Hundreds sonde les jeunesses en difficulté et le monde du travail
Entreprise à impact social, Hundreds développe un outil d'engagement citoyen et de transformation sociale : des enquêtes sur le terrain, au plus près des parties prenantes concernées. Leur mission ? Comprendre la société pour l'améliorer concrètement.
Entrepreneurs d’avenir : Hundreds est une entreprise à impact social qui réalise des enquêtes sociologiques à grande échelle, pour écouter, comprendre et faire comprendre les enjeux de société. Pouvez-vous nous parler de la genèse d’Hundreds et de ses missions ?
Yasmina Sahed et Philippe Ramirez : Hundreds est né il y a deux ans de notre désir profond de créer un outil d’engagement citoyen et de transformation sociale. Depuis longtemps, nous voulions fonder une entreprise à impact social. Et nous avons rapidement réalisé que pour construire une société meilleure, nous devions d’abord comprendre notre société.
Les médias traditionnels ont échoué à expliquer les enjeux sociaux, laissant place aux fake news et à la défiance. Les communautés s’isolent les unes des autres et les réseaux sociaux ne font qu’amplifier ce problème. Face à cette réalité, nous avons décidé de créer un outil ambitieux : des enquêtes de terrain à grande échelle sur tous les enjeux majeurs de notre société.
Ainsi, nous allons sur le terrain, à la rencontre des personnes directement concernées, pour recueillir leurs points de vue, leurs vécus et leurs expériences. Ensuite, en suivant les méthodes rigoureuses de la sociologie, nous analysons ces données afin de les expliquer, de les décrypter et de les mettre en perspective. Notre objectif est clair : susciter le désir d’agir et fournir des clés concrètes pour passer à l’action.
Nous croyons en la puissance des enquêtes sociologiques pour transformer notre société. Nous donnons une voix aux personnes qui sont souvent exclues des débats publics. Nous sommes déterminés à combler le fossé entre les différentes communautés et à favoriser des dialogues constructifs.
Hundreds est bien plus qu’une entreprise. C’est un engagement, une mission. Nous avons créé cet outil pour comprendre notre société, pour agir en connaissance de cause.
Comment vos études démarquent-elles de celles de vos concurrents ?
Nous ne considérons pas réellement avoir de concurrents. En fait, nous serions ravis que d’autres se lancent dans la même démarche que nous, car les sujets d’étude et les problèmes à résoudre ne manquent pas.
Ce qui nous distingue, c’est avant tout notre approche écosystémique. Nous nous donnons pour mission d’interroger toutes les parties prenantes d’un problème social donné. Notre objectif n’est pas seulement de relayer les propos des uns et des autres comme le ferait un journaliste, mais plutôt de fournir une analyse globale qui permet de comprendre comment et pourquoi ces différents acteurs interagissent. Nous croisons les regards pour mieux saisir la réalité. Mis à part les laboratoires de recherche universitaires, très peu d’organismes adoptent cette approche.
Notre deuxième spécificité réside dans notre engagement social. Nous ne réalisons pas des études dans le but de mieux vendre un produit, de positionner un service ou de promouvoir un parti politique. Notre objectif est de donner à tous ceux que cela intéresse les moyens de véritablement comprendre les ressorts sociaux de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas, dans le but d’améliorer la société. Notre parti pris consiste à rechercher un impact social positif maximal, tel que défini par les personnes directement concernées, et non par un commanditaire qui pourrait avoir d’autres intérêts.
Enfin, notre troisième spécificité réside dans la façon dont nous présentons nos résultats. Nous nous efforçons de les rendre accessibles et pédagogiques, afin que le plus grand nombre puisse les comprendre et les mettre en application facilement. Nous nous engageons à rendre nos études compréhensibles pour tous.
