La Croix place les enjeux climatiques et la biodiversité au cœur de son engagement pour 2025
En 2025, La Croix met l’écologie et la biodiversité au centre de sa ligne éditoriale, visant à sensibiliser et informer sur ces défis urgents. Dans cet entretien, Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef, nous dévoile les objectifs de cette initiative et le rôle crucial des médias dans la préservation du vivant.
Entrepreneurs d’avenir : Le journal La Croix, dont vous êtes l’un des rédacteurs en chef, fait de 2025 une année consacrée, dans une approche globale, à la couverture des grands enjeux climatiques et à la préservation de la biodiversité. De quels constats est née cette initiative et quels sont ses objectifs ?
Jean-Christophe Ploquin : Depuis dix ans, l’écologie a été identifiée par la direction de la rédaction comme l’un des axes éditoriaux importants de La Croix. Il y a trois ans, cela a conduit à la création d’un cahier hebdomadaire inséré chaque mercredi dans le quotidien et d’une newsletter également hebdomadaire, tous deux intitulés « Planète ».
Fin 2024, nous avons constaté que nous pouvions aller plus loin, avec l’idée que ces sujets devaient être pris en charge par toute la rédaction et dans toutes les rubriques – « politique », « santé », « éducation », « international », « religion », « culture »…. Pour cela, un « réseau Ecologie » a été constitué avec des représentant(e)s de chaque service. Et quatre experts ont accepté avec enthousiasme de nous rejoindre pour nous accompagner – Valérie Masson-Delmotte, Benjamin Allegrini, Cécile Renouard et Arnaud Gossement.
Cette initiative vise à entretenir un haut niveau d’information sur nos différents supports – l’application, le site, le quotidien et l’hebdomadaire – dans une période où la question écologique est beaucoup moins portée par les responsables politiques nationaux. Notre démarche est volontariste : nous pensons que les défis du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité sont très graves et que les médias ont un rôle important à jouer pour faire circuler les connaissances scientifiques. Et aussi pour mettre en lumière les solutions et les adaptations qui sont mises en œuvre.
Vous impliquez beaucoup vos lecteurs au travers de rencontres et de moments d’échanges avec la rédaction notamment : quelle est l’importance de ce lien, dans un monde où le virtuel prend de plus en plus de place dans notre quotidien ?
Nous comptons sur nos lecteurs et sur les internautes qui nous suivent sur les supports numériques pour nourrir notre travail d’enquête et participer aux débats que nous organiserons. Notre slogan pour cette année 2025 est « Parlons Ecologie », avec l’idée d’en parler davantage, mieux et avec le plus grand nombre. Nous voulons ainsi souligner l’enjeu qualitatif de l’information sur les questions écologiques.
D’une part, ces sujets sont complexes et il est normal que des intérêts et des opinions contradictoires s’expriment face à des réalités parfois difficiles à appréhender. D’autre part, les spécialistes en sciences cognitives alertent sur le fait que le catastrophisme finit par détourner les citoyens de l’information, ou par créer du découragement, du désintérêt.
Nous souhaitons donc travailler sur la manière d’informer. Et nous pourrons profiter du lien historiquement fort que La Croix a toujours souhaité cultiver avec ses lecteurs.
La Croix est partenaire de l’édition des 20 ans de l’Université de la terre, dont le thème central sera « Nature = Futur ». Quel est le rôle à jouer des médias dans la protection du vivant, et pensez-vous qu’il soit aujourd’hui bien rempli ?
Nous sommes heureux et fiers de ce partenariat avec l’Université de la terre, qui s’inscrit dans une trajectoire déjà longue. Les médias sont des médiateurs ! Dans un univers où les nouvelles surgissent dorénavant de toute part et où la désinformation est décuplée par la puissance des plates-formes numériques, ils ont un rôle crucial d’authentification et de hiérarchisation de l’information, mais aussi d’investigation et de pédagogie.
La protection du vivant est assurément un sujet qui doit monter en puissance dans les médias. Les scientifiques parlent d’un processus en cours vers une sixième extinction de masse des espèces. C’est un sujet extrêmement grave. Nos modes de vie et la stabilité du système économique peuvent en être rapidement affectés. L’appauvrissement de la diversité des écosystèmes, l’effondrement des populations de la faune et de la flore auront un impact sur de nombreux secteurs d’activité. Et dans certaines régions du monde, cela conduira à des famines.
Cette situation est encore mal perçue par le grand public. Les médias doivent s’en saisir. La prochaine Conférence des Nations Unies sur les Océans qui se tiendra à Nice du 9 au 13 juin 2025 doit être mise à profit. Quant à La Croix, nous publierons dès la mi-mars, à l’occasion de l’événement de l’Université de la terre à l’Unesco un numéro spécial de notre « Hebdo » sur la beauté et la sauvegarde du vivant.
Les médias doivent travailler la question des représentations et des imaginaires, car pour favoriser la prise de conscience, il faut donner à voir ce que pourrait être un monde plus sobre, et pas juste des adaptations. C’est aussi dans l’ADN de de notre identité chrétienne : la sobriété ouvre à un modèle de société qui préserve des dérives de l’hyperconsommation et d’une fascination technologique équivoque.
L’année 2025 marquera les 10 ans de l’encyclique du pape Laudato si’ mais aussi les 10 ans des accords de Paris. En quoi cette encyclique est-elle majeure et qu’apporte-t-elle de fort à l’humanité ?
Ces deux anniversaires expliquent pourquoi La Croix a choisi 2025 pour aller plus loin dans le traitement des sujets écologiques. En mai-juin, nous reviendront en effet longuement sur les effets de l’encyclique du pape François ; et en novembre-décembre, nous suivrons attentivement la COP30 au Brésil, qui sera l’occasion d’un bilan international dix ans après les accords de Paris.
Laudato si’ a eu une très grande résonnance en 2015 car elle faisait, d’une manière nouvelle pour le catholicisme, le lien entre l’avenir de l’humanité et la sauvegarde de l’environnement. A la croisée de la doctrine et de la spiritualité, le pape François explique que la terre, « notre maison commune », est « comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts » ; que notre corps est lui-même constitué des éléments de la planète ; que l’air de notre système terrestre « nous donne le souffle ». Or cette terre, maltraitée et saccagée, « pleure », et ses gémissements rejoignent ceux de tous les laissés-pour-compte dans le monde. Ce qui conduit le pape à plaider pour une « conversion écologique ».
Dix ans plus tard, ce grand texte a essaimé. Et beaucoup, pas seulement chez les catholiques, inscrivent l’engagement écologique dans une dimension spirituelle renouvelée. Ce sera l’un de nos sujets d’enquête au printemps prochain !
Retrouvez La Croix à l’Université de la terre les 14 & 15 mars 2025
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