Chez Norsys, la Nature prend un siège au conseil d’administration

NORSYS innove en attribuant un droit de vote à la nature dans son conseil d'administration, plaçant l'environnement au cœur de ses décisions stratégiques pour une soutenabilité à long terme. Un modèle pionnier conciliant économie et écologie.

 

Entrepreneurs d’avenir : Le groupe NORSYS, entreprise de Services Numériques, vient d’attribuer à la nature un siège et un droit de vote au sein de son conseil d’administration, et devient ainsi la première entreprise en Europe à donner à la nature cette place. Comment cela sera concrètement mis en place et quels sont les impacts attendus en termes de gouvernance du groupe ?

Norsys : Norsys a en effet décidé de donner à la nature la place essentielle qui lui revient : celle d’une partie constituante à mettre au cœur de la gouvernance pour l’avènement d’un futur vivable. Concrètement, cette nouvelle gouvernance s’organise autour de trois grandes décisions.

L’entreprise a tout d’abord décidé d’attribuer à la nature un siège au conseil d’administration de l’entreprise, c’est à dire à la table des actionnaires et du pouvoir souverain. Ce siège sera confié à une personnalité externe : Frantz Gault, qui réfléchit à ces nouveaux modèles de gouvernance depuis 2020 et qui vient de publier “La nature au travail” (EPFL). Cette innovation permettra donc au représentant de la nature de disposer d’un droit de vote, et dans certains cas d’un droit de veto, sur tout projet susceptible d’avoir un impact environnemental.

Ensuite, Norsys a décidé de nommer d’autres représentant.es de la nature dans ses différents organes d’influence et de décision : conseil éthique, comité de mission, CSE et comité de pilotage du modèle de permaentreprise. Ces représentants seront réunis au sein d’un Haut Conseil pour la Nature, qui jouera un rôle de coordination, d’influence et d’anticipation au sein du groupe. Co-présidé par Frantz Gault et Thomas Breuzard, ce comité pourra émettre des alertes et avis, recommander des études et faire des propositions au conseil d’administration.

Enfin, toujours dans sa volonté de permettre aux salarié.es d’être impliqué.es dans l’évolution de l’entreprise, Norsys entend élargir le rôle du CSE. Il est notamment prévu de lui donner de nouvelles prérogatives dédiées à la préservation de la nature et un rôle de contrôle des actions menées par le groupe Norsys en matière d’écologie

Vous espérez agir comme modèle pour d’autres entreprises européennes et ailleurs dans le monde. Pensez-vous que le monde économique soir mûr pour cette révolution capitalistique ?

Le monde économique n’est sans doute pas assez mûr, mais planifier, anticiper, plutôt que subir, devient urgent. Et les modalités que l’on propose sont accessibles à toutes les entreprises, sans forcément toucher au capital, comme avec le Haut Conseil pour la Nature !

Il s’agit en réalité d’une nécessité. La moitié du PIB mondial et 72% des entreprises européennes dépendent directement de la nature, comme l’a souligné une récente étude de la Banque Centrale Européenne. Pourtant, ni le monde économique, ni même le monde politique, n’intègrent sérieusement la nature dans leur fonctionnement et dans leur gouvernance.

Les entreprises ont donc un choix à faire : se prendre en main, agir à hauteur des enjeux du 21ème siècle et défendre le principe de soutenabilité forte pour maintenir à un niveau constant le capital naturel ; ou laisser la situation se dégrader, attendre d’hypothétiques futures lois, et se mettre en péril en attendant.

Or l’actualité ne permet pas d’attendre. L’ampleur des dramatiques évènements de Valence, pour ne prendre que cet exemple, nous montre que la nature a un impact majeur, avec des coûts énormes tant pour l’économie que pour l’humain. Elle est donc d’ores et déjà une partie prenante avec laquelle les entreprises doivent composer. Plutôt que de se contenter de la « mesurer », comme nous y invite la CSRD, nous pensons plus utile de l’écouter, de lui donner une voix, d’anticiper les impacts réciproques futurs.

Le groupe est également créateur du modèle de la permaentreprise, qui réinvente le développement de l’entreprise autour d’une dynamique similaire à celle de la permaculture. Quels sont les résultats de ce modèle, et comment fonctionne-t-il concrètement ?

Cette gouvernance est effectivement en ligne droite du modèle de permaentreprise que nous avons créé et déployé depuis quatre ans. Ce modèle de développement s’inspire de la problématique posée par la permaculture : comment survivre dans un monde dont le développement est fondé sur des ressources en voie de disparition ? En inventant un nouveau modèle qui vise à obtenir une production efficace, utile aux humains, sans nuire à la planète, en faisant un usage sobre voire régénératif des ressources et en partageant équitablement les richesses. Bref, un modèle viable pour un futur vivable.

Nous avons donc inscrit au cœur de notre stratégie ces principes et nos résultats sont révélateurs : 3 fois moins de turnover que nos concurrents, 3 fois moins d’émissions de GES, une croissance et une rentabilité stables même en période de crises… Et les dizaines d’entreprises de taille et de secteurs d’activités variés qui ont adopté le modèle permaentreprise témoignent de bénéfices multiples et rapidement tangibles : innovations éthiques, marque employeur singulière et attractive, engagement accru des salarié.es, meilleure efficacité dans le pilotage de la stratégie, convergence du business et de la RSE…

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