À l’école de l’éco-citoyenneté

Depuis septembre dernier, l’Autre école, fondée par Lionel Sayag, a ouvert ses portes à Boulogne-Billancourt. Son ambition : transformer la société. Sa méthode : une pédagogie alternative. Décryptage.

 

Comment améliorer la société ? Vaste interrogation, qui taraude depuis longtemps Lionel Sayag. Après avoir bourlingué quelques temps autour du monde, il en est revenu avec une conviction forte : pour transformer la société, il faut rompre avec les mécanismes de pensée qui nous sont inculqués dès notre plus jeune âge. « Toutes les problématiques actuelles peuvent être résolues par l’éducation, soutient-il. En agissant dès l’enfance on peut changer la société en une ou deux générations. »

Il a donc jugé que sa contribution à l’amélioration de la société prendrait la forme d’une école, l’Autre école, qui a connu sa première rentrée en septembre dernier à Boulogne-Billancourt.

Cette école d’un nouveau genre contient quatre entités. Tout d’abord une école primaire bilingue innovante pour les enfants de 3 à 11 ans. S’inspirant des pédagogies alternatives, Montessori, Freinet, Steiner, des neurosciences et d’autres écoles innovantes de Scandinavie, de Singapour, et de Californie, elle propose une pédagogie plus complète. « Le socle commun reste celui de l’Éducation nationale, et nous y ajoutons des compétences socio-émotionnelles, ainsi qu’un système de valeurs engagé autour de la collaboration, de l’éco-citoyenneté, et de la solidarité. Nous transmettons aussi aux enfants des méta-compétences, à travers la confiance en soi, le développement du sens critique… »

Une école pour les parents

Autre entité : une after school, où sont développés la sensibilité artistique et l’engagement civique. Elle offre un échantillon d’activités variées : théâtre en anglais, yoga, cuisine, méditation, création musicale, ateliers autour de l’expérimentation scientifique. « Nous proposons même du coding sans écran, à partir de matériel en bois. »

L’Autre école a aussi lancé une école pour les parents, le soir, où sont proposés des enseignements autour de la parentalité et le développement personnel. « Les parents ont envie de s’impliquer. Nous les réunissons régulièrement pour coconstruire le projet de l’école et les faire participer aux activités, comme le potager. Ils sont d’ailleurs libres de venir tous les matins et de participer aux jeux des enfants, c’est un bon temps d’échange. »

Enfin, l’école du lien, un lieu ouvert le week-end pour des ateliers inter-générationnels. Il vise à recréer du lien social, via des mini-communautés ouvertes et inclusives, en s’appuyant sur des associations de quartier. « J’étais marqué par cette citation : ‘Il faut tout un village pour éduquer un enfant’. À l’Autre école, on applique le même principe : créer une communauté autour de l’éducation des enfants sur un territoire. »

Éviter l’élitisme

Pour éviter le piège de l’élitisme, l’école a mis en place un système de péréquation interne, avec huit tranches de tarifs (de 350 à 10 700 € par an). Les parents paient en fonction de leurs revenus, et les plus favorisés paient pour les moins favorisés.

Dès cette rentrée, l’Autre école accueille une cinquantaine d’élèves, de huit à dix nationalités. Les élèves sont répartis en trois classes et huit niveaux, soit un taux d’encadrement d’un enseignant pour douze enfants. À terme, l’école vise la centaine d’élèves. « Nous projetons d’ouvrir d’autres établissements en réseau dans les années à venir et de développer notre propre pédagogie en formant d’autres personnes. »

En deux mois, le projet a suscité beaucoup d’engouement et les retours sont très positifs. « Les parents nous envoient régulièrement des mails pour nous remercier. Et nous recevons même des messages hors d’Ile-de-France qui réclame une Autre école dans leur région. Mais il va falloir attendre un peu ! »

 

L’Autre école

 

Pascal de Rauglaudre

 

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