Économie circulaire : « Passons à l’acte ! »
L’économie circulaire sans tergiverser : c’est l’ambition de (Re)set, la nouvelle société fondée par Géraldine Poivert, « amoureuse de l’économie circulaire » après plus de 20 ans passés dans les éco-organismes.
Entrepreneurs d’avenir – Vous avez lancé (Re)set au début de cette année. Que proposez-vous avec cette nouvelle initiative ?
Géraldine Poivert – (Re)set a l’ambition de déclencher des politiques massives de transition vers l’économie circulaire, dans le textile, le packaging, les nouveaux traitements de l’eau, la mobilité douce, grâce à des programmes d’open innovation. Les grands groupes cherchent à innover et à s’adapter, ils sont en quête d’une agilité. (Re)set les aide à passer à l’acte et à sourcer l’innovation, pour qu’ils s’en emparent et la concrétisent.
Comment procédez-vous ?
Nous avons conçu une méthode très structurée autour de l’open-innovation. D’abord nous rassemblons les acteurs de la chaîne de valeurs, car nous partons du principe que nous sommes plus forts à plusieurs pour trouver des solutions. Ensemble, nous identifions les « pain points », les points douloureux qui empêchent la circularité. Puis, nous sourçons l’innovation, qui peut être de toute nature, chimique, technologique, humaine, organisationnelle, de marché, une façon différente de parler au consommateur, une expérience client dans un magasin. Enfin nous allons jusqu’au pilote et à son intégration dans le process d’industrialisation.
Neuf mois après, où en êtes-vous ?
Nous avons déjà lancé deux programmes, le premier sur le packaging sans plastique avec quelques grands noms, Carrefour, Système U, Veolia : avec eux, nous réfléchissons à de nouveaux emballages à base de fibres, imperméabilisés avec des nouveaux coatings. Le second sur l’éco-conception des meubles, avec l’éco-organisme du mobilier. Et depuis le G7, nous travaillons sur un programme d’open innovation pour le tourisme durable, un très beau sujet, car l’impact du tourisme sur l’environnement est immense, il va falloir innover beaucoup pour préserver nos territoires !
Le cadre règlementaire actuel en France vous semble-t-il suffisamment favorable à l’économie circulaire ?
Oui, par rapport à d’autres pays à la législation plus lâche, la France est en avance : nos lois sont solides, elles posent un cadre, mais elles ne peuvent pas tout. Ce qui manque aujourd’hui, je le répète, c’est le passage à l’acte, et c’est pour cette raison que (Re)set existe. Ceci dit, pour pousser les gens à l’action, il faut un signal prix dissuasif : celui du carbone ne l’est pas encore assez pour que les industriels ressentent l’urgente nécessité de transformer leurs pratiques.
Que préconisez-vous ?
Le prix du carbone doit augmenter mais sans confisquer le pouvoir d’achat. Il faut s’y employer en investissant en parallèle sur les solutions sans carbone : nouveaux matériaux, nouvelles mobilités. Les acteurs économiques ont beaucoup plus de pouvoir qu’ils ne le croient. Ils pensent que faire bien coûte plus cher, c’est faux : souvent ils n’ont même pas connaissances des solutions alternatives plus écologiques. J’invite donc les chefs d’entreprise à relever le défi avec nous, je leur garantis de belles surprises.
Quels sont vos objectifs pour l’année à venir ?
Je souhaite que (Re)set grandisse, avec une équipe solide et enthousiaste ! S’il y a bien une chose que j’ai appris dans ma carrière professionnelle, c’est l’importance de l’humain et de l’équipe : à plusieurs on peut relever tous les défis. Nous avons l’ambition de lancer 5 à 6 nouveaux programmes supplémentaires d’ici fin 2020. Je veux aussi développer la dimension internationale de (Re)set, comme nous l’avons déjà initiée au Portugal. Enfin, j’aimerais travailler sur les biodéchets et les micro-plastiques dans l’eau. L’objectif, c’est que le monde devienne circulaire !
Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre
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