1083 : les secrets d’une réussite made in France
Grâce à sa marque de jeans 1083, il est devenu l’un des hérauts de la renaissance de l’industrie textile made in France. Avec un optimisme rafraîchissant, Thomas Huriez analyse les raisons de son succès dans un nouveau livre manifeste pour la relocalisation de la production.
On le croyait moribond, il bouge encore, et il est même en plein essor. Le marché du textile made in France connaît une renaissance inédite, grâce à une poignée de jeunes entrepreneurs audacieux qui affichent une volonté sans faille de relocalisation de la production de vêtements.
Parmi les hérauts de ce renouveau, Thomas Huriez, fondateur de la marque 1083, milite pour une production locale et raisonnée. En 2007, il ouvrait sa première boutique éco-responsable à Romans-sur-Isère, sa ville d’origine en Dauphiné. Et en 2013 il se lançait dans la fabrication de jeans à base de coton bio.
Cette année, il devrait en avoir vendu 40 000, tous fabriqués en France, pour un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros, et 70 personnes employées. Un beau succès qu’il raconte dans un nouveau livre, Re-made in France, publié cet automne.
Un manifeste pour la relocalisation
Bien plus que le récit d’une aventure entrepreneuriale, ce livre est un manifeste pour la relocalisation de l’industrie en France, qui s’adresse autant aux professionnels qu’aux consommateurs. Thomas Huriez y donne d’ailleurs la parole à des personnalités engagées dans les nouvelles façons de faire du business : Elisabeth Laville, fondatrice du cabinet Utopies, Nicolas Chabanne, fondateur de C’est qui le patron, Guillaume Gibault, créateur du Slip français, Navi Radjou, promoteur de l’innovation frugale…
Mais il ne se pose pas en théoricien de la proximité, bardé de certitudes pour sortir la société française du marasme écologique qui la guette. Au contraire, il se veut pragmatique, et rejette le repli sur soi qui menace les sociétés occidentales ; il constate simplement que « l’époque où les jeunes créateurs d’entreprise rêvaient de conquérir le monde et de le dominer sans partage s’essouffle. »
Le modèle de 1083 repose sur plusieurs principes : mode éthique ; communication transparente ; volonté de faire du vêtement un « medium » ; rejet de la pratique des soldes. Sans oublier l’importance du financement participatif : les cent premiers jeans de la marque ont été financés grâce à une campagne réussie sur le site Ulule, partenaire de longue date de la marque.
Résurrection d’une filière industrielle
Mais l’essence même de l’aventure 1083 reste bien l’exigence de fabrication sur le territoire français. Pour remporter son pari, deux évidences se sont imposées à Thomas Huriez : il fallait miser sur un circuit de distribution court, principalement grâce à Internet, et ressusciter une filière industrielle complète sur le territoire.
Le coton bio est donc filé dans les Vosges, chez Valrupt Industries, puis tissé dans les Vosges et dans la Loire. La confection se fait à l’Atelier de Marseille. Et bientôt l’Atelier 1083 s’installera dans l’ancienne usine Charles Jourdan, au cœur de Romans-sur-Isère.
À travers l’aventure 1083, Thomas Huriez se fait aussi apôtre de l’économie circulaire, en recyclant de vieux jeans. Mais son optimisme n’a rien de naïf. Il s’en prend au greenwashing et au « francolavage », comme le ré-étiquetage en France de vêtements produits ailleurs, dont abuseraient certains acteurs du secteur textile aujourd’hui. La perte de crédibilité qui en découle pénalise toute la filière.
En revanche, si elle est réelle et sincère, conclut Thomas Huriez, « la proximité est le seul moyen de mener l’incontournable révolution qui vient, sans heurts ni divisions. »
Re-Made in France. Un million d’emplois près de chez nous en produisant et en consommant local, de Thomas Huriez, Éditions Dunod, 2019, 190 pages, 16,90 €.
Pascal de Rauglaudre
tres heureux d’avoir pu contribuer à votre succès avec notre artcle publié dan la lettre de l’entreprise 41
http://www.lalettredelentreprise.com/lorigine-france-prend-de-la-valeur/