Novo Nordisk France : rencontre privilégiée avec Étienne Tichit
Novo Nordisk, le géant pharmaceutique danois pionnier en matière de transition écologique incarne dans son secteur l’innovation et l’engagement au service de la santé. Entretien avec Étienne Tichit, Corporate Vice-Président et Directeur Général de Novo Nordisk France.
Entrepreneurs d’avenir : Novo Nordisk est une entreprise pionnière en matière de transition écologique avec pour objectif d’atteindre zéro émission de CO2 d’ici 2045 pour l’ensemble de ses activités. Quelles ont été et quelles seront les grandes étapes pour relever ce défi ?
Etienne Tichit : Depuis plus d’un siècle, notre mission consiste à impulser le changement afin de faire progresser la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques. Nos racines danoises nous motivent à ne pas opposer santé humaine et préservation de la planète et nous faisons de notre mieux pour minimiser l’impact environnemental de nos activités. Plus que jamais, nous avons conscience de l’urgence : en raison de la progression alarmante des maladies dites cardiométaboliques telles que diabète et obésité, les besoins médicaux ne cessent de croître. Et l’urgence climatique fait désormais partie de notre quotidien. Nous innovons pour que nos process de Recherche et Développement comme nos process de production consomment moins de ressources. Depuis 2020, l’ensemble de nos sites de production fonctionnent à partir de 100% d’énergies renouvelables. Prochaines étapes : décarboner l’ensemble de nos activités en aidant nos fournisseurs, tout en étant force de proposition pour résoudre une question complexe : celle de la fin de vie de nos produits de santé avec en particulier l’enjeu de réduire notre empreinte plastique.
Vous avez, Etienne Tichit, été mandaté pour conduire la feuille de route de décarbonation de la filière des industries de santé en France. Pouvez-vous nous dire où en est ce chantier et quelles sont les prochaines étapes ?
Le secteur de la santé a un fort impact environnemental : il représente, d’après le Shift Project, 8% des émissions de gaz à effet de serre de la France. La Direction Générale des Entreprises et le Conseil National de l’Industrie ont confié à la Fédération Française des Industries de Santé (FEFIS) le soin de mettre en place une feuille de décarbonation de la filière santé. J’ai été choisi pour porter cette feuille de route à la fois pour la filière pharmaceutique et celle des dispositifs et technologies de santé. Avec l’implication des entreprises interrogées et des associations professionnelles, nous avons réalisé un état des lieux et identifié les leviers potentiels pour décarboner le secteur pharmaceutique. Ainsi, fin 2023, 15 recommandations ont été élaborées pour structurer la démarche et engager ou accélérer l’engagement des acteurs industriels.
Concernant les dispositifs et technologies de santé, le travail est en cours. L’un des enjeux majeurs pour ce second volet de la feuille de route est la décarbonation de l’usage.
En décembre 2022, vous avez lancé le programme de récupération et de recyclage de vos stylos injecteurs d’insuline, une première en France. Avez-vous déjà pu en tirer des enseignements ?
Même si le bilan définitif complet sera établi à l’issue du programme en 2027, ce programme nous enseigne qu’il faut du temps pour installer de nouvelles habitudes. Plus de 760 pharmacies participent au programme au sein des 4 régions pilotes (Hauts de France, Ile de France, Centre Val de Loire et Normandie) dans lesquelles il est déployé et plus de 15 000 stylos ont été collectés. Ce programme concrétise notre volonté d’exercer notre responsabilité sur la question de la fin de vie de nos stylos. Et il permet de leur donner une seconde vie en devenant des chaises et des lampes.
En novembre 2023, vous avez annoncé un investissement record en France : 2,1 milliards sur votre site de production implanté à Chartres. Comment concilier augmentation de votre production et maîtrise de votre empreinte environnementale, et quels sont vos projets pour l’avenir ?
Seul site de production européen en dehors du Danemark, Chartres n’a cessé d’évoluer depuis sa création en 1961 pour répondre à ce double enjeu. Nous devons effectivement augmenter nos capacités de production pour servir plus de patients dans le monde tout en opérant notre transition environnementale. Nous allons doubler la superficie du site de Chartres et ainsi renforcer considérablement l’ensemble de ses activités. Dans le futur, ce site pourra produire d’autres médicaments injectables, notamment dans l’obésité. L’impact environnemental de cet ambitieux projet d’extension est maitrisé avec le respect de la charte chantier propre et l’installation future d’une plateforme d’utilité verte ou encore de panneaux solaires. L’une de nos avancées concrètes est aussi les économies d’eau qui ont pu être réalisées grâce à une réflexion des process pour optimiser les consommations.
Novo Nordisk est aussi une entreprise atypique car détenue par une fondation actionnaire, un modèle de participation permettant de faire converger les intérêts économiques, en jouant le rôle d’actionnaire, et philanthropiques, en soutenant des projets d’intérêt général. Qu’est-ce que cela change pour l’entreprise ?
Outre la stabilité de l’entreprise et sa protection contre les aléas des marchés financiers, ce modèle garantit la pérennité des activités de recherche et développement de l’entreprise.
En parallèle, la Novo Nordisk Fonden a ses propres priorités et soutient des programmes de recherche sur des sujets déconnectés des domaines thérapeutiques de prédilection de l’entreprise. Par exemple, elle finance des programmes visant à mieux se préparer aux futures pandémies ou encore sur l’antibiorésistance, la prévention et la lutte contre les maladies infectieuses. La fondation intervient également sur des projets de transition écologique, d’intelligence artificielle, ou encore visant à repenser les modes de production pour une offre alimentaire plus saine et consommant moins de ressources. En 2023, grâce à la fondation, 1.2 milliards d’euros ont été alloués à la recherche, 751 projets ont été soutenus et plus de 4 300 publications ont été signées par des scientifiques aidés par Novo Nordisk Fonden.