Agri-city : Le media de l’agriculture urbaine
Agri-city est un média professionnel mettant en lumière l’agriculture urbaine, une pratique très prometteuse et encore, bien souvent, trop ignorée du monde agricole traditionnel. Selon sa fondatrice, Claire Nioncel, en plus d’avoir une fonction nourricière, ce type d’agriculture se trouve être un véritable liant social.
Entrepreneur d’avenir : Vous êtes fondatrice et rédactrice en cheffe d’Agri-city, un media dédié aux agricultures urbaines. Qu’est-ce qu’Agri-city aujourd’hui ? Qui sont vos principaux lecteurs ?
Claire Nioncel : J’ai créé agri-city.info, média dédié aux agricultures urbaines car l’information était éparse et nous n’avions pas de vision des sujets et des projets dans la durée. J’avais identifié le besoin de mise en relation, d’identification de projets, des acteurs, des travaux de recherche et des analyses d’experts. Il manquait un média professionnel sur le sujet et quand j’ai commencé à m’y intéresser, j’ai compris aussi la complexité de ce sujet, d’approche transverse.
De nombreux entrepreneurs se lancent et il existe beaucoup d’innovations fort intéressantes en termes de high tech, agriculture verticale et nouvelles cultures également, mais aussi de formes d’agriculture plus sobres et respectueuses du vivant.
Mon média s’adresse et parle du privé comme du public, de grands groupes comme de petites structures, de toutes formes de structures et entreprises. Il s’agit d’un média indépendant qui a reçu la reconnaissance de CPPAP de la part du ministère de la Culture et un soutien d’une bourse d’émergence.
Mes lecteurs sont à la fois les acteurs eux-mêmes, mais aussi les villes et collectivités, des aménageurs, bureaux d’études, urbanistes, centres de recherche et de formation et organisations professionnelles…
Nous mettons à jour régulièrement notre annuaire des acteurs et publions un baromètre annuel de l’état de l’agriculture urbaine en France et au-delà.
L’agriculture urbaine connaît un essor dans différentes villes. Quel est son but : nourrir les villes, former ou sensibiliser les citoyens ? Quelles sont les villes les plus innovantes ?
Si l’agriculture urbaine peut parfois être considérée comme un gadget ou “une lubie de bobo en mal de campagne”, on ne peut ignorer son essor et l’intérêt qu’y porte le citoyen, le consommateur et les jeunes générations particulièrement. Je dirais aussi qu’elle devrait être observée avec un grand intérêt par les agriculteurs traditionnels également.
L’ignorer de la part des élus ou du monde agricole serait une erreur. Ce sujet va de pair d’ailleurs avec celui des Projets alimentaires territoriaux et aussi avec les sujets d’aménagement, de logement, de bien-être et beaucoup plus largement, de liens entre les territoires et les habitants.
L’agriculture urbaine établit des ponts, éduque, entretient et crée des espaces comestibles et de biodiversité au sein des villes. La fonction nourricière est importante, mais davantage en péri-urbain, bien sûr. L’acte de production et d’aménagement, à la base de l’agriculture urbaine sert de support à de multiples fonctions et activités.
Dans l’intra-muros, elle agit comme catalyseur de lien social, entre générations, entre locataires, habitants d’une résidence, au sein des écoles ou de différents lieux de vie. Dans les entreprises également, les animations autour d’un potager peuvent créer du lien entre des équipes, des services. On s’échange les bons plan(t)s, des graines ou même des recettes de cuisine, on installe un composteur.
Aujourd’hui il existe différents types de fermes urbaines : des fermes extrêmement high-techs et d’autres, en maraichage, beaucoup plus low-tech. Comment voyez-vous le développement des unes et des autres ?
L’agriculture urbaine, au moins dans son démarrage a souvent besoin de soutiens et d’aides. Après, effectivement, chacun doit trouver son modèle économique pour être pérenne. Rares sont les fermes urbaines qui vivent uniquement de leur production, elles ont une vertu pédagogique, de formation, d’animation et d’entretien de lieu. Elles sont là aussi et surtout pour créer du lien et aménager, entretenir des espaces à l’abandon ou inexploité. Elles peuvent générer des emplois de personnes qui pourront aussi aller renforcer les forces vive de l’agriculture, très largement. Peut-être est-ce grâce à l’agriculture urbaine, que pourront s’inventer de nouvelles façons de produire et travailler avec le vivant. Elle questionne le sujet du foncier, et de notre lien à la nourriture et aussi à notre environnement plus largement. L’agriculture urbaine revient sur les fondamentaux avec les questions du sol, de l’eau, la lumière, l’énergie ; de la gestion des ressources naturelles…
L’agriculture traditionnelle peut s’inspirer de nouvelles technologies apparues avec les contraintes de la ville, la sécurisation de la production, le high-tech, l’intelligence artificielle. Et puis l’aspect pédagogie, savoir-parler de son métier, faire naître de nouvelles vocations, c’est peut-être une des clefs pour l’avenir de l’agriculture.