1,2,3 dehors : lancement d’une mobilisation nationale inédite pour se reconnecter à la nature

Entrepreneurs d’avenir : Au sein de Tous Dehors France, comment agissez-vous au quotidien pour resserrer le lien des citoyens avec la nature ?

Cécile Thueux : Tous Dehors France est une initiative collective, regroupant associations, réseaux et fondations, qui cultive l’ouverture à tous types d’acteurs (petite enfance, sport, santé, enseignement, recherche…), et qui souhaite générer une évolution sociétale majeure : développer la conscience, à tous les niveaux de la société, de l’enjeu de l’interdépendance entre les humains et les autres êtres vivants. Nos membres sont des acteurs de terrain, qui proposent des temps d’immersion, d’exploration, ou d’apprentissage en nature, de 1000 manières différentes. Ce sont être également des chercheurs, qui travaillent à décoder notre lien à la nature, à comprendre comment il peut nous permettre de devenir acteurs d’un futur durable. Nous comptons aussi parmi nous des soutiens institutionnels ou des financeurs de ces acteurs de terrain. Et tous s’accordent à penser que ce sujet du lien à la nature n’est pas suffisamment considéré… notre première mission est donc de partager et d’expliquer en quoi l’expérience de nature est un enjeu de société, un facteur d’inégalité sociale de santé, un levier pour adopter des modes de vies compatibles avec le maintien de nos écosystèmes.

Pourquoi avoir choisi de lancer 1, 2, 3 dehors dans le cadre de l’Université de la terre et comment l’idée a-t-elle émergé ?

Nos vies occidentales sont de plus en plus déconnectées de la réalité physique du monde : les adolescents passent en moyenne 3,5 heures par jour sur les écrans, et il est certain que pour la majorité des adultes c’est beaucoup plus. Parallèlement à cela, notre environnement se dégrade à une vitesse exponentielle : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité et les pollutions multiples (plastiques, PFAS, particules fines…) mettent à mal les conditions de la vie sur terre et donc notre propre santé. La plupart d’entre nous connaissent ces informations, j’imagine que je ne vous apprends rien. L’IPBES (le GIEC de la biodiversité), appelle à des changements transformateurs. Mais il est difficile de changer, même avec les bonnes informations… Si nous savons qu’il est mauvais de fumer ou de manger des produits trop sucrés, pourquoi le faisons-nous toujours ? Si nous savons que nos modes de vies endommagent le climat et la biodiversité, pourquoi avons-nous tant de mal à changer nos habitudes, individuellement et collectivement ? Une partie de la réponse est sans doute notre manque d’attachement à la nature, notre incapacité à percevoir que nous ne sommes qu’une partie de cet écosystème qui rend la vie sur terre possible. Ce constat que nous portons a résonné fortement avec cette session de l’Université de la terre “Nature = futur”. Nous avons eu envie, en collaboration avec les équipes de l’Université de la terre, de développer ce projet pour proposer aux participants de faire entrer la nature dans leur vie, de leur faire prendre conscience qu’elle est là, à leur porte… et peut-être créer un attachement suffisamment fort pour donner envie d’en prendre soin et ainsi protéger la santé humaine !

Le bien-être humain et la préservation de la biodiversité sont des enjeux étroitement liés. Comment l’initiative 1, 2, 3 dehors peut-elle contribuer à créer un lien durable entre l’homme et la nature ?

On peut prendre la métaphore d’une relation amicale avec quelqu’un. Une personne qui vous aura accompagnée depuis votre plus tendre enfance, avec qui vous aurez des contacts réguliers, a plus de chance d’être quelqu’un dont vous vous sentez proche, que vous aurez envie de soutenir, que vous aurez plaisir à retrouver. La nature c’est un peu pareil. Créer un lien c’est possible à tout âge, en commençant par prêter attention au vivant autour de nous, à ressentir des émotions à son contact, et apprendre à se connaître. Les enfants d’aujourd’hui ont de plus en plus souvent peur de marcher pieds nus sur l’herbe, voire de s’y asseoir. Peur des bêtes, de la terre, de la “saleté”. Ils ne sont pas familiers du milieu naturel, il leur paraît hostile, même dans un parc urbain. Comment peut-on se sentir partie d’un écosystème si on n’est en contact qu’avec des objets artificialisés ? Cela vaut même pour l’eau, qui sort d’une bouteille ou d’un robinet, ou les fruits et les légumes qui arrivent tout propres sous plastique. Pour créer le lien, les contacts réguliers sont indispensables. L’initiative 1,2,3 Dehors propose un parcours pour stimuler l’envie et les idées pour créer ces temps “avec la nature”. J’emploie volontairement “avec” parce que ce n’est pas forcément “dans la nature sauvage”, de façon complètement immersive. La nature et la biodiversité existent en ville, il suffit d’y prêter attention.

Qui peut participer à 1, 2, 3 dehors et comment chacun peut-il s’impliquer dans l’initiative ? Très concrètement, quels outils apportez-vous ?

Pour participer, nous vous invitons à porter votre regard sur le vivant qui vous entoure : les arbres, les oiseaux, les insectes, mais aussi la terre, l’eau, le ciel, le soleil, au quotidien. Pour vous aider à intégrer cette routine, vous pouvez vous abonner à l’infolettre, et recevoir une fois par mois des sources d’inspirations et des idées pour faire vivre cette résolution. Nous vous proposons également de télécharger un poster à colorier, qui vous permettra, en fin de journée, de mesurer le temps passé avec la nature… et de vous interroger sur ce qui vous a plu, ce que vous avez ressenti, peut-être tenir un carnet de bord de ces moments.
Vous pourrez être invités en 2027, lors de la prochaine Université de la terre à venir témoigner de ce parcours avec la nature. Qu’en avez-vous pensé, où en êtes-vous, est-ce que ça a changé des choses pour vous ? Nous serons heureux de vous entendre nous raconter, parce que raconter cette expérience, la partager autour de vous fait également partie du dispositif que nous proposons !

Retrouvez Cécile Thueux à l’Université de la terre

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Participez à une Marche du Temps Profond : un voyage de 4,6 milliards d’années en 4,6 km

Nous vous invitons à participez à une expérience unique : la Marche du Temps Profond (Deep Time Walk), le dimanche 16 mars de 14h30 à 18h00 au Parc Floral de Paris.
Cette balade contée vous invite à remonter le fil du temps, parcourant 4,6 kilomètres symbolisant les 4,6 milliards d’années de l’histoire de la Terre. Pas à pas, vous découvrirez les grandes étapes de l’évolution de notre planète, de sa formation jusqu’à l’émergence de la vie et des premières civilisations humaines.