensibilisation à l’alimentation saine, etc.
Retrouver la saisonnalité
Mais le retour à la nature n’est pas si simple. « Il faut retrouver la saisonnalité de la production alimentaire, et ce n’est pas évident pour des gens habitués à manger des tomates toute l’année ! » sourit Jean-Patrick.
Pour que les novices ne soient pas complètement largués, un « community farmer », ingénieur agronome, est présent à temps plein. Il plante les semis, dispense ses conseille et accompagne les premiers pas des « urban farmers » dans leur grand retour à la terre.
Pendant un an, Peas&Love a d’abord testé une soixantaine de parcelles : « Nous voulions vérifier que les conditions étaient favorables pour installer une ferme urbaine, en particulier l’ensoleillement, qui est à peu près homogène sur l’ensemble du toit. » Le test s’est révélé concluant. Les 1000 mètres carrés de surface agricole utile peuvent donc accueillir jusqu’à 30 000 plantes, et 150 espèces différentes.
Peut-on vraiment faire pousser n’importe quel légume sur le toit de l’hôtel Yooma ? « Pas tout à fait. J’explique aux ‘urban farmers’ que ce n’est pas forcément intéressant de planter des patates ou des carottes, par exemple. Nous préférons proposer des herbes aromatiques, des salades, des fraises… »
Plusieurs rôles écologiques très utiles
Le jardinage se fait sans pesticides ni engrais chimiques, et l’arrosage par tuyaux goutte à goutte. Les produits sont donc bio et de saison, même si le label bio ne peut s’appliquer à ce type d’agriculture. En 2018, Jean-Patrick envisage de récolter 7,5 tonnes de légumes sur le site, dont une partie est réservée au restaurant de l’hôtel Yooma.
Enfin, en plus de verdir le ciel de Paris, ce jardin suspendu joue plusieurs rôles écologiques très utiles. Il améliore la qualité de l’air, il contribue à rafraîchir le quartier pendant l’été, et il absorbe le trop plein d’eau pluviale de l’immeuble en cas d’orage violent.
Les premiers « urban farmers » sont attendus au début du mois de mai, juste après la première journée portes ouvertes, mardi 1er mai, et l’inauguration est prévue jeudi 3 mai.
Pour tout savoir sur l’agriculture urbaine à la mode Peas&Love
Pascal de Rauglaudre