Les citoyens aspirent à une finance utile
Patrick Sapy, directeur général de FAIR, présente leur ambition et leurs projets pour développer la finance à impact grâce à leur nouvelle structure.
Entrepreneurs d’avenir : En 2021, Finansol devient FAIR avec la fusion entre Finansol et l’Impact Invest Lab, quelle est votre ambition et objectif pour cette nouvelle identité ?
Patrick Sapy : En effet, FAIR est née en juin 2021 de la fusion entre Finansol, acteur historique de la finance solidaire et l’iiLab, laboratoire d’innovation sur l’impact. FAIR aspire à une économie qui replace la personne au centre de son développement et agit, en France et à l’international, pour une finance inclusive au service d’un meilleur impact social et environnemental. Notre ambition est donc toujours la même : faire de la finance à impact social un levier de la transition écologique et solidaire.
Au quotidien, FAIR vise à être un collectif de praticiens exigeants sur la finance à impact social. Pour cela, nous fédérerons les acteurs et les citoyens engagés pour cette finance générant plus d’impact, de transparence et de solidarité ; nous encouragerons et appuierons les meilleures pratiques, l’innovation et le développement de nouveaux outils ; nous communiquerons largement et avec pédagogie auprès du grand public sur cette finance en mettant en avant les projets d’utilité sociale soutenus. Le Label Finansol, une expérience unique en Europe et qui dispose d’un réel capital confiance auprès des épargnants, sera également un des fers de lance de notre stratégie.
Vous êtes partenaire de la Fabrique de la Finance qui traitera cette année de la finance à impact. Quel rôle FAIR jouera dans le développement de cette finance à visée sociale et environnementale ?
C’est justement l’une des raisons qui a guidé notre fusion : la finance solidaire, née dans les années 1980, est une innovation pionnière de l’impact et très spécifique à la France. Cette finance à impact social apporte des réponses aux enjeux d’aujourd’hui et de demain, et nous devons partager des langages communs avec les autres praticiens mondiaux pour permettre son développement.
Pour FAIR, se positionner comme un réseau de place légitime devrait sensiblement faire progresser l’ensemble de notre secteur. Et je le dis souvent : nos meilleurs atouts, ce sont les épargnants qui se mobilisent, les acteurs financiers qui créent des produits et des pratiques nouvelles et surtout les projets et les entreprises dans lesquels cette finance s’incarne. Je suis persuadé que notre collectif sera une illustration forte du monde de demain de par sa diversité, son engagement et son innovation au service de l’intérêt général.
Les français sont-ils de plus en plus concernés et acteurs d’une finance solidaire ?
Les citoyens aspirent à être acteurs du changement social et à réinventer les manières de s’engager. La finance n’échappe pas à ce mouvement de fond : nous assistons clairement à une aspiration citoyenne à aller vers plus de sens. La finance solidaire, c’est une épargne investie directement dans des entreprises à finalité sociétale ou sur des produits financiers qui serviront à financer des projets à forte utilité sociale et environnementale.
Et les chiffres le démontrent : depuis une quinzaine d’années, l’épargne et l’investissement solidaires croissent entre 15 et 20 % par an, soit environ dix fois plus vite que la croissance du PIB. En 2020, l’encours de la finance solidaire a augmenté de 33%, dépassant ainsi les 20 milliards d’euros. Le nombre de souscriptions a également augmenté : 837 000 nouvelles souscriptions, pour un total de 4,4 millions fin 2020. Mais la marge de progression est encore grande : 20 milliards, c’est certes beaucoup d’argent, mais cela ne représente que 0,36% du patrimoine financier des Français.
Quant au financement des projets à impact, observez-vous une croissance des initiatives ?
De nombreux projets ont pu naitre ou se développer grâce à la finance à impact social, et les résultats sont concrets et mesurables. En 2020, ces financements ont permis d’accompagner des personnes en situation de fragilité sociale et physique avec pour effet immédiat la création ou consolidation de 38 480 emplois. 1 421 personnes qui ont pu être logées ou accueillies dans des habitats décents, répondant ainsi aux enjeux de hausse des loyers, d’accès à la propriété de plus en plus difficile, de manque croissant de logements sociaux et de places d’hébergement (EHPAD, …), etc. Une partie du financement a également été investie dans des activités écologiques (agriculture biologique et énergies renouvelables) permettant, notamment, de produire l’équivalent de la consommation d’énergie de 8 372 foyers en France et de mettre à disposition 1 006 hectares d’agriculture biologique, soit l’équivalent de 704 terrains de football. Dernier exemple, en 2020, plus de 50 acteurs du développement ont bénéficié de soutien à l’entrepreneuriat dans les pays en développement.