Au-delà du PIB : objectif bien-être en Nord-Pas-de-Calais
La région Nord Pas de Calais n’a pas attendu les résultats de la commission Stiglitz pour s’interroger sur la meilleure façon de mesurer la richesse du territoire. Depuis 2003, avec le projet « Indicateurs 21 », le Conseil régional élabore et teste de nouveaux indicateurs qui aujourd’hui font école.
« C’est en travaillant sur l’Agenda 21 et le SRADT (Schéma Régional d’Aménagement et de Développement du Territoire), que nous avons ressenti le besoin de mettre en place des indicateurs permettant de mesurer plus justement le développement régional », explique Grégory Marlier, chargé de mission à la Direction du Développement Durable, de la Prospective et de l’Evaluation (D2DPE) de la Région Nord Pas de Calais. L’objectif ? Acquérir une vision multidimensionnelle et temporelle du développement, permettant de « mieux connaître l’environnement dans lequel les politiques seront menées ».
Un travail qui s’est fait par étapes. En 2003, avec Jean Gadrey, calcul de l’empreinte écologique, puis adaptation au contexte local de l’IDH (Indice de Développement Humain), conçu à l’origine pour les pays en voie de développement. « Le recours à l’IDH nous a montré que le Nord Pas de Calais avait dix ans de retard sur le reste de la France », souligne le statisticien. Fin 2006, la D2DPE charge Florence Jany-Catrice, chercheuse à Lille 1, de travailler sur le BIP40, le baromètre des inégalités sociales, qui intègre des données sur la justice, l’éducation, le logement, la santé, les revenus et l’emploi. « Cet instrument a été soumis à un groupe de travail réunissant pour la première fois des institutions comme la Banque de France et des associations de terrain telles que Droit au logement ».
Dans la foulée, Florence Jany-Catrice élabore un nouvel outil : l’Indicateur de Santé Sociale (ISS), qui reprend en les affinant les grandes dimensions du BIP40, leur adjoignant notamment une mesure du lien social. Calculé sur l’année 2004 pour toutes les régions de France, il place impitoyablement le Nord Pas de Calais en 22ème position.
Concrètement, cette nouvelle batterie d’indicateurs a largement inspiré la définition de la politique de transport par voies douces ou de la nouvelle charte d’égalité hommes-femmes. Le projet « Indicateurs 21 » entre aujourd’hui dans une nouvelle phase, avec la création d’un Forum hybride permanent, permettant aux chercheurs, élus, experts et citoyens de débattre ensemble sur les choix de développement (transports, habitat, formation, etc.).