Votre dernière étude « Les jeunesses en difficulté et le monde du travail : réussir l’inclusion sociale grâce à une meilleure insertion professionnelle » de plus de 200 pages est structurée en une série d’articles illustrés, incluant des infographies, des podcasts et de nombreuses références bibliographiques complémentaires. Quels sont les conclusions de cette étude et quelle sera la suite ?
Avant de partager quelques-unes de nos conclusions, il est essentiel d’expliquer la raison qui nous a poussés à mener cette étude. Aujourd’hui même, en France, entre un million et demi et deux millions de jeunes font face à des difficultés considérables. Ces difficultés englobent des situations de précarité sociale et culturelle, ce sont des jeunes issus de familles elles-mêmes en difficulté, des jeunes vivant en foyer, des jeunes migrants non accompagnés ou encore des jeunes vivant en QPV… Cela se traduit également par une précarité économique marquée, caractérisée par la pauvreté voire l’extrême pauvreté, et l’amplification de problèmes de santé. En outre, ces jeunes font face à une exclusion sociale et culturelle. Ils sont privés de l’accès aux opportunités que chacun considère comme normales.
Notre étude vise à améliorer la réalité de ces jeunes en soutenant les personnes et organisations qui leur viennent déjà en aide, et en encourageant d’autres acteurs à s’engager en leur faveur. Cela inclut les associations, les fondations, les pouvoirs publics et les entreprises qui recrutent. L’enjeu central de l’étude réside dans la promotion de l’inclusion sociale et de la dignité pour chaque jeune en difficulté, en favorisant leur insertion professionnelle réussie.
Les conclusions de notre étude sont multiples, concernant à la fois les jeunes eux-mêmes, les acteurs sociaux, les pouvoirs publics et les entreprises. Nous mettons en évidence les grandes étapes du parcours que doit traverser un jeune issu d’un contexte difficile pour atteindre une situation stable. Nous clarifions les contributions et les rôles des acteurs sociaux impliqués. Nous mettons en évidence les problèmes de collaboration et de gouvernance et donnons des pistes pour les résoudre. Nous soulignons l’action des associations de terrain en mettant en avant leurs réussites collectives. Enfin, nous proposons une nouvelle perspective du rôle des entreprises afin qu’elles s’impliquent davantage dans des actions sociales en concertation avec tous les acteurs engagés.
Notre étude fournit des solutions concrètes pour favoriser une meilleure collaboration et une plus grande coopération entre tous les acteurs, dans l’intérêt des jeunes concernés.
Quelles sont vos perspectives d’évolution et de développement et quels seront vos prochains thèmes de travail ?
Dans l’immédiat, nous cadrons, à la demande nos clients, des expérimentations sur le terrain de mise en application des résultats de notre étude. Notre modèle économique repose sur la vente de nos études ainsi que sur l’accompagnement de leur mise en application. Hundreds est une entreprise sociale et solidaire, en accompagnant nos clients nous mesurons ensemble les impacts de nos actions. C’est ce qui est extraordinaire : leur victoire est aussi notre victoire !
Bien entendu, Hundreds est une jeune entreprise, nous devons développer notre réseau, nous sommes donc toujours à la recherche de nouveaux partenaires intéressés par nos travaux. Après cette étude, nous envisageons de nous intéresser à d’autres sujets en adoptant la même approche écosystémique. Pour cela, nous prévoyons aussi de lancer une campagne de financement participatif.
Concernant nos prochains thèmes de travail, nous n’avons pas encore pris de décision définitive. Après l’étude sur la jeunesse en difficulté nous envisageons un changement complet d’orientation en nous plongeant dans l’univers des artistes engagés. Nous pourrions explorer comment leur vision, leur créativité et leur influence peuvent être des moteurs de changement dans la société. Cependant, nous pourrions tout aussi bien décider de nous consacrer à la question des aides à domicile, notamment auprès des personnes âgées. Suivez-nous pour en savoir plus !
Philippe Ramirez et Yasmina Sahed, Cofondateurs de HUNDREDS