Christophe Lemaire: « Comment la permaentreprise guide la transformation éco-responsable de mon entreprise. »
Christophe Lemaire partage la transition de Bastien Tissages vers un modèle durable, axé sur la réduction des déchets, l'économie de fonctionnalité et la relocalisation du chanvre. Un engagement fort pour l'écologie dans son parcours entrepreneurial.
Entrepreneurs d’avenir : Comment en êtes-vous venu à la permaentreprise ?
Christophe Lemaire : Je suis tombé sur le livre de Sylvain Breuzard, La Permaentreprise. Il m’a tout de suite parlé parce que je pratique à mon faible niveau la permaculture, dans mon jardin. La permaentreprise s’appuie sur les trois principes éthiques de la permaculture : prendre soin des humains, préserver la planète, se fixer de limites et partager équitablement les richesses. Je l’ai immédiatement identifiée comme un modèle économique du futur pour bien assumer la transition écologique.
Quelles ont été les étapes de votre transformation ?
La première étape consiste à écrire la raison d’être de votre entreprise. Cela éclaire votre cheminement. Vous savez pourquoi vous vous levez le matin. Il s’agit ensuite de définir les enjeux stratégiques et les enjeux écologiques en font évidemment partie. Chez Bastien Tissages, nous avons 8 enjeux stratégiques et il y en a un qui, justement consiste à réduire notre impact et à contribuer à l’écosystème local en développant des filières nobles, en l’occurrence pour nous, le chanvre et bientôt l’ortie.
Comment cela se traduit-il concrètement ?
Si je me concentre sur le principe éthique de préserver l’environnement, la première chose à faire c’est de générer le moins possible de déchets. Les quelques déchets que nous générons, nous les mettons dans des filières de recyclage, voire dans des filières de circularité pour leur donner en encore plus de valeur ajoutée.
Nous sommes aussi passés à l’économie de la fonctionnalité : dans ce cas de figure, nous louons les toiles plutôt de de les vendre, nous les récupérons et nous leur redonnons une seconde vie, c’est qu’on appelle de l’upcycling.
Nous avons fait aussi l’acquisition de 6 hectares de terrain agricole, à proximité, dans lesquels nous avons planté du chanvre pour pouvoir de plus en plus travailler sur des matières naturelles et non plus des matières synthétiques. Les matériaux biosourcés sont des matériaux vivants et il faut s’acclimater pour les passer sur les lignes de fabrication, réintégrer des savoir-faire qu’on avait un peu perdu.
Nous voulons être un acteur de la relocalisation du chanvre, parce que le chanvre est une fibre naturelle sans déchet, tout est utilisé dans le chanvre : la fibre pour fabriquer du fil et le reste pour fabriquer des isolants. Le chanvre est aussi positif pour l’environnement : très bonne séquestration de CO2 dans le sol, pas besoin d’implants. De plus, en remettant des haies, nous allons faire revenir de la biodiversité. Finalement, nous apportons à la nature plus que ce que nous consommons. C’est ça le principe de la visée régénérative et de la permaentreprise !
Nous avons déjà réalisé 2 bilans carbone qui ont montré que nous avions un impact d’environnement 60 tonnes sur notre exploitation. Nous avons 6 hectares de chanvre qui nous font capter 90 tonnes de CO2. Faites le calcul, nous sommes même dans le positif.
Néanmoins nous continuons à baisser notre impact. Nous avons un projet d’extension de l’usine qui répond aux enjeux climatiques puisque nous n’allons pas consommer d’énergie et en plus, ce sera une usine robuste qui va pouvoir faire face à tous les aléas.
Ce projet d’extension s’inscrit donc complètement dans la transition écologique. Nous aurons une perma-usine au service de la bioéconomie !
Qu’est-ce qui vous motive à ce point pour sans cesse améliorer vos process vers plus de décarbonation ?
Les chefs d’entreprises doivent faire face à de multiples problématiques en ce moment. On parle de “polycrise”. Dans ce contexte, le modèle de permaentreprise est un gouvernail. Nous chefs d’entreprise, devons gérer l’entreprise avec notre cerveau et de plus en plus aussi avec notre cœur, parce qu’il y a tellement de choses à faire qu’il faut que ça vienne de l’intérieur. Il faut avoir des convictions, sans cela on ne peut pas y arriver.
Allez-y foncez, créez votre futur désirable : ça fait tellement de bien et on en a tellement besoin !
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