Corrine Chartier – inTERREface
Corrine Chartier a créé inTERREface, une entreprise de conseil et de formation spécialisée dans le domaine du développement durable et de la responsabilité sociétale des entreprises pour penser " le monde autrement".
Corrine Chartier a créé inTERREface, une entreprise de conseil et de formation spécialisée dans le domaine du développement durable et de la responsabilité sociétale des entreprises pour « penser le monde autrement ».
Pour réaliser son projet de changer la manière de voir le monde et ainsi le transformer, inTERREface basé au Havre, tente de rapprocher l’économie sociale et solidaire de l’économie conventionnelle, en s’appuyant sur les 3 piliers du Développement durable et les fondements de la RSE.
Après s’être investie dans la solidarité internationale au travers d’ONG et avoir dirigé la réserve naturelle de l’estuaire de la Seine, donc de s’être occupée des aspects sociétaux et environnementaux du Développement durable, Corrine Chartier et Philippe Henry consultant associé de son cabinet inTERREface, s’intéressent plus spécifiquement à la responsabilité sociétale des entreprises par une approche participative des différentes parties prenantes.
Pourquoi vouloir, à l’image de votre propre parcours professionnel, placer l’Homme et la biodiversité au sein du modèle économique « classique » des entreprises ou organisations que vous accompagnez ?
Ma double formation de géographe anthropologue et d’ingénieur en environnement m’a permis très tôt de comprendre l’interdépendance des multiples dimensions dans lesquelles la communauté humaine évolue : son environnement physique, écologique, socio-économique mais aussi métaphysique. Dans notre monde complexe il est à mon avis nécessaire d’avoir une approche globale, systémique pour trouver un équilibre durable.
C’est également le cas à l’échelle d’une entreprise ou d’une organisation qui, si elle veut s’inscrire durablement dans son environnement et pouvoir compter sur les hommes et les femmes qui contribuent à son activité, tant en interne qu’en externe, doit rechercher un équilibre, une cohésion entre l’ensemble de ses parties prenantes.
Rappelons que l’humain fait partie intégrante de la biodiversité et que toute organisation économique naît de la sphère sociale.
Rencontrez-vous une certaine forme de résistance au changement de la part du capital humain des sociétés qui font appel à vos services? Quels sont les freins les plus récurrents ?
Si elles font appel à nos services, c’est qu’elles ont déjà fait par elles-mêmes un pas de côté.., en tout cas qu’elles pressentent que le système en place n’est pas pérenne et présente des déséquilibres qui à terme leur seront préjudiciables. Ces organisations ou entreprises sont conscientes qu’il est nécessaire de changer mais ne mesurent pas toujours au départ jusqu’à quel point il s’agit en fait d’un véritable changement culturel, d’un changement de paradigme.
Comme il s’agit d’une prise de conscience et donc de convictions fortes, au sein d’une entreprise, c’est au plus haut niveau de la hiérarchie que l’impulsion doit être donnée.
Au sein des collaborateurs qui seront ensuite sensibilisés et associés à la démarche, on pourra rencontrer des personnes déjà convaincues et en général volontaires pour faire avancer les projets, et d’autres encore septiques sur la nécessité voire les intentions de ces changements ; mais généralement, si on joue la carte du participatif et du collaboratif dès le début de l’accompagnement, les freins disparaissent assez naturellement lorsque des changements s’opèrent rapidement et concrètement pour l’intérêt général. Cela revisite cependant le dialogue social traditionnel, tout changement nécessite de bien en expliciter le sens et de donner envie.
Quelle spécificité aurait le modèle économique de l’entreprise sociale et solidaire, qui ferait défaut à l’entreprise dite conventionnelle ?
En fait, je pense plutôt que l’entreprise sociale et solidaire a autant à apporter à l’entreprise conventionnelle (notamment sur le plan des finalités) que l’entreprise conventionnelle à l’entreprise sociale et solidaire (notamment en matière de performance économique). Nous militons pour une entreprise globalement performante (sur les plans économique, social et environnemental) et responsable vis-à-vis de la société dans laquelle elle prospère. Une entreprise au service des Hommes doit avoir pour finalité la réponse à un besoin de la société, le profit lui est un moyen de pérenniser et d’améliorer cette réponse.
Enfin, Le 3ème Parlement national des Entrepreneurs d’avenir aura lieu les 5 et 6 novembre prochain à Paris. Quel sujet souhaiteriez-vous y voir traité ?
Comme nous nous préoccupons de l’avenir, je pense que l’enjeu actuel pour les Entrepreneurs d’avenir est de promouvoir nos valeurs auprès des créateurs d’entreprise, des porteurs de projet afin qu’ils intègrent dès leur création les enjeux de notre société et leur donner envie d’entreprendre autrement pour changer le monde. Pour cela la collaboration avec l’ensemble des acteurs de la création d’entreprise est essentielle.