Comment soutenir la création d’emploi par les PME
Les PME sont le principal moteur de la création d’emploi, malgré un accès plus difficile aux ressources humaines et financières. La solution : il faut plus d’investissements dans les compétences et l’innovation, démontre une nouvelle étude de l’OCDE qui porte sur 36 pays.
Qui a été le moteur principal de la création d’emploi des dernières années ? Les Petites et moyennes entreprises (PME), en particulier quand elles sont nouvelles, et dans des secteurs à forte croissance comme les technologies de l’information et de la communication (TIC).
Mais il y a un revers à cette médaille, pointé très clairement par un nouveau rapport de l’OCDE, Perspectives sur les PME et l’entrepreneuriat : ces emplois tout neufs ont été créés dans des secteurs où les niveaux de productivité sont inférieurs à la moyenne. Pour une raison simple : les salariés des PME sont en général payés 20 % de moins que ceux des grandes entreprises.
C’est un fait, les PME sont souvent plus innovantes que les grandes entreprises, que ce soit au point de vue de leur gouvernance, de leurs techniques commerciales, ou du développement de produits et services.
Mais elles ne disposent pas des mêmes moyens pour affronter la complexité croissante des technologies et de marchés : le rapport ne manque pas de souligner la forte dépendance des PME à leur écosystème économique et au contexte politique. Une fragilité que ne connaissent pas les grandes entreprises.
Pour réaliser la première édition de cette étude, l’OCDE s’est appuyée sur une grande quantité de données, dont beaucoup inédites, sur les performances et la stratégie des PME de 36 pays. Elle offre aux décideurs politiques de nouveaux outils d’analyse comparative, ainsi que des éléments de bonnes pratiques pour les aider à optimiser leurs politiques nationales en faveur des PME et de l’entrepreneuriat.
Plusieurs défis majeurs
L’étude pointe un certain nombre de défis majeurs, dont voici trois exemples.
Tout d’abord, même si les écarts de salaires entre PME exportatrices et grandes entreprises sont moindres, les premières sont davantage affectées par les obstacles tarifaires. Avec les tensions commerciales récentes entre grandes zones économiques, comment ces PME vont-elles continuer à tirer profit de la mondialisation ?
Par ailleurs, les PME ont du mal à combiner différents types d’innovation. Leur taille reste un frein quand elles doivent accéder à des ressources stratégiques, telles que compétences, moyens financiers et connaissances. Pour un quart des PME européennes, par exemple, le plus grand problème est le manque de personnel expérimenté. Et en 2018, moins d’un quart des PME des pays de l’OCDE ont pu former leurs collaborateurs aux nouvelles technologies.
Enfin, si la transformation digitale décuple les potentialités de gains de productivité, les écarts avec les grandes entreprises sont là encore importants. En 2016, la moitié seulement des PME de l’OCDE ont investi dans des services dématérialisés.
Digitalisation à marche forcée
Face à ces défis, les gouvernements ne sont pas restés inactifs. Dans les 36 pays passés au crible par l’OCDE, ils se sont attachés à faciliter la diffusion des innovations auprès des PME, pour faire en sorte qu’elles puissent suivre le rythme de la transformation digitale. Ils ont encouragé les PME à développer leurs compétences et à leurs réseaux d’innovation, entre autres politiques de soutien à l’entrepreneuriat.
Malgré ces efforts réels, la complexité des procédures règlementaires reste un obstacle majeur pour les PME. Et le rythme des réformes dans des domaines essentiels à leur développement, comme les régimes d’insolvabilité et l’application du droit de la concurrence, s’est beaucoup ralenti ces dernières années.
Il n’est que temps, plaide l’étude de l’OCDE, de mettre en place une gouvernance plus efficace entre États, régions et villes, pour aider les PME et les entrepreneurs à créer plus d’emplois en comblant leur déficit de productivité.
Le rapport complet sur le site de l’OCDE
Pascal de Rauglaudre