« C’est l’approvisionnement local qui a sauvé mon entreprise »
Comment tenir le cap quand on dirige une PME familiale en pleine pandémie ? Catherine Guerniou témoigne de son expérience à la tête de la Fenêtrière, une menuiserie du Val-de-Marne. Récemment nommée cheffe de file nationale RSE de la Fédération française du bâtiment, elle revient sur les nouvelles ambitions écologiques et sociétales de la Fédération.
Entrepreneurs d’avenir – Comment avez-vous traversé l’année 2020 ?
Catherine Guerniou – Nous avons fermé pendant un mois complet, jusqu’au 14 avril. La production s’est arrêtée net ! Ce mois de fermeture a été très intense. Il a fallu trouver des masques et du gel hydroalcoolique, préparer un protocole sanitaire, sécuriser les approvisionnements pour pouvoir continuer à produire. Les salariés ont été mis en chômage partiel, mes collaborateurs administratifs en télétravail m’ont aidé à garder un lien avec nos clients, à faire des devis… Nous avons tout mis en œuvre pour relancer l’activité le plus vite possible. L’avantage, c’est que nos matières premières proviennent de France, nous avons donc pu être réapprovisionnés dès l’ouverture.
Avez-vous été inquiète ?
Oui, comme tout le monde ! La dimension humaine compte beaucoup pour nous. J’ai appliqué la méthode 5S de lean management et lancé un groupe Whatsapp de vigilance sanitaire pour échanger quotidiennement avec l’équipe. Nous avons eu la chance d’être médiatisés au 20h de TF1 au début du confinement et à la fin, quand nous avons rouvert l’atelier. Finalement, ça ne s’est pas si mal passé, puisque l’entreprise comptait sept salariés début 2020 et dix à la fin.
En 2020, vous êtes devenue cheffe de file nationale RSE de la Fédération française du bâtiment (FFB). Quels sont les enjeux RSE qui intéressent la FFB ?
Depuis des années, la FFB est engagée dans des programmes de sécurité au travail et de prévention des accidents, avec des acteurs tels que l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP). Elle s’implique aussi dans les territoires, pour accompagner la rénovation et la construction, encourager l’emploi des jeunes en difficulté, etc. Enfin, elle est aussi très concernée par l’environnement : la rénovation énergétique, la gestion de l’eau et du bruit, la gestion des déchets de chantier, etc. Sur ce dernier point, une application très pratique a été mise en place, Déchets de chantier, pour géolocaliser des points de collecte en fonction des déchets à traiter. Nous allons aussi sortir prochainement un outil d’auto-diagnostic, Bâtisseur responsable, pour permettre aux adhérents de la Fédération de progresser et d’explorer de nouvelles voies de la RSE dans leur métier.
Quel jugement portez-vous sur le plan de relance du gouvernement ?
Il faut lui laisser une chance de se faire ! Nous ne sommes qu’au début de la crise, tout va se faire crescendo. J’ai noté la volonté de réindustrialiser et de relocaliser la production. Le préfet du Val-de-Marne a montré lui aussi son attachement au Made in France. J’espère que ça ne sera pas un phénomène de mode. Quand la crise sera passée, il ne faudra pas revenir en arrière, ne plus consommer à outrance en important massivement. Cet engagement devrait se traduire dans les appels d’offre publics, et que les pouvoirs publics acceptent de payer un peu plus pour que nous restions compétitifs.
Quel bilan de l’année 2020 pouvez-vous esquisser pour le secteur du bâtiment ?
Les Français se sont retrouvés enfermés chez eux, ça les a incités à faire des travaux. Et grâce aux aides publiques, le secteur de la rénovation se porte plutôt bien. C’est plus compliqué pour la construction, à cause des retards dans la délivrance des permis de construire. La période est difficile pour tout le monde, l’épidémie a obligé tous les professionnels à repenser leur mode de fonctionnement. Tous les jours nous entendons parler d’initiatives intéressantes, je tiens à rester sur cette note positive !
Tout ce qu’il faut savoir sur La Fenêtrière
Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre