Bleu Blanc Cœur : pour une agriculture de qualité et de responsabilité
La santé des hommes est indissociable de celle de l’agriculture et de l’élevage, explique Pierre Weill, président de Bleu Blanc Cœur, qui milite pour une agriculture de qualité.
Depuis 18 ans déjà, l’association Bleu Blanc Cœur s’attache à proposer des produits de qualité issus de l’agriculture française. Pierre Weill, son président, ingénieur agronome et fondateur de Valorex, entreprise spécialisée dans la santé et la nutrition animale, détaille la stratégie de l’association.
Entrepreneurs d’avenir – Comment se mesure l’ampleur de Bleu Blanc Cœur aujourd’hui ?
Pierre Weill – L’association compte 800 membres, tous des acteurs économiques, entreprises, distributeurs, coopératives d’agriculteurs, associations professionnelles… Ces 800 membres se répartissent en une dizaine de collèges qui couvrent l’ensemble de la chaîne alimentaire : production végétale, nutrition animale, production animale, producteurs fermiers, transformateurs, distributeurs, restaurateurs, consommateurs, médecins, scientifiques. Bleu Blanc Cœur compte enfin un conseil scientifique ainsi que des comités techniques et une commission environnement.
À quoi les membres de Bleu Blanc Cœur s’engagent-ils en adhérant à l’association ?
Ils doivent respecter une vingtaine de cahiers des charges, comme pour l’agriculture bio ou le label rouge. Avec une différence majeure : là où le bio et le label rouge n’exigent qu’une obligation de moyens, Bleu Blanc Cœur impose aussi une obligation de résultats. C’est le seul moyen de garantir une traçabilité totale.
En quoi consiste cette obligation de résultat ?
Les adhérents doivent prouver que leurs produits contiennent une certaine teneur en Oméga 3, en Oméga 6 ou en graisses saturées. Cette teneur est fonction de l’alimentation des animaux. Par exemple, celle d’un œuf dépend de la façon dont la poule a été nourrie : régime unique à base de soja et de maïs ; ou au contraire alimentation variée qui contient aussi des graines de lin et des légumineuses. Pour les animaux comme pour les hommes, le régime le plus naturel est le plus varié, et il garantit aussi une meilleure santé : c’est le message que nous voulons faire passer avec Bleu Blanc Cœur.
Quels moyens mettez-vous en œuvre pour vous assurer que les engagements sont tenus ?
Les produits et les process sont régulièrement audités chez les adhérents par un organisme tiers indépendant. Par ailleurs les adhérents sont tenus de conserver tous les documents écrits qui prouvent la qualité de leur production. Nous effectuons aussi des contrôles sur les produits tout au long de la chaîne alimentaire pour nous assurer de leur adéquation au cahier des charges.
Le mot bio apparaît très peu dans votre communication. Ce n’est pas une préoccupation pour vous ?
Bien sûr, les agriculteurs bio font un travail pionnier exceptionnel. Ils montrent qu’une autre agriculture est possible et nous partageons entièrement leurs valeurs. Comme eux, nous sommes contre les pesticides et les OGM. D’ailleurs 10 % des produits Bleu Blanc Cœur sont des produits bio. Mais s’il s’agit de faire venir des produits bio de l’autre bout du monde, nous sommes plus réservés. Bleu Blanc Cœur n’est pas un signe de qualité supérieure par rapport au bio ou à Label rouge, il a simplement pour objectif de faire monter le niveau de l’agriculture française.
Ce n’est pas compatible avec une démarche bio ?
Ce n’est pas le problème. Pour nous, le bio reste encore élitiste, il s’adresse à une petite partie de la population qui a les moyens de s’approvisionner en bio. Or Bleu Blanc Cœur a pour baseline ‘On a tous le droit de bien manger’. C’est un slogan fort. Une semaine de production de porc Bleu Blanc Cœur, c’est un an de porc bio. Aujourd’hui, 9 % des porcs français et 15% des œufs en plein air sont produits sous cahier des charges BBC. Nous avons à cœur d’augmenter la qualité des produits pour tout le monde.
Où en êtes-vous du développement de Bleu Blanc Cœur dans le monde ?
Bleu Blanc Cœur véhicule l’image de l’agriculture française, même si nous n’avons rien à voir avec Bleu Blanc Rouge ! À l’étranger, l’image du French Paradox, cette bonne santé que nous affichons malgré un régime riche en matières grasses et en alcool, fonctionne encore bien. Elle nous aide à nous faire connaître. Bleu Blanc Cœur est présent dans une trentaine de pays, en Europe, au Canada, en Israël, en Tunisie, au Maroc, et jusqu’au Brésil et en Indonésie. L’association est très active au Japon, et l’on y produit même du bœuf de Kobé Bleu Blanc Cœur !
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Texte Pascal de Rauglaudre