Alternative 2030, plan d’action pour une frugalité numérique
Grands ou petits, les équipements numériques ont un impact colossal sur l’environnement. Mais ce n’est pas une fatalité. Olivier Maréchal a développé Alternative 2030 avec son équipe, une méthode pour convaincre ses clients de passer au numérique responsable. Il témoigne.
« À OM Conseil, nous avons tourné le dos au modèle de management pyramidal, qui fait perdre beaucoup d’idées et d’énergie, et opté pour la sociocratie, une démarche d’innovation basée sur la confiance et le droit à l’erreur. Dans ce modèle de gouvernance partagée, un être humain égale une voix, un peu comme la démocratie participative.
Le fonctionnement sociocratique repose sur des « espaces temps » dédiés au pilotage par les tensions, pour travailler sur les irritants de l’entreprise. Il met en place un cadre de sécurité en instaurant un vrai droit à l’erreur, comme un jeu de société qui libère la parole tout en réduisant les egos.
Au cours d’un de ces « espaces temps », il y a quatre ans, nous avions évoqué l’impact de nos activités sur la planète. Notre métier historique, c’est le conseil en systèmes d’information et la digitalisation des organisations. Mais il épuise les ressources de la planète et rend malade, avec des syndromes comme les burnouts et l’addiction aux écrans. Très plombant au niveau énergétique individuel…
Nous nous sommes dit qu’il était temps d’aider nos clients à travailler sur leur relation aux outils, avec bon sens et pragmatisme. Et c’est ainsi que l’idée d’Alternative 2030 est née !
Les bonnes idées ne s’appliquent pas toujours du jour au lendemain, et rien ne s’est passé pendant deux ans. Mais nous avions planté des graines, et elles ont poussé. Chacun dans son coin a fait de la veille, en s’abonnant à des magazines, à des newsletter sur l’humanisme, le vivant, la santé, l’éducation alternative.
Ce n’est qu’en 2017 que nous avons formalisé Alternative 2030 sous la forme d’un plan d’action. Nous avons pris des ingénieurs en stage avec une mission : analyser la consommation énergétique de notre système d’information, et définir des indicateurs transposables chez nos clients.
Sauf qu’éteindre les écrans et couper les switches, c’est bien, mais c’est négligeable par rapport à l’impact de la fabrication. Un switch moderne consomme autant qu’un radiateur de 1000 Watts, mais un appareil neuf, ordinateur, serveur, routeur, tablette, smartphone, coûte beaucoup plus cher en matières premières, en ressources en eau et en émissions de gaz à effet de serre.
Il faut donc faire perdurer le matériel, recycler, bref, lutter contre l’obsolescence programmée. Concrètement pour notre business model, ça signifie limiter les nouveaux produits, prolonger au maximum la durée d’utilisation des équipements, développer des logiciels de façon plus efficace. Certains matériels peuvent fonctionner pendant vingt ans : pourquoi les changer tous les trois ans ?
Sur nos factures, nous avons ajouté un petit signe vert qui indique le bilan énergétique réel d’un équipement pour sensibiliser nos clients aux économies d’énergie.
L’année dernière, nous avons ajouté à notre offre standard un nouveau service : un audit du numérique responsable. Nous nous sommes aussi rapprochés de collectifs existants, comme l’Institut du numérique responsable et le Global Compact France, qui attribue des certificats de bonne conduite.
Et cette année, nous avons développé avec un client un atelier de sensibilisation au numérique responsable, une sorte de jeu basé sur des règles simples, qui connaît un succès fou. C’est dire s’il répond à un besoin !
Pour finir, je voudrais rappeler un point essentiel. Si l’organisation est mal foutue, si les équipes qui travaillent au quotidien avec les machines ne sont pas accompagnées dans le changement de paradigme, les démarches ont toutes les chances de rater – les échecs de la plupart des gros projets de CRM sont là pour le prouver.
S’engager à réduire l’impact d’un système d’information sur l’environnement et la santé, ça implique aussi de régler les problèmes d’organisation. »
Le projet Alternative 2030 est présenté ici
Pascal de Rauglaudre